Calendrier Maya et Fin du Monde: Pourquoi l'Un ne Justifie pas l'Autre

Article

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 07 juillet 2012
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Le Popol Vuh raconte l'histoire de jumeaux qui se rendirent à Xibalba. Pour les Mayas, leur série d'aventures est une métaphore des cycles intemporels qui se répètent et de la régénération de la terre et de tous les êtres vivants.

Gene S. Stuart, mayaniste

Ces dernières années, il y a eu de nombreux livres, et encore plus de sites web, concernant le calendrier des anciens Mayas et la fin du monde (qui aurait soit-disant dû avoir lieu en décembre 2012). Il n'est pas nécessaire d'énumérer et de populariser davantage ces ouvrages, car on peut les trouver assez facilement. Ils figurent en bonne place dans les sections entièrement consacrées au sujet dans les librairies populaires et même une recherche superficielle sur Internet en révèle une multitude.

Bien que chaque ouvrage et chaque auteur ait son propre parti pris et son propre programme à promouvoir, et offre donc une interprétation différente du calendrier maya, le raisonnement sous-jacent à la croyance en une fin du monde en 2012, du moins tel qu'il est associé au calendrier maya, est le suivant: Le cycle actuel de l'ancien calendrier maya à compte long commence le 11 août 3114 av. JC et se termine le 21 décembre 2012 et, de ce fait, la fin du monde était une certitude.

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Staircase, Pyramid of Kukulcan, Chichen Itza
Escalier, pyramide de Kukulcan, Chichen Itza
Alberto di Colloredo Mels (CC BY-NC-ND)

Pour que le calendrier maya puisse prédire avec précision la fin du monde, il faudrait qu'il commence au début du monde. Les archives archéologiques, géologiques et historiques montrent clairement que le monde est bien plus ancien que le début du calendrier maya qui démarre en 3114 avant notre ère. Les grandes cités de Mésopotamie, telles qu'Akkad et Eridu, avaient déjà atteint leur apogée au moment où le calendrier commence. Les dynasties de l'Égypte ancienne étaient déjà anciennes et les civilisations chinoise et indienne en plein essor. La civilisation de la vallée de l'Indus (c. 7000-c.600 av. JC), par exemple, n'avait pas encore atteint son stade de maturité en 3114 av. JC, mais avait déjà réalisé des avancées significatives.

Les Mayas calculèrent la date de 3114 av. JC comme étant le début du monde, sur la base d'un calendrier antérieur établi par le peuple Mixe-Zoque. Leurs prévisions astronomiques étaient fondées sur des observations minutieuses du ciel, mais elles étaient comprises selon le système de croyances qui régissait leur compréhension du fonctionnement de l'univers, à savoir que le temps était cyclique et non linéaire. À la différence de la conception théologique et cosmologique des trois grandes religions monothéistes, le temps était lui-même une divinité et, en tant que tel, n'avait pas de fin. Il n'y a donc rien dans la cosmologie des Mayas qui suggère la fin de quoi que ce soit, et encore moins la fin du monde.

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Légendes de la transformation

LES LÉGENDES MAYAS TRAITENT RÉGULIÈREMENT DE LA RÉGÉNÉRATION ET DE LA TRANSFORMATION.

Les légendes mayas s'intéressent régulièrement à la régénération et à la transformation. Le mythe de Xtabay raconte la vie de Xkeban, la pécheresse, et d'Utz-Colel, la vertueuse, qui se transforment dans la mort. Xkeban, bien que considérée comme une pécheresse pour avoir eu des relations sexuelles en dehors du mariage, était plus vertueuse que la bien-pensante et froide Utz-Colel et, lorsqu'elle mourut, elle remplit le village d'un doux parfum et des fleurs sauvages exotiques appelées Xtabentun poussèrent sur sa tombe. Rien ne poussa sur la tombe d'Utz-Colel mais elle fut transformée en cactus sans odeur, le Tzacam, et en fleur connue sous le nom de Xtabay qui apparaît également comme une sorte de succube qui trompe les voyageurs sans méfiance, les séduit et les détruit.

La légende de Maquech raconte l'histoire de la princesse Cuzan qui tombe amoureuse d'un homme que son père n'approuve pas. Un chaman transforme l'amant de Cuzan en un insecte qu'elle garde toujours avec elle. Le conte de Nicte Ha suit le même chemin: les amants sont transformés en un bel oiseau rouge et un lotus divin qui vivent éternellement au bord d'un cénote sacré. Le célèbre Popol Vuh, bien sûr, reprend ce même thème.

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Rien dans la littérature, la religion ou les preuves archéologiques ne suggère que le concept de "fin", tel qu'il est compris dans la tradition occidentale judéo-chrétienne, existait dans le monde des Mayas et rien dans le calendrier maya ne soutient une interprétation impliquant la fin du monde. Comme l'atteste l'épigraphe ci-dessus du mayaniste Gene S. Stuart, les Mayas croyaient aux "cycles répétitifs" et leur calendrier reflète cette croyance.

Le calendrier maya

Pour les Mayas, le temps ne se déplaçait pas de manière linéaire du passé vers l'avenir, mais était cyclique, comme l'était la vie de leurs dieux. De la même manière que les dieux des Mayas naissaient, se développaient, pourvoyaient à leurs besoins ainsi qu'à ceux des humains, puis mouraient pour renaître, les années suivaient le même cours. Le calendrier maya contient deux calendriers distincts qui fonctionnent simultanément : le Haab, ou calendrier civil, de 365 jours répartis sur 18 mois de 20 jours chacun, et le Tzolkin, ou calendrier sacré, de 260 jours divisés en trois groupes de mois de 20 jours.

Le Haab et le Tzolkin fonctionnent ensemble, comme les engrenages d'une machine, pour créer ce que l'on appelle la ronde des calendriers, mais ils ne peuvent pas prendre en compte les dates situées plus loin dans le futur que 52 ans. Les Mayas pensaient qu'il fallait 52 ans à un individu pour atteindre la sagesse et la connaissance des mondes visibles et invisibles, c'est pourquoi cette durée fut choisie pour dater les événements de la vie d'une personne, comme les anniversaires.

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Pour les calculs plus longs, les Mayas conçurent ce que l'on appelle le calendrier des comptes longs, qui a suscité une grande attention internationale ces dernières années concernant la fin du monde le 21 décembre 2012. Le calendrier du compte long commence le 11 août 3114 avant notre ère et entre dans son cycle suivant (appelé Baktun) le 21 décembre 2012. Il s'agit simplement d'un changement dans le cycle du calendrier - de la même manière que les gens de l'ère moderne observent la fin d'une année ou la fin d'un siècle - et rien dans les écrits existants des Mayas ne suggère qu'un quelconque cataclysme accompagne cette transition.

The Caracol, Chichen Itza
Le Caracol, Chichen Itza
Daniel Shwen (CC BY-SA)

L'opinion des spécialistes

Aucun spécialiste réputé de la culture maya n'a soutenu l'affirmation selon laquelle la fin du monde aurait lieu le 21 décembre 2012. Le 10 mai 2012, il a été rapporté que l'archéologue William Saturno et l'étudiant Maxwell Chamberlain de l'Université de Boston, qui effectuaient des fouilles sur le site maya de Xultun au Guatemala, ont découvert une pièce de 2 mètres sur 3 datant de l'an 800, qui semble avoir été un atelier de calendrier pour les scribes mayas. Les peintures et les inscriptions sur les murs de la pièce montrent que le calendrier maya s'étendait bien au-delà de l'année 2012 et que les futurs Baktuns étaient considérés comme étant déjà en cours dans la grande danse cyclique du temps.

Selon David Stuart, spécialiste des hiéroglyphes mayas à l'université du Texas à Austin, "le Baktun 14 allait arriver, puis le Baktun 15 et le Baktun 16. ... Le calendrier maya va se poursuivre, et se poursuivre pendant des milliards, des trillions, des octillions d'années dans le futur." Chaque mois des années des calendriers mayas était gouverné par un dieu spécifique et, comme ces dieux étaient éternellement récurrents, ils assuraient la continuité de l'énergie de leur mois particulier et, par extension, des années.

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Énergie et transformation

LES BACABS REFLÈTENT LA VISION CYCLIQUE DES MAYAS ET L'IMPROBABILITÉ QUE CETTE CULTURE PARTICULIÈRE PUISSE CONCEVOIR UN SYSTÈME DE CALENDRIER QUI VISE UNE CERTAINE FIN DU MONDE.

Il y avait quatre divinités spécifiques, connues sous le nom de Porteurs d'Années (les Bacab) qui tenaient les quatre points cardinaux du ciel et imprégnaient une année particulière d'une certaine énergie. Muluc était le Bacab de l'est et ses années étaient toujours positives en énergie. Il était associé à la couleur rouge. Kan était le Bacab du sud, associé au jaune, et apportait également la bonne fortune. Ix, le Bacab du nord était lié à la couleur blanche tandis que Cauac, le Bacab de l'ouest était noir et tous deux apportaient une énergie négative et la mauvaise fortune à l'année.

Les Porteurs des Années changeaient chaque année et la divinité dominante pour ce cycle de mois particulier et les pierres étaient très soigneusement réarrangées sur les statues dans les villages et les villes pour indiquer ce changement. Les Bacab reflètent en outre la vision cyclique des Mayas et l'improbabilité que cette culture particulière ait pu concevoir un système de calendrier visant une certaine fin du monde.

Le temps comme énergie

Les interprétations occidentales du calendrier maya ne sont que cela: occidentales. Dans une telle interprétation, le temps est considéré comme linéaire, et non cyclique, et, qu'un auteur particulier adhère au judaïsme, au christianisme ou à l'islam, il est toujours enclin à considérer le temps tel qu'il a été compris dans les écritures de ces religions. Dans les religions monothéistes occidentales, Dieu est intimement impliqué dans les affaires des êtres humains selon une ligne chronologique droite allant de la création du monde à nos jours. Dans le polythéisme maya, les dieux ont créé le monde et ont ensuite agi davantage comme des guides (et parfois pas très agréables) qui ont rempli certaines fonctions selon leur propre type d'énergie et selon l'énergie qui a traversé un jour ou un mois donné.

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On pensait que la "bonté" se conservait de la même manière que l'énergie en physique, et que les dieux accordaient leur bonté aux mortels en fonction de la quantité de bonté que leur donnaient les êtres humains. Cela ne signifiait pas, et ne signifie toujours pas, que les dieux attendaient de déchaîner une colère finale sur le monde, mais plutôt que l'on recevait ce que l'on donnait, que ce soit individuellement ou en tant que communauté. La relation entre les dieux et les humains était un transfert d'énergie. Les dieux étaient des personnifications des planètes et des influences que ces planètes exerçaient sur les individus. L'éternité n'était donc pas un concept impliquant une vie future au-delà de la terre, mais une réalité de la vie quotidienne pour les Mayas et ils étaient, et sont toujours, convaincus de sa continuité sur la planète terre.

Conclusion

Les entretiens menés par l'auteur avec des gardiens du jour mayas (chamans) sur les sites de Chichen Itza et d'Uxmal ont révélé que le calendrier maya ne prédit en aucun cas une "fin du monde", mais plutôt une nouvelle ère, un nouveau cycle, exactement de la même manière que les gens de l'ère moderne espèrent en un changement, un renouveau et prennent des résolutions pour la nouvelle année. Si l'énergie que les humains envoient vers les dieux est bonne, l'énergie qui leur reviendra le sera aussi. La fin du calendrier maya n'est pas un événement à craindre mais, comme tout nouveau départ, un événement à accueillir et à célébrer comme une occasion d'aller de l'avant.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2012, juillet 07). Calendrier Maya et Fin du Monde: Pourquoi l'Un ne Justifie pas l'Autre [The Maya Calendar and the End of the World: Why the one does not substantiate the other]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-416/calendrier-maya-et-fin-du-monde-pourquoi-lun-ne-ju/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Calendrier Maya et Fin du Monde: Pourquoi l'Un ne Justifie pas l'Autre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 07, 2012. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-416/calendrier-maya-et-fin-du-monde-pourquoi-lun-ne-ju/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Calendrier Maya et Fin du Monde: Pourquoi l'Un ne Justifie pas l'Autre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 07 juil. 2012. Web. 04 oct. 2024.

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