Dieu

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Définition

Rebecca Denova
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 15 novembre 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais, arabe, espagnol, Turc
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The Creation of Adam by Michelangelo (by Alonso de Mendoza, Public Domain)
La Création d'Adam, par Michel-Ange (Chapelle Sixtine, Rome)
Alonso de Mendoza (Public Domain)

Le terme "Dieu" désigne communément l'identité d'un être supérieur dans l'univers au-delà de notre monde, le créateur de toute l'existence connue, qui règne en conjonction avec des degrés inférieurs de divinité (les anges). En grec, theikos ("divin") signifie être semblable à un dieu par ses attributs ou son pouvoir. La théologie est donc l'étude de la nature de Dieu et de sa relation avec les hommes.

Le mot anglais "god" fut utilisé pour la première fois à partir d'un terme allemand utilisé dans le Codex Argenteus du VIe siècle, gudan ("appeler" ou "invoquer" une puissance). Dans les traditions occidentales, "Dieu" est le Dieu du judaïsme, du christianisme et de l'islam. Ces trois religions constituent les trois confessions abrahamiques, car toutes trois affirment que cette divinité s'est révélée à un ancien patriarche, Abraham. Les bibles anglaises distinguent cet être de tous les autres dieux avec un G majuscule.

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Cultures anciennes

Les anciens concepts de l'univers comprenaient les cieux (la demeure des dieux), la terre (le lieu des humains) et le monde souterrain (le lieu des morts). Les dieux pouvaient transcender ces trois niveaux. De nombreuses tribus anciennes désignaient un dieu ou une déesse local(e) comme le fondateur de leur clan. Certaines s'élevaient au concept d'un dieu/déesse supérieur ou d'un roi/reine des dieux, qui régnait sur divers niveaux de pouvoirs dans l'univers.

Le Dieu d'Israël agissait seul, sans consort féminin, par la parole.

Les religions anciennes comportaient également des mythes de création, décrivant la manière dont tout ce qui se trouve dans l'univers fut créé (le plus souvent à partir du chaos) et la formation des premiers humains et de la société humaine. Les mythes validaient les codes juridiques contemporains (rituels, comportements et rôles des hommes et des femmes), censés provenir des dieux et étaient donc considérés comme sacrés.

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La possession divine était la manière dont les peuples anciens communiquaient avec leurs dieux (les rituels et pratiques connus sous le nom de divination). Les oracles étaient à la fois des personnes et des lieux où une divinité s'exprimait par l'intermédiaire d'une personne en état de transe. L'équivalent juif était les prophètes, possédés par Dieu qui parlait à travers eux pour délivrer des messages au peuple. Les Bibles distinguent les paroles de Dieu par l'introduction "Ainsi parle le Seigneur", puis les mots sont indentés et structurés comme dans la poésie.

Le Dieu d'Israël

Le livre de la Genèse, dans les Écritures juives, présente cette divinité comme le dieu suprême de ce qui allait devenir la nation d'Israël. Dieu a créé et contrôlé les éléments connus de l'univers et de tout ce qui se trouve sur terre. Le Dieu d'Israël agissait seul, sans consort féminin, par la parole: Dieu dit: "Que la lumière soit!" (Genèse 1:3). Ce n'est pas un cas unique: l'ancienne religion égyptienne affirmait que le dieu créateur Ptah créait aussi par la parole. Dieu créa le premier couple humain, Adam et Ève, qui reçurent l'ordre d'être féconds et de se multiplier.

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Un moment important de la Genèse se situe au chapitre 12, avec l'appel d'Abraham, originaire d'Ur en Mésopotamie. Il devait être le père d'une grande nation (la signification du changement de son nom d'Avram en Abraham) et recevrait le pays de Canaan comme terre prospère pour ses clans et ses troupeaux. Ses descendants seraient protégés et prospères aussi longtemps qu'ils honoreraient et obéiraient à ce Dieu. Dieu ordonna à Abraham et à ses descendants de pratiquer la circoncision, qui fonctionne comme un marqueur physique permanent pour distinguer ce groupe des autres nations.

Circumcision
Circoncision (Victoria & Albert Museum, Londres)
Lawrence OP (CC BY-NC-ND)

Les peuples anciens établissaient des contrats avec leurs dieux, précisant les devoirs de chaque partie. De l'hébreu "couper" vient le terme "alliance", un contrat reflétant le rituel consistant à couper en deux les sacrifices d'animaux tout en prêtant serment à une divinité. Il existe plusieurs histoires où le Dieu d'Israël conclut des alliances avec son peuple: les alliances avec Noé, Abraham, Moïse et le roi David.

El

Dans certains des textes les plus anciens de la région, el (pluriel: elohim) était une forme courante en hittite, ougaritique, paléo-hébreu, cananéen et araméen pour désigner les pouvoirs divins. Parfois, El était compris comme "le dieu" pour le distinguer des autres, et il était souvent associé à la création. El était souvent associé à un attribut. Dans le deuxième appel de Dieu à Abraham (Genèse 17:1), cet être est décrit comme El-Shaddaï ("Dieu tout-puissant"). Dans la Genèse 14, 18-20, Abraham a accepté une bénédiction d'El Elyon ("le très haut") de la part de Melchisédek, roi de Salem et prêtre de ce dieu. Les adeptes de ce dieu sont devenus des Israélites: "...ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur". (Genèse 32:28)

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Le terme "juif" est devenu courant pendant l'occupation perse (6e siècle av. J.-C.), dérivant de Yehudi, "ceux du royaume de Juda". Sous le règne du roi israélite du Nord Achab et de son épouse Jézabel (871-852 av. J.-C.), les divinités de la famille de Jézabel (ba'als, dieux levantins et cananéens) occupaient une place prépondérante. Grâce à l'action des prophètes Élie et Élisée (dans le livre des Rois), le Dieu d'Israël fut élevé au rang de ce que nous pouvons considérer comme un dieu national. Le concept de Dieu en tant que divinité universelle se trouve dans Isaïe: "Ne le sais-tu pas? ne l'as-tu pas appris? C'est le Dieu d'éternité, l'Eternel, Qui a créé les extrémités de la terre". (40:28).

Isaiah
Isaïe
Michelangelo (CC BY)

Polythéisme et monothéisme

Depuis l'époque des Lumières, les religions du monde sont divisées entre les polarités du polythéisme (reconnaissance et adoration de plus d'un dieu) et du monothéisme (croyance en un seul dieu), tandis que le panthéisme décrit la reconnaissance de plusieurs dieux avec des gradients d'autorité et que l'hénothéisme signifie l'élévation d'un dieu au-dessus de nombreuses divinités inférieures.

Ces termes restent problématiques car ils n'étaient pas des descripteurs courants dans le monde antique. Il serait préférable de dire que les anciens participaient au pluralisme religieux. Il n'y avait pas de contradiction dans le fait d'appartenir à plusieurs cultes différents pour des dieux spécifiques. Les gens ne formulaient pas leurs concepts en termes de croyance ou de foi (en grec: pistis, "loyauté") comme nous le faisons aujourd'hui. Ils croyaient en leurs dieux, mais l'essentiel était d'accomplir correctement les rituels et les sacrifices, tels qu'ils étaient transmis par les dieux aux ancêtres. Le concept de monothéisme antique n'existait pas. Tous les peuples de l'Antiquité étaient polythéistes en ce sens, y compris les Juifs.

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Les anciens juifs concevaient une hiérarchie de pouvoirs dans le ciel qui incluait une cour divine: les "fils de Dieu" (Genèse 6:4), les anges, les archanges, les chérubins et les séraphins. Les Juifs reconnaissaient également l'existence de démons (divinités inférieures) et introduisirentt le concept d'ange déchu, à l'origine de Satan, le Diable.

Dans les Écritures juives, le Dieu d'Israël (en tant que créateur originel) était responsable de la création des "autres dieux" et faisait constamment référence à l'existence des dieux des nations: "Ne suivez pas d'autres dieux" (Deutéronome 6:14) ; "Dieu préside la grande assemblée, il rend le jugement parmi les dieux" (Psaume 82:1). Dans l'histoire de l'exode des Juifs d'Égypte, Dieu s'est battu contre les dieux de l'Égypte pour montrer qui contrôle la nature. Cela n'a guère de sens si leur existence n'est pas reconnue.

Moses Receives the 10 Commandments
Moïse Reçoit les 10 Commandements, par Gebhard Fugel
Gebhard Fugel (Public Domain)

L'histoire fondatrice de l'idée que les Juifs étaient monothéistes est celle de Moïse recevant les dix commandements de Dieu sur le mont Sinaï: "Je suis le Seigneur ton Dieu... Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face" (Exode 20:2-3). Cela ne signifie pas que d'autres dieux n'existent pas; il s'agit d'un commandement selon lequel les Juifs ne devaient pas adorer d'autres dieux. Nous associons l'adoration à la croyance et à la vénération, mais dans le monde antique, l'adoration était toujours synonyme de sacrifices. Les Juifs pouvaient prier les anges et les autres puissances du ciel, mais ils ne devaient offrir des sacrifices qu'au Dieu d'Israël. Ce commandement constituait l'une des principales différences entre les Juifs et tous les autres cultes ethniques traditionnels. Cette différence a été renforcée par l'interdiction des images: "Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre." (Exode 20:4).

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Yahweh

Lorsque Moïse a rencontré une présence sur le mont Sinaï et lui a demandé son nom, "Dieu dit à Moïse: Je suis celui qui suis. Et il ajouta: C'est ainsi que tu répondras aux enfants d'Israël: Celui qui s'appelle "je suis" m'a envoyé vers vous." (Exode 3:14). L'hébreu ancien s'écrivait en consonnes (les voyelles étant articulées et les lettres ajoutées plus tard). Les quatre consonnes de "Je suis qui je suis" (YHWH) donnent Yahweh, également connu sous le nom de tétragramme, ou nom sacré de Dieu.

En hébreu, ehyeh asher ehyeh est la première personne du singulier du verbe "être". Une façon de comprendre la forme du nom est de l'associer à un verbe d'action. Il s'agit d'un Dieu qui agit, notamment en intervenant à divers moments dans le domaine terrestre de son peuple. Le "Je suis" indique également l'autosuffisance, le fait d'agir seul, en tant que créateur primitif, et de ne dépendre d'aucune autre puissance.

Yahweh a peut-être été adopté bien avant l'histoire de Moïse.

Cependant, Yahweh apparaît dans une inscription plus ancienne, en Égypte, commémorant les victoires du pharaon Amenhotep III (vers 1400 av. J.-C.), qui mentionne les "ennemis du pays de Shasou de Yahweh". Shasou était un groupe spécifique de nomades qui aurait pu constituer les Israélites. Yahweh aurait peut-être été adopté bien avant l'histoire de Moïse comme divinité de ces nomades particuliers. La stèle du 9e siècle avant notre ère érigée par le roi moabite Mésha se vantait d'avoir vaincu le roi d'Israël et d'avoir pris les vases de Yahweh.

Jérusalem et le culte du temple

Les livres de Josué et des Juges décrivent une période où les Israélites appartenaient à une confédération tribale des descendants des douze fils de Jacob pendant l'âge de fer (1200-600 av. J.-C.). Moïse avait placé les tables de la loi dans un coffre en bois, l'Arche d'Alliance, qui était abritée dans une tente sanctuaire portative pendant les années du désert. Pour éviter toute jalousie ou domination entre les tribus, des sites cultuels situés dans les différentes sections tribales assuraient à tour de rôle la garde de la tente.

Le roi Salomon (970-931 av. J.-C.) construisit le premier temple à Jérusalem, conquise par son père, le roi David. On attribue au roi Josias (640-609 av. J.-C.) le mérite d'avoir réformé le culte en éliminant les pratiques locales et en centrant l'adoration sur ce seul temple et sur Yahweh seul. Certains chercheurs considèrent que c'est à ce moment-là que le Deutéronome 6 fut inséré, dans ce qui est devenu une prière centrale du judaïsme, connue sous le nom de Chemaʿ Yisrā'ël, "Écoute, Israël, Yahweh est notre Dieu, Yahweh est unique".

Solomon's Temple, Jerusalem
Temple de Salomon, Jérusalem
Unknown Artist (Public Domain)

L'Arche d'Alliance fut transférée dans le Saint des Saints, le sanctuaire intérieur du Temple. Il fut dit à Moïse: "C'est là que je me rencontrerai avec toi; du haut du propitiatoire, entre les deux chérubins placés sur l'arche du témoignage, je te donnerai tous mes ordres pour les enfants d'Israël." (Exode 25:22). L'arche représentait la présence de Dieu dans le temple (comme son trône ou son marchepied). C'est cette présence qui faisait du temple un espace sacré, exigeant les règles de pureté du livre du Lévitique lorsque l'on s'approchait du temple.

Apparence et attributs

Le Dieu d'Israël est décrit comme aniconique, c'est-à-dire qu'il n'est pas représenté sous la forme d'une statue ou d'une autre image. Mais cela n'exclut pas les analogies symboliques ou littéraires. En fait, de nombreuses images de Yahweh antérieures à la réforme, en particulier dans le nord d'Israël, utilisaient une image commune de taureau (les veaux d'or de Jéroboam dans 1 Rois), symbole de fertilité.

Dans la Genèse 1:26-27, nous lisons:

Puis Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.

Une interprétation plus moderne de ce passage associe l'image à la fonction. Comme Dieu gouverne toute la création, les hommes et les femmes doivent gouverner en tant que serviteurs substitutifs de Dieu en prenant soin de la terre. Étant donné la construction sociale du genre et des rôles de genre dans l'Antiquité, le Dieu d'Israël a toujours été décrit comme un homme. Nous avons de nombreuses images anthropomorphiques attribuées à Dieu, telles que le visage de Dieu ou la main de Dieu.

God Creating the Sun, Moon & Planets, Sistine Chapel
Dieu créant le Soleil, la Lune et les planètes, Chapelle Sixtine
Michelangelo (Public Domain)

Plutôt que des descriptions littérales, les descripteurs courants sont omnipotent (tout-puissant), omniscient (qui sait tout) et omniprésent. Ce dernier concept est cohérent avec l'idée de transcendance, la capacité de traverser les zones spatiales de l'univers connu. L'immanence est également un concept selon lequel le Dieu d'Israël s'est parfois manifesté sur terre de diverses manières pour sauver ou punir son peuple. Dieu se servait des prophètes pour exhorter au repentir chaque fois que le peuple avait péché ou négligé les commandements.

Le judaïsme hellénistique

Après les conquêtes d'Alexandre le Grand (r. de 336 à 323 av. J.-C.), la culture grecque, le gouvernement grec et la religion grecque furent introduits en Méditerranée orientale. Les Juifs instruits pouvaient participer aux différentes écoles de philosophie grecque. Les philosophes défendaient le concept d'un dieu originel supérieur, au-delà des paramètres de l'univers physique, et utilisaient les procédés littéraires de l'allégorie et de la métaphore. En tant qu'essence pure et bonne, cet être ne créait pas mais émanait des puissances inférieures qui étaient responsables de la création. Cette unité du dieu le plus élevé était unifiée dans tout l'univers, présente dans la nature, la matérialité et chez l'homme dans le concept de l'âme. Cette interconnexion était réalisée par l'émanation d'un aspect divin du logos ("rationalité", parfois traduit par "mot").

Le philosophe juif Philon d'Alexandrie (écrivant dans les premières décennies du 1er siècle de notre ère) présente le judaïsme à la lumière des principes philosophiques grecs, revendiquant le même dieu unique que le Dieu d'Israël. Par le biais de l'allégorie, Moïse pouvait être compris comme le logos, qui fournissait un système de raison et de rationalité par le biais de la loi mosaïque.

Le christianisme: Un deuxième Dieu

Dans les années 20 et 30 du 1er siècle de notre ère, Jésus de Nazareth, sous la forme d'un prophète traditionnel, commença à prêcher l'imminence du royaume de Dieu sur terre. En prônant un royaume qui n'est pas Rome, il est exécuté par crucifixion (punition pour trahison) par le procurateur romain Ponce Pilate. Après le procès et la crucifixion de Jésus de Nazareth, ses disciples affirmèrent qu'il était ressuscité d'entre les morts et exalté aux côtés de Dieu dans les cieux (Actes 7).

Crucifixion by Giovanni Bellini
Crucifixion de Giovanni Bellini
Web Gallery of Art (Public Domain)

Les premiers écrits sur ce qui allait devenir le christianisme se trouvent dans les lettres de l'apôtre Paul (vers les années 50-60 de notre ère). Pharisien ayant eu une vision du Christ dans le ciel (le terme grec pour messie, Christos), il affirmait avoir été chargé d'être l'apôtre (le héraut) des païens (non-Juifs). Selon les prophètes, les païens pouvaient se joindre à Israël lorsque Dieu instituerait son royaume sur terre. Ils n'étaient pas tenus de posséder les marqueurs d'identité physique des Juifs (circoncision, lois alimentaires ou observation du sabbat), mais les communautés de Paul devaient cesser tous les sacrifices aux dieux traditionnels. À ce stade, il ne s'agissait pas de monothéisme. Paul soutenait l'existence d'autres dieux; il leur reprochait d'interférer parfois avec sa mission. Ce sont les sacrifices à ces autres dieux qui ne sont plus valables dans les concepts de salut de Paul.

Paul introduisit une innovation dans les traditions juives. Le Christ, préexistant et présent auprès de Dieu dès la création, s'est humilié pour apparaître comme un homme sur terre et est mort en sacrifice pour expier le péché d'Adam, qui a introduit la mort dans le monde (Romains 5). Il a reçu "le nom qui est au-dessus de tout nom" (le tétragramme, Yahweh). Au son du nom du Christ, "tout genou fléchisse dans les cieux", selon un concept séculaire qui consiste à se prosterner devant les images des dieux (Philippiens 2). Paul utilise un concept juif selon lequel Dieu est désintéressé; Dieu lui-même s'est manifesté dans le Jésus terrestre. C'est pourquoi Jésus était digne d'être adoré. La préface de l'Évangile de Jean utilise le concept du logos divin, dans ce qui est devenu la doctrine de l'Incarnation (le Christ prenant chair).

La séparation du christianisme et du judaïsme se produisit au IIe siècle de notre ère, grâce à l'action de dirigeants chrétiens qui n'avaient plus de liens ethniques avec le judaïsme. Ils ont conservé les traditions divines des Écritures, mais les ont combinées avec des aspects du grand dieu philosophique. À l'époque, les chrétiens étaient persécutés par Rome parce qu'ils refusaient de participer aux cultes de l'État et de l'Empire. Jules César (100-44 av. J.-C.) avait déjà exempté les Juifs, et les chrétiens ont demandé aux magistrats et à l'empereur romain de leur accorder la même exception, car ils étaient verus Israel, "les vrais Juifs" de l'alliance de Dieu. Par l'allégorie, les Pères de l'Église pouvaient "prouver" que tout dans l'histoire et le récit d'Israël (les Écritures) indiquait un type du Christ préexistant. Ce qui distinguait les chrétiens des juifs, c'est que les chrétiens n'étaient plus tenus de respecter la loi littérale de Moïse. Dieu avait établi une nouvelle alliance avec son peuple qui bouleversait les pratiques traditionnelles. En même temps, avec l'interdiction de toute idolâtrie, le christianisme s'est aussi séparé de la culture dominante.

La Trinité

Le christianisme primitif a connu une série de débats et de conflits permanents sur la manière d'exprimer l'unicité de Dieu tout en permettant la divinité et l'adoration simultanées du Christ. Un presbytre d'Alexandrie, Arius, enseignait que si l'on croyait que tout dans l'univers avait été créé par le Dieu d'Israël, alors celui-ci avait dû créer le Christ à un moment donné. Cela faisait du Christ une créature, soumise à Dieu. Des émeutes éclatèrent dans certaines villes à la suite de cet enseignement et Constantin Ier (r. de 306 à 337 de notre ère) convoqua le premier concile de Nicée en 325. En maintenant la tradition juive d'adoration d'un seul Dieu, les chrétiens élaborèrent le concept connu sous le nom de Trinité, qui décrit la relation de Dieu avec le Christ, les origines du Christ et une essence connue sous le nom de Saint-Esprit.

Holy Trinity
Sainte Trinité
Fr Lawrence Lew, O.P. (CC BY-NC-ND)

Le débat se résumait à deux choix: le Christ était-il homoiousios, semblable en nature au père (mais non identique), ou était-il homo-ousios, d'une substance identique à celle du père? (On notera que la différence entre ces deux mots se résume à un "i", un iota). Le Concile opta pour le second choix, à savoir que Dieu et le Christ étaient identiques en essence (substance) et que le Christ était une manifestation de Dieu lui-même sur terre. Pendant que les évêques étaient présents, Constantin leur demanda de formuler ce qui est devenu le Credo de Nicée (du premier mot Credo, "je crois"). Il s'agissait d'une innovation: dans le monde antique, il n'existait pas d'autorité centrale pour dicter ce que chacun devait croire. En tant que chef de l'État et chef de l'Église, Constantin avait désormais le pouvoir de rendre le Credo obligatoire pour tous les chrétiens. Dans un système où les sacrifices et les rituels traditionnels avaient été éliminés, la croyance est devenue un concept important.

Dans le judaïsme traditionnel, l'"esprit de Dieu" était compris comme la manière dont Dieu donnait du pouvoir aux individus et aux actions, comme l'esprit qui animait Adam lors de sa création et la possession des prophètes par Dieu. Dès le début du mouvement chrétien, les croyants firent l'expérience de ce pouvoir en tant que dons de Dieu, dans leur capacité à prophétiser, à enseigner, à parler en langues, à guérir et à ressusciter les morts. Le credo considère que Dieu est un, mais qu'il a trois aspects: Dieu le père, le Christ le fils et le Saint-Esprit.

Dieu dans l'islam

L'islam est né d'un mouvement de réforme du judaïsme et du christianisme à la suite des révélations (le Coran) faites au prophète Mahomet dans la péninsule arabique au VIe siècle de notre ère. L'arabe Allah dérive très probablement de al-ʾilāh, "le Dieu", lié à el. Ilah signifiait "divinité"; l'ajout de al distinguait cette divinité des autres. Le Coran (considéré comme sacré) fut créé pour mettre par écrit les révélations.

Le concept dominant d'Allah est le tawhid, "l'unicité". Il est déclaré dans l'un des piliers de l'islam, la chahada, qui affirme qu'il n'y a pas d'autre dieu que Dieu et que Mahomet est son prophète. "Dis: Il est Dieu, l'Unique ; Dieu, l'Éternel, l'Absolu ; Il n'a engendré personne, et il n'est pas engendré ; Il n'y a personne qui lui soit équivalent". (112:4) Tout concept ou activité qui se rapproche de l'idolâtrie est du shirk ("prendre un associé"). Il n'y a pas de prêtrise officielle dans l'islam, car il n'y a pas d'intermédiaires humains entre Dieu et les hommes. Les imams sont les guides spirituels des communautés. L'islam maintient l'existence des anges en tant que messagers de Dieu et honore les patriarches et les prophètes traditionnels, Mahomet étant le dernier des prophètes.

Tout en utilisant les principes masculins de l'arabe, Dieu n'a pas de corps physique ni de sexe et transcende tout: "Il n'y a rien de semblable à lui, et c'est lui qui entend et voit [toutes choses]" (42:11). Le concept de Qadim ("ancien") implique l'éternité, sans début ni fin; les limites et les mesures normales ne peuvent s'appliquer à Dieu. C'est pourquoi l'interdiction des descriptions anthropomorphiques, de l'idolâtrie et des images a été maintenue; il s'agit de tentatives incomplètes de décrire quelque chose de parfaitement complet et unique. Source ultime de l'existence, Allah est la cause incréée, qui a tout créé à partir de rien, qui est immuable et parfait. Les descripteurs les plus populaires d'un attribut d'Allah sont "compatissant" et "miséricordieux". Comme le judaïsme et le christianisme, l'islam promeut le concept d'un règne futur d'Allah sur terre et d'un jugement final.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Rebecca Denova
Rebecca I. Denova, Ph. D., est Professeur émérite de Christianisme Primitif au Département d'Études Religieuses de l'Université de Pittsburgh. Elle a récemment publié un ouvrage, "The Origins of Christianity and the New Testament" (Wiley-Blackwell).

Citer cette ressource

Style APA

Denova, R. (2022, novembre 15). Dieu [God]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10299/dieu/

Style Chicago

Denova, Rebecca. "Dieu." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le novembre 15, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10299/dieu/.

Style MLA

Denova, Rebecca. "Dieu." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 15 nov. 2022. Web. 11 déc. 2024.

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