Toutânkhamon

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 01 avril 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais, espagnol
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Tutankhamun (by Dalbera, CC BY)
Toutânkhamon
Dalbera (CC BY)

Toutânkhamon (r. de c. 1336 à c.1327 av. J.-C.) est le pharaon le plus célèbre et instantanément reconnaissable dans le monde moderne. Son sarcophage doré est maintenant un symbole presque synonyme d'Égypte. Son nom signifie «image vivante de [le dieu] Amon». Il naquit en l'an 11 du règne du pharaon Amenhotep IV (mieux connu sous le nom d'Akhenaton, r. de 1353 à 1336 av. J.-C.) vers 1345 av. J.-C., il mourut, certains prétendent mystérieusement, à l'âge de 17 ou 18 ans vers 1327 av. J.-C.

Il devint célèbre en 1922, lorsque l'archéologue Howard Carter découvrit sa tombe presque intacte dans la vallée des rois. Alors que l'on pensait d'abord que Toutânkhamon était un dirigeant mineur, dont le règne avait eu peu de conséquences, l'opinion changea à mesure que d'autres éléments de preuve furent mis en lumière. Aujourd'hui, Toutânkhamon est reconnu comme un pharaon important qui restaura l'ordre dans une terre laissée dans le chaos par les réformes politico-religieuses de son père et qui aurait sans doute apporté d'autres contributions impressionnantes à l'histoire de l'Égypte s'il n'était pas mort prématurément.

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Jeunesse de Toutânkhamon et montée au pouvoir

Le père de Toutânkhamon était Amenhotep IV de la 18e dynastie d'Égypte, dont la femme, Néfertiti, est aussi célèbre et reconnaissable que son beau-fils. La mère de Toutankhamon était Kiya, l'une des épouses d'Amenhotep, et n'était pas Néfertiti (bien qu'il s'agisse d'une fausse idée très courante). Il a également été suggéré que Toutânkhamon était le fils d'Amenhotep III (r.de c. 1386 à 1353 av. J.-C.) et de sa reine Tiyi (1398-1338 av. J.-C.), mais la plupart des chercheurs rejettent cette théorie.

Amenhotep III régnait sur une terre dont la prêtrise, centrée sur le dieu Amon, n'avait cessé de croître en puissance depuis des siècles. Au moment où Amenhotep IV arriva au pouvoir, les prêtres d'Amon étaient sur un pied d'égalité avec la maison royale en termes de richesse et d'influence. Dans la 9e ou la 5ème année de son règne, Amenhotep IV interdit l'ancienne religion, ferma les temples et se proclama l'incarnation vivante d'une divinité unique, toute-puissante, connue sous le nom d'Aton. Il déplaça son siège de pouvoir du palais traditionnel de Thèbes à celui qu'il construisit dans la ville qu'il fonda, Akhetaton (« L'horizon d'Aton », plus tard connue sous le nom d'Amarna) et se concentra sur sa nouvelle religion, souvent au détriment du peuple égyptien. Les réformes religieuses d'Akhenaton, et leur impact pendant son règne, définiraient également la domination ultérieure de son fils.

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Les réformes de Toutânkhamon auraient un impact énorme sur le peuple égyptien.

Toutânkhamon fut nommé Toutânkhaton (« image vivante d'Aton ») à sa naissance et, alors qu'il n'était encore qu'un enfant, il fut fiancé à la quatrième fille de Néfertiti et d'Akhenaton, sa demi-sœur Ânkhésenamon (« sa vie vient d'Amon' ou « sa vie est d'Amon'). Cependant, Ânkhésenamon devait être plus âgée que Toutânkhaton, car elle était déjà mariée à son père et aurait déjà eu une fille de lui.

L'historienne Margaret Bunson affirme qu'elle avait cinq ans de plus que Toutânkhaton citant des inscriptions qui indiquent qu'elle avait treize ans lorsque son demi-frère monta sur le trône à l'âge de huit ans (23). On croit que Kiya mourut tôt dans la vie de Toutânkhaton et qu'il vécut avec son père, sa belle-mère et ses demi-frères et sœurs dans le palais d'Amarna. L'égyptologue Zahi Hawass écrit :

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Les deux enfants ont dû grandir ensemble et peut-être jouer ensemble dans les jardins du palais. Les enfants royaux avaient reçu des leçons de professeurs et de scribes, qui leur auraient donné une instruction en sagesse et la connaissance de la nouvelle religion d'Aton. Il est probable qu'Akhenaton voulait que ses enfants continuent avec le culte d'Aton, et ne reveniennent pas à l'ancienne religion dédiée à Amon... Toutânkhaton et Ânkhésenamon auraient probablement été mariés l'un à l'autre à un très jeune âge, presque certainement pour des raisons d'état, mais peut-être aussi s'aimaient-ils vraiment. À en juger par leur représentation dans l'art qui remplit la tombe du roi en or, c'était certainement le cas. Nous pouvons sentir l'amour entre eux quand nous voyons la reine debout devant son mari lui donner des fleurs et l'accompagner pendant qu'il chassait. (51)

Toutânkhaton arriva sur le trône à la mort de son père vers 1336 av. J.-C., à l'âge de huit ou neuf ans. Des symboles miniatures de la royauté (comme la crosse et le fléau, le bâton royal) furent retrouvés dans sa tombe et il semble probable qu'il jouait avec eux quand il était jeune enfant alors qu'il était préparé au règne futur. Hawass écrit : « Un certain nombre de ces [objets] étaient gravés de son nom de naissance, ce qui démontre qu'il avait été couronné Toutânkhaton » (51). Entre la mort d'Akhenaton et l'ascension de Toutânkhaton, il y eut un pharaon intérimaire nommé Smenkhkarê dont on sait peu de choses. Il a été suggéré, cependant, puisque le nom royal de Smenkhkarê était identique à celui du corrégent d'Akhenaton, que ce pharaon était Néfertiti qui régnait alors que la santé d'Akhenaton était peut-être en déclin et que Toutânkhaton était encore trop jeune pour prendre le trône (Hawass, 47).

Nefertiti semble avoir assumé la personnalité masculine de « Smenkhkarê » pour régner afin d'éviter les mêmes types de problèmes qui avaient surgi après la mort du pharaon femme Hatchepsout (r. de 1479 à 1458 av. J.-C.) des siècles plus tôt, lorsque, dans un effort pour rétablir l'harmonie dans le pays (puisque les femmes n'étaient pas censées gouverner), son successeur Tuthmosis III (r. de 1458 à 1425 av. J.-C.) fit effacer son nom et sa mémoire de tous les monuments publics et stèles. Smenkhkarê mourut deux ans après son couronnement et Toutânkhaton fut couronné roi.

Toutânkhaton devient Toutânkhamon

Au début de son règne, Toutânkhaton décida de son propre chef (ou, plus probablement, fut forcé) de ramener l'Égypte aux anciennes pratiques religieuses que son père avait interdites et réprimées. Hawass explique :

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Ses conseillers, clairement avec le soutien des prêtres d'Amon, convaincurent ou forcèrent le jeune roi à rendre à Amon sa place de dieu universel d'Égypte et à abandonner le culte de l'Aton. Le nom de l'enfant-pharaon fut changé de Toutânkhaton à Toutânkhamon, et sa reine devint Ânkhésenamon. À un moment donné, le tribunal quitta Amarna, et Toutânkhamon et Ânkhésenamon établirent leur résidence principale dans les capitales traditionnelles de Thèbes et de Memphis. Une stèle du règne du jeune roi appelé le décret de restauration de Toutânkhamon décrit un pays dans le chaos à la mort d'Akhenaton. Il nous dit que les cultes des dieux avaient été abolis, leurs temples abandonnés, et qu'en conséquence ils n'entendaient plus les prières du peuple. Toutânkhamon prétend avoir effectué des réparations sur les temples abandonnés et remis les choses en ordre. (54)

L'idéal de maât, harmonie universelle, était le concept spirituel le plus important en Égypte antique. On croyait que la terre d'Égypte était une image miroir de la terre céleste et les individus avaient la responsabilité de se comporter d'une certaine manière sur terre pour maintenir l'équilibre avec le royaume supérieur. En abandonnant les anciens dieux et les anciennes pratiques, Akhenaton aurait bouleversé cet équilibre et détruit l'harmonie entre le peuple et ses dieux. Quand les gens furent contraints d'abandonner leurs dieux, tous pensèrent que les dieux avaient abandonné le peuple. Les réformes de Toutânkhamon auraient donc eu un impact immense sur le peuple égyptien en rétablissant l'harmonie universelle. Les temples furent reconstruits et les prêtres qui avaient caché l'iconographie et les textes relatifs à l'ancienne religion les remirent à leur place légitime.

Une fois l'équilibre rétabli, Toutânkhamon se tourna vers le pouvoir et vers les activités qui convenaient à un roi, comme l'équitation, la chasse, l'entraînement aux exercices militaires et le temps libre avec sa jeune femme (Hawass, 54). L'historienne Barbara Watterson écrit : « On dit qu'il était un roi qui « passait sa vie à faire des images des dieux », et c'est pendant son règne qu'a été entrepris le travail sur la colonnade du temple de Louxor avec ses superbes scènes de la fête d'Opet » (112-113). Toutânkhamon officia également à la fête d'Opet avec sa reine et chargea son trésorier d'effectuer une inspection fiscale de tous les temples du pays. Le palais de Thèbes qu'il partageait avec Ânkhésenamon:

... aurait été construit en brique de boue et magnifiquement peint. Il aurait été composé de nombreuses grandes pièces et de salles à colonnes entourées de petits groupes de pièces. Le plus grande d'entre eux aurait contenue une série de plus grandes salles menant à une salle du trône. Celles-ci auraient été décorées de superbes scènes d'oiseaux et de motifs naturels. Il y aurait eu des jardins et des piscines, tous conçus pour apaiser et ravir les sens royaux . (Hawass, 55)

Bien que l'équilibre ait été rétabli et que les temples et les palais aient été reconstruits, l'Égypte se remettait encore du désordre dans lequel Akhenaton avait plongé le pays. Hawass écrit : « Sous le règne de Toutânkhamon, la situation au Proche-Orient avait radicalement changé depuis l' âge d'or de l'empire égyptien » (56). L'armée, dont l'entraînement et l'équipement avaient été négligés par Akhenaton, n'était plus la force de combat efficace qu'elle avait été sous le règne du grand-père de Toutânkhamon ,Amenhotep III. Le commandant de l'armée, Horemheb (r. de 1320 à 1292 av. J.-C.), tenu en haute estime comme l'un des principaux conseillers de Toutânkhamon, ne réussit pas à plusieurs reprises dans ses campagnes contre les Hittites. L'Égypte ne put reconquérir Kadesh et perdit également un certain nombre d'autres États vassaux.

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Les Hittites devinrent plus puissants alors que Toutânkhamon luttait pour restaurer l'Égypte à sa gloire antérieure et, n'ayant plus à craindre l'intervention de l'armée égyptienne, les Hittites détruisirent le royaume des Mitanni, autrefois allié de l'Égypte. Il convient de garder à l'esprit que Toutânkhamon, à l'époque, avait environ 16 ans et était chargé de l'énorme responsabilité de revitaliser le pays que son père avait à lui seul dévasté. Même avec l'aide des sages conseillers qui l'entouraient, le roi adolescent dut trouver sa position décourageante, mais il semble quand même qu'il ait fait de son mieux pour racheter le présent du pays de son passé récent. Ce qu'il aurait pu accomplir au cours d'un règne plus long ne sera jamais connu vu qu'il mourut avant d'avoir atteint l'âge de vingt ans.

Tutankhamun & Ankhsenamun
Toutânkhamon et Ânkhésenamon
Pataki Márta (CC BY-NC-SA)

Mort de Toutânkhamon et conséquences

La mort du jeune roi est décrite comme « mystérieuse » depuis des siècles, mais il n'y a vraiment pas de mystère en jeu. Beaucoup de gens mouraient jeunes dans le monde antique comme beaucoup le font aujourd'hui. Les lésions au crâne de Toutânkhamon, que les premiers historiens citèrent comme preuve qu'il avait été assassiné, sont désormais considérées comme l'œuvre des embaumeurs qui avaient enlevé le cerveau. Les blessures au squelette sont le résultat de son retrait du sarcophage lors de l'excavation de 1922, lorsque la tête fut retirée du corps et que le squelette fut violemment détaché parce qu'il était collé au fond du sarcophage avec de la résine.

Il a également été spéculé que Toutânkhamon mourut d'un abcès dentaire non traité ou d'une infection suite à une jambe cassée, mais ces théories ont également été réfutées. Une autre théorie est que Toutânkhamon était le produit d'une union incestueuse et n'était donc tout simplement pas disposé génétiquement à une longue vie. Les historiens qui soutiennent cette théorie soulignent que les deux enfants de Toutânkhamon et d'Ânkhésenamon qui étaient tous deux mort-nés (leurs momies furent enterrées avec leur père et découvertes dans sa tombe) sont une preuve physique des pratiques incestueuses de la royauté égyptienne de la 18e dynastie. La question de savoir si Akhenaton et Kiya étaient liés, cependant, n'est pas connue et cette théorie ne peut donc pas être confirmée. Tout ce que l'on sait, c'est que Toutânkhamon mourut en janvier 1327 av. J.-C., et que sa mort était inattendue, comme en témoigne la construction hâtive de sa tombe. Hawass note :

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Le pays serait tombé dans le chaos à la mort subite de Toutânkhamon, qui quitta la terre sans héritier. Au moment de sa mort, il est possible que l'Égypte ait été engagée dans la bataille contre les Hittites, auquel cas il est probable qu'Horemheb, qui autrement aurait dû prendre le trône, était dans le nord à la tête des troupes. Un autre haut fonctionnaire, [nommé] Aÿ, supervisa le voyage du roi dans l'au-delà à sa place. Aÿ était Commandant de Charioterie et Porteur d'évantail à la droite du roi... En enterrant Toutânkhamon, Aÿ se proclama son successeur. (58-61)

On s'attendait maintenant à ce qu'Ânkhésenamon épouse Aÿ (r. de c. 1324 à 1320 av. J.-C.) afin d'assurer l'équilibre continu sur terre, mais elle avait clairement d'autres idées. Elle écrit au roi hittite Suppiluliuma Ier (r. de 1344 à 1322 av. J.-C.) pour obtenir de l'aide :

Mon mari est mort et je n'ai pas de fils. Ils disent que vous avez beaucoup de fils. Vous pourriez me donner un de vos fils et il pourrait devenir mon mari. Je ne voudrais pas prendre un de mes serviteurs. Il me déplairait de faire de lui mon mari. (Hawass, 67)

Alors que les pharaons égyptiens épousaient souvent des femmes étrangères, on n'avait jamais entendu parler d'une femme égyptienne, en particulier une femme de sang royal, qui avait épousé un étranger. Cela aurait été autant un affront à l'harmonie universelle que les réformes d'Akhenaton l'avaient été. En fait, c'était une pratique de longue date en Égypte de refuser d'envoyer des femmes comme épouses dans des pays étrangers, ce qu'Ânkhésenamon savait fort bien lorsqu'elle écrivit ses lettres. Qu'elle fit ce geste, au mépris de la tradition et du concept de maât, montre ses circonstances désespérées, mais le pourquoi exact de ce désespoir n'est pas clair.

Les lettres d'Ânkhésenamon, cependant, ont été citées par ceux qui soutiennent la théorie selon laquelle Toutânkhamon fut assassiné par Aÿ ou dans le cadre d'un complot impliquant Aÿ et Horemheb. Le roi hittite fut plus qu'heureux d'obliger Ânkhésenamon et envoya un de ses fils, Zannanza, en Égypte ; mais le prince n'arriva jamais. Il fut tué avant d'atteindre les frontières égyptiennes et on a longtemps laissé entendre que ce fut l'œuvre d'Horemheb et, peut-être, d'Aÿ. On ne sait pas si Ânkhésenamon épousa Aÿ. Elle disparut des archives historiques après l'incident avec le roi hittite.

Aÿ régna en Égypte pendant trois ans et mourut sans héritier. Horemheb s'empara alors du trône. Comme il n'était pas de sang royal, il avait besoin de quelque chose pour légitimer son règne et il choisit la religion comme moyen le plus efficace dans ce domaine. Prétendant qu'il avait été choisi par le dieu Horus pour restaurer l'Égypte à la notoriété et à la gloire, il institua un programme de retour aux pratiques religieuses orthodoxes. Il détruisit tous les documents publics et les monuments érigés par Akhenaton et effaça Toutânkhamon de la mémoire collective. Hawass souligne qu'« Il essaya, en fait, d'effacer toutes les preuves d'Akhenaton et de ses successeurs immédiats des pages de l'histoire » (69). Horemheb allait gouverner l'Égypte pour les 27-28 prochaines années et, à ce moment-là, rendit à l'Égypte son ancien statut de grande puissance. La tombe de Toutânkhamon fut accidentellement enterrée lorsque des ouvriers construisirent la tombe de Ramsès VI (r. de 1145 à 1137 av. J.-C.) et son nom fut oublié jusqu'à ce que Howard Carter et son équipe ne découvrent le site en 1922.

Le tombeau fut brisé deux fois sous le règne d'Aÿ et rescellé, puis, parce qu'Horemheb avait effacé le nom de Toutânkhamon des registres et qu'elle était ensevelie, la tombe était méconnue des voleurs de tombes et resta intacte jusqu'à sa découverte au XXe siècle de notre ère. Hawass écrit : « En effacant effectivement le nom de Toutânkhamon des annales des pharaons, Horemheb réussit en fait à assurer que le nom du roi en or résonnerait à travers les couloirs du temps » (69). Les trésors de la tombe de Toutânkhamon attirent régulièrement des foules en Égypte et aussi chaque fois qu'ils sont exposés hors de leur résidence actuelle au Musée national du Caire. Avant la découverte de la tombe, le souverain le plus célèbre de l'Égypte antique était probablement Cléopâtre VII, Néfertiti, ou Ramsès le Grand mais, depuis 1922, c'est Toutânkhamon.

Howard Carter
Howard Carter
National Photo Company Collection (Library of Congress) (Public Domain)

La pérennité de Toutânkhamon

Sa notoriété repose principalement sur les magnifiques objets trouvés dans sa tombe et la sensationnelle découverte (qui était une nouvelle mondiale) faite le 4 novembre 1922. La «malédiction de la momie», ou «malédiction de Toutânkhamon», n'a fait qu'amplifier sa célébrité. Le mythe de la malédiction vient d'une mauvaise interprétation d'une inscription trouvée dans la tombe. Dans les années 1920, on pensait que l'inscription se lisait comme suit : «Je tuerai tous ceux qui franchissent ce seuil dans l'enceinte sacrée du roi royal qui vit pour toujours». On l'a trouvée à la porte de la salle du trésor dans la tombe de Toutânkhamon.

Cependant, la traduction de 1922 a été jugée erronée, et l'inscription se lit en fait : « Je suis celui qui empêche le sable de bloquer la chambre secrète » (le « Je » dans la phrase faisant référence à la porte et aux esprits qui auraient été invoqués pour garder la porte scellée). Le mythe de la malédiction se propagea rapidement et semblait corroboré par un événement qui eut lieu quelques mois après l'ouverture du tombeau. Le lord anglais Carnarvon, qui finança les fouilles de Carter, mourut « mystérieusement » le 6 mai 1923, et la presse internationale semblait vouloir attribuer sa mort à l'ouverture de la tombe et à cette ancienne malédiction. Après Carnarvon, la mort de toute personne impliquée dans l'ouverture de la tombe fut imputée à la malédiction. À ce sujet, Hawass écrit :

En fait, il n'y avait pas de vrai mystère entourant la mort de Carnarvon. Il mourut d'un empoisonnement du sang déclenché par [une] piqûre de moustique infectée, qu'il avait ouverte avec son rasoir en se rasant... le taux de mortalité des personnes les plus étroitement associées à la tombe fut très faible. Arthur Mace mourut en 1928, mais il était malade depuis longtemps. Carter lui-même vécut jusqu'en 1939, Breasted mourut en 1935 ; Lucas mourut en 1945 ; Gardiner vécut jusqu'en 1963 ; et Lady Evelyn mourut en 1980 à l'âge de soixante-dix-neuf ans (146).

La malédiction, qui n'a en fait jamais été une malédiction, est encore associée à Toutânkhamon et ceci, avec l'histoire de la découverte de sa tombe et de sa splendeur, rendit son nom célèbre dans le monde entier et perpétua sa mémoire. Malheureusement, cette focalisation sur la malédiction et les objets de la tombe a occulté les réalisations très réelles de Toutânkhamon pendant son court règne; les réalisations sont d'autant plus impressionnantes si l'on considère le jeune âge du roi au moment de sa mort.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2014, avril 01). Toutânkhamon [Tutankhamun]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11752/toutankhamon/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Toutânkhamon." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 01, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11752/toutankhamon/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Toutânkhamon." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 01 avril 2014. Web. 03 oct. 2024.

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