Kagutsuchi (alias Hi-no-Kagutsuchi) est le dieu ou kami shinto du feu et est également connu sous le nom de Homusubi. Fils d'Izanami et d'Izanagi, le dieu du feu est le père de huit dieux guerriers et de huit dieux de la montagne, entre autres. Une force aussi destructrice que le feu, dans une culture où les bâtiments étaient généralement faits de bois et de papier, fit de Kagutsuchi un élément important du rituel shinto et un destinataire fréquent des offrandes d'apaisement.
Généalogie et descendance
Selon le Kojiki (" Recueil des choses anciennes ") et le Nikon Shoki (" Chronique du Japon ", également connu sous le nom de Nihongi) du 8e siècle, Kagutsuchi-no-kami, pour donner son nom complet, naquit d'Izanami, l'un des dieux créateurs shintoïstes, mais sa chaleur féroce était telle qu'il tua sa mère au passage. Son père Izanagi n'était pas très heureux de ce résultat et donc il trancha la tête de Kagutsuchi avec sa grande épée, l'Ame-no-o-habari-no-kami. Du sang qui jaillit sur les rochers environnants et dégoulina de la lame et de la poignée de l'épée naquirent huit autres kami puissants, de vraies fines lames. Les deux dieux les plus importants de ces dieux martiaux sont Takemikazuchi-no-kami et Futsunushi-no-kami, le premier étant également un dieu du tonnerre et un patron des arts martiaux qui maîtrisa Namazu, le poisson-chat géant qui vit sous la terre et provoque des tremblements de terre en faisant tournoyer sa queue.
Deux autres dieux nés du sang de Kagutsuchi sont Kuraokami-no-kami, qui est mentionné dans l'anthologie de poèmes Manyoshu (compilée vers 759) comme étant un dragon et un dieu de la pluie et Amatsumikaboshi, le kami de Vénus, l'étoile du soir. Son nom alternatif est Amenokagasewo.
Après la décapitation de Kagutsuchi, l'histoire continue et à partir d'à peu près toutes les parties du corps du dieu du feu, de son pied gauche à ses parties génitales, huit autres dieux virent le jour. Il s'agissait de dieux de la montagne qui représentaient différents types de montagnes, comme celles qui sont boisées, celles qui ont des landes, celles qui sont éloignées, celles qui possèdent du fer, celles qui offrent des passages vers des vallées adjacentes et, bien sûr, les volcans. Les histoires de Kagutsuchi, qui incluent la création du fer et des épées, pourraient bien être une explication mythologique de l'arrivée du fer et des produits métalliques par les immigrants arrivant au Japon en provenance d'Asie continentale au début de la période Yayoi (vers 300 avant notre ère ou avant jusqu'à 250 de notre ère), dont beaucoup pourraient bien avoir été des guerriers.
Dans une version alternative, ou plutôt un segment ajouté, enregistré dans l'Engishiki du Xe siècle, avant de mourir, Izanami se cache et donne naissance à trois autres dieux : le kami de l'eau Mizuhame-no-mikoto, la princesse d'argile, la gourde et le roseau d'eau. Tous les quatre furent chargés par leur mère mourante de surveiller Kagutsuchi et, si nécessaire, d'agir pour le pacifier s'il devenait incontrôlable. L'équipement traditionnel de lutte contre le feu des anciens Japonais était l'eau, transportée dans une gourde, que l'on versait sur le feu, tandis que les roseaux et l'argile étaient souvent utilisés pour l'étouffer. Aujourd'hui encore, dans certaines régions du Japon, un rituel de mi-hiver consiste à placer des fagots de roseaux à l'avant-toit des toits pour qu'ils soient à portée de main si un incendie se déclare.
Le feu dans les rituels shinto
Les Japonais ont depuis longtemps une grande peur du feu et des ravages qu'il peut causer, notamment parce que les bâtiments japonais étaient traditionnellement construits avec des murs en bois et en papier hautement combustibles et des toits en schiste ou en herbe. Au fil des siècles, les incendies ont détruit presque tous les grands bâtiments et temples des anciennes villes du Japon. Pendant l'époque d'Edo (1603-1868), les incendies étaient si fréquents dans la capitale Edo (l'actuelle Tokyo) qu'on les appelait "les fleurs d'Edo".
Il n'est donc pas surprenant que les cérémonies visant à apaiser et à éloigner le Kagutsuchi soient une caractéristique commune du rituel shinto. Dans ces rituels et prières, Kagutsuchi est généralement appelé Homusubi, ce qui se traduit par "celui qui allume des feux". Les anciens Japonais consacraient même une cérémonie semestrielle à Kagutsuchi, le Ho-shizume-no-matsuri, qui était parrainé par la cour impériale dont les vastes complexes de palais étaient fréquemment victimes d'incendies. La cérémonie était destinée à plaire au dieu et à garantir qu'il retiendrait ses terribles flammes pendant six mois supplémentaires. Le feu destructeur du Kagutsuchi contraste avec le feu purificateur des rituels shinto, connu sous le nom de kiri-bi, qui était traditionnellement fabriqué en frottant ensemble deux morceaux de bois de hinoki, un type de cyprès.
Kagutsuchi est parfois assimilé à Atago Gongen, un autre kami du feu et considéré comme un avatar de la figure bouddhiste Jizo. À proprement parler, cependant, Atago Gongen est une figure plus positive de la mythologie japonaise et agit comme un protecteur ou conservateur du feu.
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