Reine Seondeok

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 14 octobre 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais, malais, espagnol
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Gold Crown of Silla (by Martin Roell, CC BY-SA)
Couronne en or de Silla
Martin Roell (CC BY-SA)

La reine Seondeok régna sur l'ancien royaume de Silla de 632 à 647 et fut la première femme souveraine de la Corée antique. Silla était sur le point de dominer l'ensemble de la péninsule coréenne et Seondeok contribua à faire progresser son royaume vers cet objectif. Son règne se distingue également par l'intégration accrue du bouddhisme, déjà religion officielle de l'État, et par la construction du célèbre Cheomseongdae, le plus ancien observatoire d'Asie orientale.

Accession au trône

Seondeok accéda au trône parce que son père, le roi Jinpyeong (Chinpyong, r. de 579 à 632), qui avait régné pendant 53 ans, n'avait pas d'héritier mâle. Le fait qu'une reine puisse régner seule témoigne du statut traditionnellement élevé des femmes dans la lignée royale et illustre la rigidité du système de classes sociales de Silla. Ce dernier reposait sur le système Kolp'um qui dictait toutes sortes de privilèges et d'obligations en fonction de la naissance et de la lignée. Le niveau social le plus élevé (celui de l'os sacré) n'était détenu que par les membres de la maison royale des Kim. À la mort de Jinpyeong, il n'y avait plus d'hommes vivants appartenant à cette classe. Il y avait donc deux possibilités : soit le système de classes sociales devait être restructuré, soit une reine était autorisée à régner. Ce dernier choix fut retenu, comme il le fut pour les mêmes raisons pour le successeur de Seondeok.

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Seondeok était la fille aînée de son père et son accession fut reconnue par la dynastie Tang en 635. Dans des documents historiques tels que le Samguk sagi ("Histoire des trois royaumes") du 12e siècle, elle est appelée wang (roi) comme ses prédécesseurs masculins. Seondeok était le 27e souverain du royaume et elle hérita d'un État prospère avec Silla, au sud-est de la péninsule coréenne, sur le point de conquérir ses rivaux de longue date de la période des Trois Royaumes - Baekje (Paekche) à l'ouest et Goguryeo (Koguryo) au nord. Selon le Samguk sagi, , l'un des premiers actes de Seondeok en tant que reine fut d'établir une aide pour les roturiers pauvres dans les campagnes.

Sous le règne de Seondeok, Silla connut un essor des arts et des sciences, l'État devint plus centralisé et le bouddhisme fut encouragé.

Les deux Kim

Seondeok bénéficia des talents du célèbre général Kim Yu-sin (595-673) et de son neveu, le talentueux diplomate Gim Chun-chu (alias Kim Chunchu, mort en 661). Chun-chu fut envoyé en mission diplomatique auprès du roi Bojang de Goguryeo en 641 pour lui demander de l'aide contre un Baekje de plus en plus agressif. Cependant, le roi de Goguryeo n'accepterait de l'aider que si Silla cédait une partie du territoire qu'il avait précédemment pris à son royaume. Seondeok refusa, et Chun-chu fut donc emprisonné. La reine envoya alors une armée de 10 000 hommes dirigée par Kim Yu-sin pour sauver Chun-chu et réprimander Bojang pour son impudence. Lorsque le monarque de Goguryeo découvrit qu'une armée était en route, il libéra rapidement son captif. Les deux Kim contribuèrent ensuite grandement à l'unification de la Corée par Silla et acquirent ainsi le statut légendaire dont ils jouissent encore aujourd'hui en Corée.

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Relations avec la Chine des Tang

Les voisins immédiats de Seondeok étaient toujours puissants et continuaient à harceler Silla (en particulier Baekje) à tel point qu'en 643, la reine envoya une ambassade diplomatique en Chine pour la persuader de l'aider à faire face à cette menace. La dynastie chinoise des Tang (618-907) y vit l'occasion de monter ces royaumes méridionaux gênants les uns contre les autres pour son propre bénéfice et fut donc heureuse de créer une alliance avec l'un d'entre eux afin de mieux venir à bout avec des deux autres.

Three Kingdoms of Korea Map
Carte des trois royaumes de Corée
Ashraf Kamel (CC BY-NC-SA)

Silla et la Chine avaient été des partenaires commerciaux de longue date et les échanges culturels virent l'adoption des coutumes de la cour Tang et l'envoi d'étudiants et de savants de Silla en Chine pour y étudier. La reine Seondeok renforça davantage ces liens, mais les Tang ne donnaient pas d'aide en échange de rien. Bien que l'empereur Taizong ait généreusement offert une armée et même plusieurs milliers d'uniformes et de bannières de l'armée Tang afin que les soldats de Silla puissent mieux intimider leurs ennemis, il y avait un hic. La reine devait se retirer et permettre à un prince chinois de régner sur Silla, l'empereur Tang justifiant cette nécessité par sa conviction qu'une femme dirigeante enhardissait les ennemis de Silla. Naturellement, Seondeok refusa diplomatiquement cette condition mais réussit tout de même à obtenir l'aide militaire des Tang, et les deux États formèrent une armée commune pour écraser Baekje et Goguryeo. Toutefois, ce plan d'action échoua et ils furent battus à plates coutures par une force de Goguryeo dirigée par le célèbre général Yang Manchun en 644. Les armées Tang furent vaincues trois autres fois au cours de la décennie suivante, et Silla dut attendre jusqu'en 660 pour qu'une autre force conjointe Tang-Silla, cette fois considérablement plus importante que les invasions précédentes, soit formée et que Baekje ( en 660) et Goguryeo (en 668) soient finalement écrasés.

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Un royaume prospère

À l'intérieur du pays, la politique intérieure de Seondeok eut plus de succès que sa politique étrangère, et Silla connut une floraison d'arts et de sciences. L'État devint plus centralisé et le bouddhisme fut encouragé, d'autant plus qu'il renforçait l'aura de pouvoir dont jouissait la classe dirigeante de Silla et consacrait le monarque en tant qu'incarnation du Bouddha. Il n'est donc pas surprenant que la reine ait supervisé un vaste programme de reconstruction, notamment des temples bouddhistes. Malheureusement, les temples étaient en grande partie construits en bois et n'ont donc pas survécu, mais certaines pagodes en pierre sont encore debout. Les écoles étaient un autre domaine d'investissement de la reine pendant son règne.

Cheomseongdae Observatory, Gyeongju
Observatoire Cheomseongdae, Gyeongju
M. & N. Wilson (CC BY)

L'observatoire de Cheomseongdae à Gyeongju, la capitale de Silla, est une structure remarquable du règne de la reine Seondeok. Haut de neuf mètres, il faisait office de cadran solaire, mais possédait également une fenêtre orientée vers le sud qui captait les rayons du soleil sur le sol intérieur à chaque équinoxe. Il faisait probablement partie d'un plus grand complexe dédié à la science et à l'astronomie en particulier. Il s'agit du plus ancien observatoire d'Asie de l'Est encore existant. La tour comporte 27 rangées de briques représentant Seondeok, 27e souverain de Silla. Certains historiens, sans beaucoup de preuves concrètes ou de consensus savant plus large, vont plus loin et suggèrent que la forme en bouteille de la structure serait soit une représentation de Seondeok et de la forme féminine, soit un temple dédié à son culte.

Le temple Hwangnyongsa

Un autre projet de construction important réalisé sous le règne de la reine Seondeok est le temple bouddhiste de Hwangnyongsa ("temple de l'illustre dragon") à Gyeongju. Le projet fut en fait lancé sous le règne du roi Jinheung, vers 553, à l'endroit où un dragon jaune serait apparu, promettant que Silla détruirait tous ses ennemis.

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Le site carré du temple mesurait environ 280 x 280 mètres et contenait une énorme statue du Bouddha, qui pouvait atteindre 4 mètres de haut. Sous le règne de la reine Seondeok, une imposante pagode en bois de neuf étages fut ajoutée au site du temple. Sa construction fut supervisée par le moine et abbé en chef de l'État, Jajang (alias Chajang, 590-658) et réalisée par le maître architecte Abiji de Baekje. Achevée en 645, la pagode atteignait peut-être une hauteur de 68 à 70 mètres, ce qui en faisait l'un des bâtiments les plus hauts d'Asie orientale à l'époque. Les neuf niveaux de l'édifice représentaient les neuf autres nations d'Asie de l'Est que Silla devait conquérir, dont le Japon et la Chine.

Une immense cloche, qui aurait pesé (invraisemblablement) 300 tonnes et mesuré 3 mètres de haut, fut coulée et ajoutée au temple en 754, mais elle n'a pas survécu. Le temple Hwangnyongsa fut malheureusement détruit par les Mongols en 1238, mais les fondations et plusieurs socles de statues subsistent aujourd'hui pour aider les visiteurs modernes à visualiser sa grandeur perdue.

Mort et successeurs

Seondeok mourut au cours d'une rébellion menée par des membres mécontents de l'aristocratie de Silla, dirigés par Kim Bidam, président du conseil des nobles du gouvernement. Ces aristocrates, qui bénéficiaient du soutien de la dynastie Tang, n'étaient pas d'accord pour qu'une reine soit assise sur le trône de Silla et estimaient que les monarques devaient désormais être choisis parmi des membres n'appartenant pas à la classe traditionnelle mais plutôt, la leur. La tentative de s'emparer de du trône fut réprimée par la petite aristocratie, dirigée par les deux Kim, mais la reine Seondeok mourut, de toute façon, probablement de maladie. La reine fut enterrée dans la montagne sacrée de Nangsan, à Gyeongju.

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Une autre reine lui succéda, Jindeok (r. de 647 à 654), elle suivit les traces de sa cousine et aida Silla à dominer la péninsule coréenne. Une fois de plus, il n'y eut pas de mâle Gim/Kim de rang de l'os sacré, et après deux reines, le système Kolp'um fut modifié et les monarques furent désormais choisis dans le deuxième niveau (l'os véritable), plus large. Le monarque suivant après Jindeok ne serait autre que Gim Chun-chu, qui se fit alors appeler Roi Muyeol, le premier monarque de Silla à ne pas avoir été membre du plus haut rang dont le fils créerait le Royaume unifié de Silla qui régnerait sur toute la péninsule coréenne à partir de 668.

This content was made possible with generous support from the British Korean Society.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2016, octobre 14). Reine Seondeok [Queen Seondeok]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15321/reine-seondeok/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Reine Seondeok." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 14, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15321/reine-seondeok/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Reine Seondeok." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 14 oct. 2016. Web. 07 oct. 2024.

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