Gyeongju

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Hervé Tisserand
publié le 22 novembre 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais
Écouter cet article
X
Imprimer l'article
Silla Tombs of Gyeongju (by Jeong woo Nam, CC BY-NC-ND)
Tombes Silla de Gyeongju
Jeong woo Nam (CC BY-NC-ND)

Gyeongju (Kyongju), anciennement connue sous le nom de Seorabeol ou Saro, était la capitale du royaume de Silla, dans l'ancienne Corée, du Ier siècle av. J.-C. au Xe siècle ap. J.-C. Située au sud-est de la péninsule coréenne, Gyeongju comptait, à son apogée au IXe siècle ap. J.-C., un million d'habitants et 180 000 maisons. Aujourd'hui, la ville conserve d'importants vestiges archéologiques, notamment l'observatoire Cheomseongdae, le temple Bulguksa, la grotte de Seokguram, des pagodes et de nombreuses tombes royales en terre immenses d'où ont été déterrés des couronnes et des bijoux en or spectaculaires, ce qui justifie pleinement l'autre nom de la capitale, Geumseong ou "Cité de l'or".

Aperçu historique

Le royaume de Silla contrôla le sud-est de la Corée pendant la période des Trois Royaumes, du Ier siècle avant notre ère au XIIe siècle de notre ère, puis l'ensemble de la péninsule coréenne de 668 à 935. La date traditionnelle de la fondation du royaume de Silla (souvent appelé Ko-Silla - "Vieux Silla" - pour le distinguer de la période unifiée ultérieure) est, selon le Samguk sagi ("Archives historiques des trois États") du XIIe siècle, 57 av. J.-C.; mais il est peu probable que cette date soit exacte et les historiens modernes préfèrent une date plus tardive lorsqu'ils décrivent Silla en tant qu'entité politique unique. Le royaume se forma lorsque les tribus Jinhan du sud-est de la Corée formèrent une confédération. Le personnage fondateur traditionnel est Hyeokgeose (r. de 57 av. J.-C. à 4 ap. J.-C.) qui, après être né d'un œuf magique écarlate, fusionna six villages ou clans et fonda sa capitale fortifiée à Saro, dans la plaine de Gyeongju, plus tard connue sous le nom de Geumseong. La capitale, Saro, donna au royaume son premier nom (également connu sous le nom de Seorabeol, qui signifie "Terre de l'Est"), lequel devint Silla sous le règne du roi Beopheung (r. de 514 à 540), lorsqu'un plus grand degré de centralisation fut atteint.

Supprimer la pub
Publicité
LE PALAIS ROYAL DE GYEONGJU ÉTAIT SITUÉ À L'INTÉRIEUR DE LA FORTERESSE DE WOLSEONG, QUI COMPRENAIT UN ÉTANG ARTIFICIEL ET UNE MÉNAGERIE D'OISEAUX ET D'ANIMAUX EXOTIQUES.

Le palais royal de Gyeongju était situé dans l'enceinte de la forteresse de Wolseong, qui fut considérablement agrandie aux VIe et VIIe siècles, avec l'ajout d'un étang artificiel connu sous le nom d’Anapji (étang des oies et des canards sauvages) et d'une ménagerie d'oiseaux et d'animaux exotiques. Il est probable que la célèbre tour de l'observatoire Cheomseongdae, construite au VIIe siècle sous le règne de la reine Seondeok (632-647), ait été la pièce maîtresse de tout un quartier scientifique, tant l'influence des astres sur les affaires humaines était importante dans la culture coréenne. Gyeongju devint un centre culturel, artistique et scientifique, avec un essor particulier dans les domaines des mathématiques, de l'astronomie et de l'astrologie.

Sous le règne du roi Beopmin (r. de 661 à 681), la ville fut redessinée suivant le modèle des villes chinoises (notamment Chang'an) et aménagée selon un quadrillage nord-sud. Selon le Samguk yusa ("Mémoires des trois royaumes"), texte du XIIIe siècle, Gyeongju était divisé en 55 districts et 1 360 quartiers résidentiels. Avec une population d'un million d'habitants au IXe siècle, la ville comptait 178 936 maisons, des ateliers et des temples, 35 domaines privées et quatre palais royaux - un pour chaque saison de l'année. Les membres de l'aristocratie auraient employé jusqu'à 3 000 esclaves dans leurs domaines et leurs fêtes somptueuses étaient tristement célèbres dans tout le royaume. Bien que ces chiffres puissent être exagérés, de nombreuses preuves archéologiques attestent que la ville était effectivement vaste, avec de grandes places de marché, des parcs et des étangs artificiels. Autre signe de la richesse et de la prospérité de la ville, nombre de ces bâtiments étaient recouverts de tuiles en céramique et non de chaume.

Supprimer la pub
Publicité

Daeungjeon Hall, Bulguksa
Le hall Daeungjeon, Bulguksa
rlNux (CC BY-SA)

Gyeongju était non seulement la capitale politique du royaume de Silla mais aussi son centre religieux. Des temples tels que le vaste complexe Bulguksa du VIIIe siècle, connu sous le nom de "temple de la terre de Bouddha", la grotte de Seokguram contenant une immense statue de Bouddha, le Hwangnyong ("temple du dragon impérial), le Punhwang ("Temple impérial parfumé"), d'innombrables pagodes, et la présence de la plupart des reliques du bouddhisme faisaient de Gyeongju un lieu de pèlerinage important pour les croyants de tout le royaume. Grâce à cela et à la forte influence des clans aristocratiques locaux, Gyeongju demeura la capitale de la nation même lorsque le royaume de Silla domina toute la Corée à partir de 668 ap. J.-C., et ce en dépit de son emplacement quelque peu incommode à l'extrémité sud-est du pays.

Avec la chute du royaume unifié de Silla dans les premières décennies du Xe siècle, la péninsule coréenne se divisa à nouveau en trois royaumes. Gung Ye (mort en 918), le chef tyrannique du royaume tardif de Goguryeo (Koguryo), déclara que Gyeongju devait devenir la "ville de la destruction". La ville subit le même sort en 927, lorsqu'elle fut mise à sac par le roi de Baekje Gyeon Hwon (867-936) et que le roi de Silla Gyeongae fut exécuté.

Supprimer la pub
Publicité

Bien que la ville n'ait jamais retrouvé sa gloire d'antan, elle demeura le siège (pongwan) des clans aristocratiques de Gyeongju et fut, pendant un certain temps, la capitale orientale du royaume de Goryeo (Koryo), qui domina la Corée de 918 à 1392. L'architecture de la ville subit d'autres coups lors des invasions mongoles du XIIIe siècle - au cours desquelles la célèbre pagode en bois de neuf étages du temple Hwangyongsa fut détruite - puis lors de l'occupation japonaise à la fin du XVIe siècle, lorsque le temple Bulguksa fut rasé.

Gold Silla Crown
Couronne en or de Silla
Jeff & Neda Fields (CC BY-NC-ND)

Architecture

Les tombes

Gyeongju compte aujourd'hui de nombreuses tombes à tumulus datant de la période Silla, dont la plupart n'ont pas encore été fouillées. Les tombes typiques de Silla de la période des Trois Royaumes sont composées d'une chambre en bois placée dans une fosse en terre puis recouverte d'un grand tas de pierres et d'un monticule de terre. Des couches d'argile ont été appliquées entre les pierres pour rendre les tombes étanches. De nombreuses tombes contiennent plusieurs sépultures, parfois jusqu'à dix individus. L'absence d'entrée a permis de conserver intactes beaucoup plus de tombes de Silla que celles des deux autres royaumes, ce qui a permis de découvrir des trésors allant des couronnes d'or aux bijoux de jade. La plus grande de ces tombes, composée en réalité de deux monticules contenant un roi et une reine, est la tombe de Hwangnam Taechong. Datant du V-VIIe siècle, elle mesure 80 x 120 m, et ses monticules font 22 et 23 m de haut.

Cheomseongdae

L'une des structures anciennes les plus célèbres de Gyeongju est l'observatoire Cheomseongdae du milieu du VIIe siècle. Il fut construit sous le règne de la reine Seondeok dans le cadre d'un complexe plus vaste dédié à la science et à l'astronomie et situé dans la ville. Haut de neuf mètres et composé de 365 blocs de granit disposés en 27 couches, il fait office de cadran solaire. Il possède également une fenêtre orientée au sud qui capte les rayons du soleil vers le sol intérieur à chaque équinoxe. À l'origine, il se peut qu'il y ait eu aussi une sphère armillaire (modélisation de corps célestes) au sommet de la tour. Il s'agit du plus ancien observatoire encore existant en Asie de l'Est et il est répertorié sous le numéro 31 dans la liste officielle des trésors nationaux de Corée.

Supprimer la pub
Publicité

Cheomseongdae Observatory, Gyeongju
Observatoire Cheomseongdae, Gyeongju
M. & N. Wilson (CC BY)

Le temple Bulguksa

Le temple Bulguksa ("temple de la terre de Bouddha") fut construit au VIIIe siècle sur les pentes boisées du mont Toham. Gim Daeseong (700-774), le ministre en chef ou chungsi du royaume unifié de Silla, est traditionnellement considéré comme l'architecte en chef du temple Bulguksa. Comme son nom l'indique, il a été conçu pour représenter la terre de Bouddha, c'est-à-dire le paradis. Le complexe du temple, qui comprend un étang de lotus et plusieurs ponts en plus de ses trois salles principales, était si vaste et construit avec des considérations mathématiques et géométriques si précises qu'il fallut près de 40 ans pour l'achever, depuis la date traditionnelle du début de la construction, 751, jusqu'à 790.

Bien que les originaux bâtiments en bois de Bulguksa aient remplacé ceux qui furent détruits par le feu, le complexe possède deux pagodes en pierre d'origine - la Dabotap ("Pagode des trésors abondants") et la Seokgatap ("Pagode sans ombre") - qui datent toutes deux, selon la tradition, de 751. Les fouilles menées autour de cette dernière pagode en 1966 ont permis de mettre au jour un sarira (reliquaire) contenant le plus ancien texte xylographié du monde, une copie du soutra du Grand Dharani.

La grotte de Seokguram

Près du temple Bulguksa, sur les pentes supérieures au sud-est du mont Toham, se trouve la grotte de Seokguram. Ce temple bouddhiste troglodytique fut construit sous la forme d’une grotte artificielle entre 751 et 774, toujours par Gim Daeseong. La chambre intérieure circulaire possède un toit en forme de dôme et une statue en granit blanc du Bouddha Sakyamuni de 3,45 mètres de haut. Les murs de la grotte sont décorés de 41 sculptures de personnages placées dans des niches. La grotte de Seokguram est répertoriée sous le n° 24 dans la liste officielle des Trésors nationaux de Corée et elle a été désignée, avec le temple Bulguksa, comme site du patrimoine mondial par l'UNESCO.

Supprimer la pub
Publicité

This content was made possible with generous support from the British Korean Society.

Supprimer la pub
Publicité

Traducteur

Hervé Tisserand
Né à Lyon mais résidant au Japon depuis plus de 20 ans, je suis passionné d'histoire depuis mon enfance et je pense que connaître le passé est très important pour une meilleure compréhension interculturelle.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2016, novembre 22). Gyeongju [Gyeongju]. (H. Tisserand, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15138/gyeongju/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Gyeongju." Traduit par Hervé Tisserand. World History Encyclopedia. modifié le novembre 22, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15138/gyeongju/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Gyeongju." Traduit par Hervé Tisserand. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 22 nov. 2016. Web. 13 oct. 2024.

Adhésion