Palenque

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 07 octobre 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais, espagnol
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Temple of the Inscriptions, Palenque (by Jan Harenburg, CC BY)
Temple des Inscriptions, Palenque
Jan Harenburg (CC BY)

Située au pied de l'altiplano du Chiapas, dans l'actuel Mexique, Palenque était une importante cité maya qui prospéra entre 600 et 750 de notre ère. Le nom de Palenque vient de l'espagnol et signifie "lieu fortifié", mais le nom maya d'origine, nous le savons maintenant, était Lakamha. Situé à la jonction des hautes terres et des plaines côtières, le site prospéra en tant que centre de commerce intérieur, ce qui permit à Palenque de contrôler un vaste territoire et de former des alliances bénéfiques avec d'autres villes puissantes telles que Tikal, Pomoná et Tortuguero. Palenque est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

La liste des rois de Palenque commence avec K'uk' Bahlam Ier, qui régna de 431 à 435 de notre ère, mais le monarque le plus célèbre est Kinich Janaab Pacal Ier (qui signifie grand bouclier de tournesol), également connu sous le nom de Pakal le Grand, qui régna de 615 jusqu'à sa mort en 683, à l'âge de 80 ans. Pakal créa une dynastie qui, sur quatre générations, permit à la ville de connaître sa plus grande période de prospérité. Les fils de Pakal, K'an Bahlam II (r. de 684 à 702 et également connu sous le nom de Chan Bahlum) et K'an Joy Chitam II (r. de 702 à c. 720), ainsi que son petit-fils K'inich Ahkal Mo' Nahb III (r. de 721 à c. 736) poursuivirent l'œuvre de Pakal et transformèrent Palenque en l'une des plus grandes cités mayas. Cependant, au milieu du VIIIe siècle, des hostilités éclatèrent avec Toniná et Palenque, comme d'autres cités mayas classiques contemporaines, fut abandonnée vers l'an 800.

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Les recherches menées à l'intérieur de la grande pyramide de Palenque ont abouti à l'une des plus grandes découvertes archéologiques de MésoAmérique.

Plan et architecture

La ville peut être divisée en trois périodes distinctes: Le début, le milieu et la fin de la période classique. La plupart des grands édifices de Palenque datent de la période du milieu, tandis que la période classique tardive connut la construction de fortifications en terrasses pour se défendre contre les peuples de la côte centrale du Golfe. Construite sur trois niveaux différents, la ville suit les contours du terrain local, et de nombreux temples en calcaire furent construits sur des collines naturelles. Palenque, avec plus de 1 000 structures différentes, était l'une des villes mayas les plus densément peuplées. Huit petites rivières descendant des montagnes environnantes serpentent à travers la ville. Le plus important de ces cours d'eau, l'Otulum, était détourné pour amener l'eau directement au palais royal et, à certains endroits, il suivait un aqueduc souterrain qui supportait des plates-formes et des passerelles.

L'architecture de Palenque était innovante. Pour la première fois en Mésoamérique, des toits en encorbellement furent construits, souvent en parallèle, ce qui permit d'agrandir l'espace intérieur et, grâce au mur de soutien central, d'améliorer la stabilité structurelle. Sur la partie supérieure inclinée de nombreux bâtiments, un toit en treillis fut ajouté. L'architecture de Palenque se distingue également par l'utilisation de murs fins et de larges portes. Les bâtiments sont construits en pierre calcaire locale, avec des linteaux en bois, et des couleurs vives comme le rouge, le bleu, le vert, le jaune et le blanc sont utilisées pour les décorer à l'extérieur, ainsi que des peintures murales à l'intérieur. Palenque est également célèbre pour ses sculptures décoratives en stuc et ses bas-reliefs qui présentent certains des portraits les plus naturalistes de l'art maya. Les nombreux palais dotés de larges cours, de fontaines ornementales et de bassins artificiels disséminés dans la ville méritent également d'être signalés.

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Palace, Palenque
Palais, Palenque
Alfred Diem (CC BY-NC-ND)

Le palais de Palenque

Fait unique pour les villes mayas, à Palenque, c'est une résidence royale, et non un temple, qui constitue le centre de la ville. Le palais, probablement commencé par Pakal et complété par des ajouts majeurs comme la tour vers 721, est l'une des structures architecturales les plus complexes de tous les sites mayas. Le bâtiment, qui repose sur une plate-forme de 10 mètres de haut, se compose essentiellement de pièces disposées autour de cours intérieures et de galeries aux plafonds voûtés, l'ensemble mesurant 91 x 73 mètres. L'élément le plus frappant du palais est peut-être la tour carrée de quatre étages, une autre caractéristique unique dans les sites mésoaméricains. On accède à cette tour de 25 mètres par un escalier qui serpente le long des murs intérieurs. Le bâtiment servait de résidence royale et de cour, mais aussi de logement pour les nobles, les serviteurs et le personnel militaire. On y trouve également un bain de vapeur, deux toilettes construites au-dessus d'un ruisseau souterrain et divers reliefs représentant des captifs. Le palais était également richement décoré de stucs aux couleurs vives représentant des scènes de rois et de nobles mayas.

Le temple des inscriptions

Installée à flanc de colline et achevée vers 682, la pyramide comporte neuf niveaux différents, correspondant sans doute aux neuf niveaux du monde souterrain maya. En 1952, lors d'une étude archéologique au sommet de la pyramide, l'archéologue mexicain Alberto Ruz a découvert qu'une simple dalle curieusement trouée dans le sol d'une chambre pouvait être enlevée et qu'en dessous, elle révélait un escalier qui descendait au cœur de l'édifice. Au pied de l'escalier en colimaçon de 65 marches, après avoir dégagé les décombres délibérément laissés à l'intérieur de la pyramide, Ruz atteignit une salle unique au toit en encorbellement, à l'extérieur de laquelle se trouvaient cinq ou six squelettes humains, presque certainement des victimes de sacrifices. De toute évidence, quelqu'un d'important avait été enterré à cet endroit. À l'intérieur de la crypte richement décorée, neuf préposés en stuc se trouvaient sur les murs inclinés et deux autres en jade se tenaient près de l'objet le plus remarquable de la pièce. Il s'agit d'un sarcophage surmonté d'une dalle magnifiquement sculptée de 3,8 mètres de long représentant un souverain maya tombant dans les mâchoires du monde souterrain maya Xibalba. En ouvrant enfin le sarcophage, Ruz découvrit les restes recouverts de jade et de cinabre du plus grand des souverains de Palenque, le roi Pakal le Grand. Le roi avait reçu un masque mortuaire en mosaïque de jade et de nombreux bijoux assortis pour l'accompagner dans l'au-delà. Il s'agit de l'une des plus grandes découvertes de l'archéologie mésoaméricaine, qui a finalement prouvé que les grandes pyramides mayas n'avaient pas seulement été construites comme des temples, mais aussi comme des tombes pour de grands souverains, tout comme dans l'Égypte ancienne.

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Jade Death Mask of Kinich Janaab Pakal
Masque mortuaire en jade de Kinich Janaab Pakal
Gary Todd (Public Domain)

Parmi les autres caractéristiques intéressantes de la tombe, citons les inscriptions sur les murs qui relatent des épisodes du règne de Pakal (d'où le nom moderne du temple), un étroit conduit d'aération en pierre (psychoduc) qui traverse la pyramide pour relier la tombe au monde extérieur, et exactement 13 sections de toit en encorbellement reliant la tombe à la chambre supérieure, ce qui correspond aux 13 niveaux des cieux chez les Mayas. Ainsi, comme le montre la dalle du sarcophage, la pyramide entière était une métaphore de la descente de Pakal à travers les neuf niveaux du monde souterrain, puis de son ascension de l'Arbre du Monde et des 13 niveaux du ciel, pour finalement atteindre le statut divin. Le tombeau est également intéressant d'un point de vue architectural, car il possède des poutres transversales uniques en pierre, sans doute parce que l'architecte a estimé que les poutres en bois habituelles ne seraient pas assez solides pour soutenir la grande masse de maçonnerie qui se trouve au-dessus. Enfin, le temple est le seul exemple connu d'une pyramide maya construite avant la mort de son occupant.

Temple of the Sun, Palenque
Temple du Soleil, Palenque
Alejandro Linares Garcia (CC BY-SA)

Le groupe de la Croix

Il s'agit d'un ensemble de trois temples - le temple du Soleil, le temple de la Croix et le temple de la Croix foliacée - construits à la fin du VIIe siècle et disposés sur trois côtés d'une place. Chaque temple est construit sur une plate-forme surélevée à laquelle on accède par une volée frontale de marches monumentales, et chacun contient des galeries parallèles avec un passage en encorbellement placé à angle droit, créant ainsi une grande pièce. Tous les trois ont également de grandes structures en guise de toit. Les inscriptions dans les sanctuaires de chacune des structures révèlent qu'elles furent construites en l'honneur de trois dieux de Palenque (connus seulement sous les noms de GI, GII et GIII) par le roi K'an Bahlam (Jaguar serpent) et inaugurées en 692. L'avènement du roi est consigné sur des tablettes dans les trois temples, et il est lui-même représenté à l'âge de six ans, puis de nouveau lorsqu'il est devenu roi, à l'âge de 49 ans.

Les trois temples sont riches en imagerie et en symbolisme mayas. Le sanctuaire intérieur du temple du Soleil comportait un masque du soleil dans son aspect nocturne, le dieu Jaguar du monde souterrain. Les sanctuaires du temple de la Croix et de la Croix feuillue contenaient un arbre mondial au-dessus duquel se trouvait un oiseau quetzal. Les Mayas appelaient ces édifices des bains de sueur ou pibnal, des lieux de cérémonie importants, en particulier avant et après l'accouchement. Ils symbolisent donc peut-être la naissance des dieux et, pris dans leur ensemble, ils peuvent représenter la création maya. L'ensemble des sculptures et des reliefs souligne le rôle du roi en tant que gardien de la fertilité, du maïs et de la pluie, et présente également un lien ancestral clair entre la dynastie Pakal et les dieux.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2014, octobre 07). Palenque [Palenque]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12564/palenque/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Palenque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 07, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12564/palenque/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Palenque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 07 oct. 2014. Web. 10 oct. 2024.

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