Hattis

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 20 janvier 2012
Disponible dans ces autres langues: anglais, italien
Écouter cet article
X
Imprimer l'article
Map of Mesopotamia, c. 1400 BCE (by Javierfv1212, CC BY-SA)
Carte de Mésopotamie, vers 1400 av. JC
Javierfv1212 (CC BY-SA)

Les Hattis étaient un peuple aborigène d'Anatolie centrale (Turquie actuelle) qui apparut pour la première fois dans la région de la rivière Kizilirmak. La conception dominante est qu'ils étaient natifs de la région, bien qu'il ait été suggéré qu'ils aient migré vers la région quelque temps avant 2400 avant notre ère. La région était connue sous le nom de "Terre des Hattis" de 2350 à 630 avant notre ère, ce qui témoigne de l'influence de la culture hattienne. Ils parlaient une langue appelée Hatti et ne semblaient pas avoir de langue écrite propre, utilisant l'écriture cunéiforme pour les échanges commerciaux. La région étant fortement boisée, les Hattis construisaient leurs maisons en bois et vivaient du commerce du bois, des céramiques et d'autres ressources. Leur religion était axée sur le culte d'une déesse mère qui veillait à ce que leurs cultures poussent et que leur bétail reste en bonne santé. Ils élevaient des animaux domestiques et fabriquaient des vêtements et des couvertures en laine de mouton. En tant que société agraire, ils cultivaient également les champs et plantaient des céréales dont ils se nourrissaient principalement, mais complétaient leur alimentation par la chasse. Leur religion étant fondée sur le concept selon lequel tout ce qui se trouvait dans la nature était sacré et possédait un esprit divin, il ne semble pas que la chasse pour la viande ait été une pratique courante et il est possible qu'elle n'ait été pratiquée que lors de festivals spécifiques impliquant la royauté.

Contrôlant un nombre important de cités-états et de petits royaumes, ils avaient établi un commerce lucratif avec la région de Sumer (sud de la Mésopotamie) vers l'an 2700 avant notre ère. L'historien Erdal Yavuz écrit :

Supprimer la pub
Publicité

L'Anatolie offrait un climat doux avec des précipitations fiables et régulières nécessaires à une production agricole régulière. Outre le bois et la pierre indispensables à la construction, mais déficients en Mésopotamie, l'Anatolie possédait de riches mines qui fournissaient du cuivre, de l'argent, du fer et de l'or (1).

Leur commerce avec les villes de Mésopotamie enrichit la région et contribua au développement de leur royaume. L'historien Marc Van De Mieroop inclut les Hattis parmi les nations et les États-nations du consortium diplomatique et commercial qu'il appelle le "Club des grandes puissances". Ce "club", comme le désigne Van De Mieroop, comprenait le Mitanni, la Babylonie, l'Assyrie, les Hattis et l'Égypte, bien qu'au moment où le royaume des Hattis était impliqué dans les relations internationales (c. 1500-1200 avant notre ère), il était gouverné par les Hittites et avait déjà perdu sa langue et sa culture.

En 2500 avant notre ère, les Hattis établirent leur capitale au sommet d'une colline, dans la ville de Hattusa.

En 2500 avant J.-C., les Hattis établirent leur capitale au sommet d'une colline, dans la ville de Hattusa, et détenaient des terres dans les régions environnantes, administrant les lois et réglementant le commerce dans un certain nombre d'États voisins. Entre 2334 et 2279 avant notre ère, le grand Sargon d'Akkad envahit la région après avoir mis à sac la ville d'Ur en 2330 avant notre ère. Il s'attaqua ensuite à Hattusa, mais ne réussit pas à prendre l'avantage sur les défenses de la ville, défenses qui étaient vraiment solides car la ville était située sur un plateau bien défendu et fortifié. Après les campagnes de Sargon dans la région, son petit-fils Naram-Sin (2261-2224 av. J.-C.) poursuivit sa politique, luttant contre le roi hattique Pamba à la fin du 23e siècle avant J.-C. avec aussi peu de succès que son grand-père. Malgré le harcèlement constant des Akkadiens, l'art hattique s'épanouit vers 2200 avant notre ère et, en 2000 avant notre ère, leur civilisation était à son apogée avec des colonies commerciales prospères établies entre Hattusa et leur autre ville de Kanesh et, bien sûr, des relations commerciales continues avec la Mésopotamie.

Supprimer la pub
Publicité

En 1700 avant J.-C., le royaume des Hattis fut à nouveau envahi, cette fois par les Hittites, et la grande ville de Hattusa fut prise d'assaut et détruite par un roi nommé Anitta du royaume voisin de Kussara. Les fouilles effectuées sur le site montrent que la ville fut réduite en cendres. Le roi Anitta avait un tel mépris pour la ville qu'il avait vaincue qu'il maudit le sol et maudit encore plus celui qui reconstruirait Hattusa et tenterait d'y régner. Malgré cela, peu de temps après, la ville fut reconstruite et repeuplée par un futur roi de Kussara qui s'appellait Hattusili. Van De Mieroop en fait la description suivante :

Un souverain appelé Hattusili a créé l'État hittite au début ou au milieu du XVIIe siècle. Héritier du trône de Kussara, il a rapidement vaincu ses concurrents en Anatolie centrale. Parmi ses conquêtes figure la ville de Hattusa, située au centre de la région dans un site stratégique et bien protégé grâce à sa position au sommet d'une colline. Il fit de Hattusa sa capitale, et changea peut-être son nom pour coïncider avec celui de la ville (121).

Le nom Hattusili signifie "Celui de Hattusa" mais il n'est pas clair si le roi prit ce nom après la reconstruction de la ville ou s'il était déjà connu sous cette désignation. Grâce au célèbre document, l'Édit de Télépinu (XVIe siècle avant J.-C.), qui était une stipulation de lois et d'ordonnances basées sur des précédents, les experts modernes ont appris une grande partie de l'histoire des souverains de l'Ancien Empire des Hittites (Hatti y est référencé comme tel) et savent que Hattusili Ier était également connu sous le nom d'"Homme de Kussara". Il est donc probable qu'il ait pris son nouveau nom après avoir occupé Hattusa. Comme les archives de cette période sont rares, les spécialistes ne s'accordent pas sur la date à laquelle Hattusili Ier prit son nom ni sur les raisons de ce changement. On ignore également si la ville fut reconstruite après la conquête d'Anitta (et si Hattusili dut donc la prendre par la force) ou si Hattusili occupa simplement le site et construisit sur les ruines de l'ancienne ville.

Supprimer la pub
Publicité

Hattian Ceremonial Standard
Étalon cérémoniel Hattian
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Les terres des Hattis furent systématiquement conquises par les Hittites et le peuple se fondit dans la culture de ses conquérants. Les Hittites étaient connus sous le nom de Nesili par eux-mêmes et leurs contemporains, et le nom "Hittite" vient des scribes hébreux qui écrivirent les récits bibliques de l'Ancien Testament. Il est possible qu'ils aient migré vers la région ou, plus probablement, qu'ils aient vécu aux côtés des Hattis pendant de nombreuses années avant que les hostilités entre les deux peuples ne commencent. Vers 1650 avant J.-C., les Hittites, sous la direction de Hattusili Ier, vainquirent la dernière résistance des Hattis et réussirent à dominer complètement la région. La région des Hattis en Anatolie resta cependant connue sous le nom de "Terre des Hattis" jusqu'en 630 avant notre ère, comme le montrent les références trouvées dans les écrits des Égyptiens et des Assyriens. L'importance du pays des Hattis dans les relations internationales est attestée par les Lettres d'Amarna, des tablettes cunéiformes découvertes à la fin du 19e siècle à Amarna, en Égypte, qui constituent une correspondance entre le pharaon égyptien et les rois du Mitanni, de Babylone, d'Assyrie et du Hatti. Van De Mieroop écrit :

Les rois se considéraient comme des égaux et s'adressaient les uns aux autres comme des frères. Ils discutaient de questions diplomatiques, notamment de l'échange de biens précieux et de femmes royales, ce qui renforçait les liens entre eux. Si la plupart des lettres sont écrites en babylonien, il y en a deux en hittite, une en hurrienne et une en assyrienne. Ces lettres amarniennes couvrent une courte période de trente ans tout au plus, de 1365 à 1335 environ, mais il est certain que ce type de correspondance a été maintenu tout au long de la période en plusieurs endroits (135).

Les représentations artistiques des Hattis à cette époque dépeignent les gens du peuple avec des nez plus longs et des traits faciaux nettement différents de ceux de leurs dirigeants, ce qui montre clairement les seigneurs hittites et leurs vassaux hattis. Qui étaient les Hattis à l'origine, ou d'où ils venaient, reste un mystère de nos jours en raison de la fusion éventuelle des deux cultures et de l'absence de documents antérieurs. À l'époque de Télépinu, le dernier roi de l'Ancien Empire hittite (qui régna entre 1525 et 1500 avant J.-C.), les Hattis étaient simplement présentés comme une faction gênante de la population, et non comme un groupe ethnique distinct. La civilisation qu'ils avaient fondée peut avoir fourni aux Hittites une culture établie, des accords commerciaux et des progrès agricoles, ainsi qu'une religion, mais il est tout aussi possible que la culture hittite avait déjà ces éléments en place lorsqu'ils marchèrent pour la première fois sur Hattusa. La nature réelle de la relation entre les Hattis et les Hittites reste un mystère à l'heure actuelle et attend la découverte de documents anciens pour être résolue.

Supprimer la pub
Publicité

Bibliographie

World History Encyclopedia est un associé d'Amazon et perçoit une commission sur les achats de livres sélectionnés.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2012, janvier 20). Hattis [Hatti]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-734/hattis/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Hattis." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 20, 2012. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-734/hattis/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Hattis." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 20 janv. 2012. Web. 14 oct. 2024.

Adhésion