Sennachérib

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 15 juillet 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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King Sennacherib (by Osama Shukir Muhammed Amin, Copyright)
Roi Sennachérib
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Sennachérib (r. de 705 à 681 av. J.-C.) était le deuxième roi de la dynastie sargonide d'Assyrie (fondée par son père Sargon II, r. de 722 à 705 av. J.-C.). Il fut l'un des rois assyriens les plus célèbres en raison du rôle qu'il joua dans les récits de l'Ancien Testament biblique (II Rois, II Chroniques et Isaïe).

À l'époque moderne, sa renommée repose également sur le poème The Destruction of Sennacherib (1815) du poète anglais Lord Byron, qui raconte le siège assyrien de Jérusalem en 701 avant notre ère, tel qu'il est relaté dans la Bible. Il est également connu pour être le deuxième roi assyrien à avoir mis à sac les temples de Babylone et à avoir été assassiné pour son affront aux dieux (le premier roi étant Tukulti-Ninurta Ier vers 1225 av. J.-C.). Il est également possible qu'il ait été à l'origine des célèbres jardins suspendus de l'Antiquité.

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Sennachérib abandonna la nouvelle ville de son père, Dur-Sharrukin, et déplaça la capitale à Ninive, qu'il restaura et orna de parcs et de jardins luxuriants. Les jardins suspendus, traditionnellement attribués à Babylone et figurant parmi les sept merveilles du monde antique, sont aujourd'hui considérés par certains érudits comme une création de Sennachérib à Ninive. Son règne fut largement marqué par ses campagnes contre Babylone et les révoltes contre la domination assyrienne menées par un chef de tribu nommé Merodach-Baladan. Après le pillage de Babylone, il fut assassiné par ses fils et c'est son plus jeune fils, Assarhaddon, qui lui succéda (r. de 681 à 669 av. J.-C.).

Début de règne et premier sac de Babylone

Pendant le règne de Sargon II, Sennachérib avait assuré l'administration de l'empire pendant que son père était parti en campagne militaire. D'après les inscriptions et les lettres de l'époque, Sargon II faisait confiance à son fils pour gérer les affaires quotidiennes de l'État, mais ne semblait pas l'estimer en tant qu'homme ou futur roi. L'universitaire Susan Wise Bauer écrit:

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Sargon n'avait apparemment pas hésité à diffuser à l'étranger l'opinion qu'il avait de son fils. Lorsque Sennachérib monta sur le trône, les provinces - convaincues que le prince héritier était désossé et inadéquat - célébrèrent leur libération de la domination assyrienne qui se profilait. (382)

Sennachérib semble avoir considéré son père avec le même dédain; il n'y a aucune mention de Sargon II dans les inscriptions de Sennachérib et aucune trace de monuments ou de temples reliant le règne et les réalisations de Sennachérib à ceux de son père. La nouvelle capitale de Sargon II, Dur-Sharrukin, dont Sennachérib avait dû superviser la construction pendant dix ans, fut abandonnée peu après la mort de Sargon II et la capitale fut transférée à Ninive.

Sennachérib avait passé plus de temps à s'occuper de Babylone et des Élamites et avait consacré plus d'hommes et de ressources à soumettre cette ville que n'importe quelle autre, c'est pourquoi il ordonna de raser Babylone.

Sennachérib ayant été contraint de jouer le rôle de fonctionnaire sous son père, il est compréhensible que le peuple, lors de son accession au trône, ait pu le considérer comme faible; contrairement aux autres rois assyriens du passé, il n'avait jamais accompagné son père en campagne et n'avait donc jamais fait ses preuves au combat.

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L'une de ces campagnes, l'une des dernières que Sargon II ait jamais menées, était contre un chef de tribu nommé Merodach-Baladan qui avait pris la couronne de Babylone et le contrôle de la région méridionale de la Mésopotamie. Sargon II avait vaincu les alliés de Merodach-Baladan, les Élamites, et avait chassé le chef de Babylone, avant de s'emparer de la couronne.

Il commit cependant l'erreur d'épargner la vie de Mérodach-Baladan, lui permettant de rester dans sa ville natale de Bit-Yakin, au bord du golfe Persique, et cette décision causerait à Sennachérib quelques-uns des plus graves problèmes de son règne. Peu après l'accession au trône de Sennachérib, Mérodach-Baladan revint à Babylone à la tête d'une armée composée de membres de sa tribu et de guerriers élamites, assassina le souverain en place dans la ville et s'empara à nouveau du trône.

Sennachérib n'avait rien fait pour s'attirer les faveurs des Babyloniens. Sargon II avait remporté la bataille de Babylone et avait été reconnu comme roi légitime. On aurait pu s'attendre à ce qu'après son couronnement, Sennachérib se rende à Babylone pour "prendre la main de Mardouk" et légitimer son propre règne sur la ville et les régions méridionales. "Prendre la main de Mardouk" signifiait reconnaître cérémonieusement Mardouk comme le dieu de Babylone et montrer son respect pour la ville en tenant la main de la statue du dieu pendant le rituel qui légitimait son règne. Sennachérib avait renoncé à cette coutume et s'était proclamé roi de Babylone sans même prendre la peine de visiter la ville, insultant ainsi Babylone et son dieu principal.

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Neo-Assyrian Empire
L'Empire néo-assyrien
Ningyou (Public Domain)

Les Babyloniens se réjouissaient donc de l'arrivée de Mérodach-Baladan et estimaient n'avoir rien à craindre du nouveau roi assyrien. Sennachérib sembla confirmer leur conviction en 703 avant notre ère en envoyant une armée, dirigée par son commandant en chef et non par lui-même, pour chasser les envahisseurs de Babylone et restaurer le pouvoir assyrien; cette armée fut rapidement vaincue par les forces combinées des Élamites, des Chaldéens et des Araméens. Babylone réorganisa alors ses troupes, juste au cas où les Assyriens décideraient de réessayer, reprit ses activités et continua à ignorer le roi assyrien. Selon Bauer:

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Sennachérib en personne déferla comme la colère d'Assur et perça la ligne de front des alliés, sans faire de pause. Merodach-Baladan quitta le champ de bataille et se cacha dans les marais de Mésopotamie, qu'il connaissait bien, tandis que Sennachérib marchait jusqu'à Babylone, qui ouvrit prudemment ses portes dès qu'elle aperçut le roi assyrien à l'horizon. Sennachérib franchit la porte ouverte, mais choisit d'envoyer un message à Babylone: il mit la ville à sac, emmena près d'un quart de million de captifs, et détruisit les champs et les bosquets de tous ceux qui s'étaient alliés contre lui. (384)

Les habitants de Babylone comprirent rapidement que la piètre opinion qu'ils avaient de Sennachérib était erronée. Au cours de cette première campagne, le nouveau roi se montra un tacticien habile, un chef militaire compétent et un ennemi impitoyable.

Autres rébellions et campagnes

Merodach-Baladan se réfugia en Élam, mais n'y resta pas inactif. Il encouragea d'autres personnes à se révolter contre la domination assyrienne. Parmi eux, le roi Ézéchias de Juda, à qui l'on dit que s'il s'opposait à l'Assyrie, l'Égypte lui viendrait en aide. Peu après la prise de Babylone par Sennachérib, les villes de Tyr et de Sidon sur la Méditerranée se révoltèrent en même temps que les villes philistines d'Ekron et de Lakis en Canaan.

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En 701 avant notre ère, Sennachérib fit entrer ses armées dans la région pour réprimer les révoltes. Le roi d'Ekron, nommé par les Assyriens, fut emmené enchaîné à Jérusalem et remis à Ézéchias qui l'emprisonna. Sennachérib, occupé par le siège de la ville de Lakis, envoya ses émissaires à Jérusalem pour exiger la libération du roi emprisonné et la reddition de la ville. Bauer note qu'" il ne s'agissait pas de n'importe quels envoyés, mais du propre général de Sennachérib, de son officier en chef et de son commandant de campagne, et ils arrivèrent à la tête d'une grande armée " (385). Pendant que ces officiers s'occupaient du problème de Jérusalem, Sennachérib se concentrait sur le siège de Lakis. L'historien Simon Anglim décrit l'assaut assyrien:

À Lakis, la ville fut d'abord encerclée pour empêcher toute fuite. Ensuite, on fit avancer les archers qui, sous le couvert de boucliers géants, dégagèrent les remparts. Le roi utilisa alors la méthode assyrienne qui avait fait ses preuves: il construisit une rampe en terre près du mur ennemi, la recouvrit de pierres plates et fit avancer une machine combinant une tour de siège et un bélier. Les Assyriens organisèrent ensuite un assaut sur deux fronts. La tour fut montée sur la rampe de sorte que le bélier puisse s'appuyer sur le milieu du mur ennemi. Les archers de la tour dégagèrent les créneaux tandis que les archers au sol se rapprochaient du mur pour couvrir l'assaut de l'infanterie à l'aide d'échelles. Les combats semblent avoir été intenses et l'assaut dura probablement plusieurs jours, mais les Assyriens finirent par entrer dans la ville. (190)

The Taylor Prism of King Sennacherib, Nineveh
Le prisme de Taylor du roi Sennachérib, Ninive
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Lakis fut prise et la population massacrée. Ceux qui furent épargnés furent déportés dans des régions assyriennes. Pendant le siège, les envoyés à l'extérieur des portes de Jérusalem négocièrent avec les représentants d'Ézéchias. Qualifiant l'Egypte de "roseau fendu" qui ne pouvait être d'aucun secours pour la ville, le général assyrien s'adressa aux hommes d'Ezéchias à haute voix en hébreu, et non en araméen, afin que ceux qui se trouvaient le long des murs de la ville puissent le comprendre.

Lorsque les représentants d'Ézéchias lui demandèrent de parler en araméen pour que le peuple ne panique pas, le général refusa en disant: "Le message est pour eux aussi. Comme vous, ils devront manger leurs excréments et boire leur urine" (Bauer, 386). Ezéchias libéra le roi d'Ekron et envoya onze tonnes d'argent et une tonne d'or à Sennachérib à Lakis. L'armée assyrienne se retira de Jérusalem pour combattre les Égyptiens à Eltekeh. Elle battit les forces égyptiennes, puis retourna dans la région du Levant et réprima les rébellions d'Ekron, de Tyr et de Sidon.

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Le siège de Jérusalem

Une fois l'ordre rétabli et les populations rebelles décimées et déportées, Sennachérib se tourna à nouveau vers Jérusalem. Bien qu'Ézéchias lui ait versé un généreux tribut, Sennachérib n'était pas du genre à pardonner ni à oublier. Il marcha sur la ville et, selon ses inscriptions, l'assiégea:

Le Juif Ézéchias ne s'est pas soumis à mon joug, j'ai assiégé ses villes fortes, ses forts fortifiés et ses innombrables petits villages, et je les ai conquis au moyen de rampes de terre et de béliers rapprochés des murailles, avec une attaque de fantassins, en utilisant des mines, des brèches ainsi que des tranchées. J'ai chassé 200 150 personnes, jeunes et vieux, hommes et femmes, chevaux, mules, ânes, chameaux, gros et petit bétail sans nombre, et je les ai considérés comme des esclaves. Je l'ai fait prisonnier à Jérusalem, sa résidence royale, comme un oiseau en cage. Je l'ai entouré de terrassements, afin d'attaquer ceux qui étaient à la porte de sa ville. J'ai diminué ainsi son pays, mais j'ai augmenté encore le tribut et les présents que je lui ai imposé en tant que souverain, au-delà de l'ancien tribut qui devait être versé chaque année. Plus tard, Ézéchias lui-même m'a envoyé à Ninive, la ville de mon seigneur, avec 30 talents d'or, 800 talents d'argent, des pierres précieuses, de l'antimoine, de grosses pierres rouges taillées, des divans incrustés d'ivoire, des chaises en nimedu incrustées d'ivoire, des peaux d'éléphant, du bois d'ébène, du buis et toutes sortes de trésors précieux, ses propres filles et ses concubines.

Selon le récit biblique de l'événement, le siège fut levé grâce à l'intervention divine. Le livre de II Rois 18-19, le livre de II Chroniques 32 et le livre d'Isaïe 37 affirment tous que Sennachérib assiégea Jérusalem, mais le prophète Isaïe dit à Ézéchias qu'il n'avait rien à craindre parce que Dieu défendrait la ville.

C'est pourquoi ainsi parle l'Éternel sur le roi d'Assyrie: Il n'entrera point dans cette ville, Il n'y lancera point de traits, Il ne lui présentera point de boucliers, Et il n'élèvera point de retranchements contre elle.

Il s'en retournera par le chemin par lequel il est venu, Et il n'entrera point dans cette ville, dit l'Éternel.

Je protégerai cette ville pour la sauver, A cause de moi, et à cause de David, mon serviteur.

Cette nuit-là, l'ange de l'Éternel sortit, et frappa dans le camp des Assyriens cent quatre-vingt-cinq mille hommes. Et quand on se leva le matin, voici, c'étaient tous des corps morts.

Alors Sanchérib, roi d'Assyrie, leva son camp, partit et s'en retourna; et il resta à Ninive.

(II Rois 19 : 32-36)

C'est cet événement qui inspira à Lord Byron son poème de 1815, The Destruction of Sennacherib, qui fit du nom du roi un mot familier puisque les écoliers devaient l'apprendre par cœur et le réciter régulièrement. À force de répétition, même ceux qui ne connaissaient pas l'histoire de II Rois ont fini par comprendre que le roi assyrien avait été vaincu par le dieu des Hébreux.

Cependant, bien avant que Byron n'écrive son poème, les chroniqueurs assyriens avaient écrit sur les campagnes militaires de Sennachérib et, contrairement à l'inscription du roi, aucun d'entre eux ne mentionne la prise de Jérusalem, pas plus que la Bible. Si la Bible mentionne bien les 46 villes de Juda tombées aux mains des Assyriens (selon l'inscription de Sennachérib), elle affirme que Jérusalem n'en fait pas partie. En outre, bien que le palais de Sennachérib à Ninive ait été décoré de reliefs illustrant ses campagnes et ses victoires, y compris de nombreux détails sur le siège de Lakis, Jérusalem n'apparaît jamais.

Assyrian Soldiers
Soldats assyriens
Jan van der Crabben (CC BY-NC-SA)

Les spécialistes ont cité le récit d'Hérodote sur les malheurs des Assyriens lors de la bataille contre l'Égypte dans la ville de Pelusium, en relation avec leur siège de Jérusalem. Hérodote écrit que le chef égyptien Sethos pria son dieu de l'aider à vaincre l'imposante force assyrienne, et le dieu envoya dans le camp assyrien "une nuée de mulots [qui] rongèrent leurs carquois et leurs arcs, ainsi que les poignées de leurs boucliers, si bien que le lendemain, sans armes, ils ne purent que fuir, et leurs pertes furent lourdes" (II.141).

On pense que les deux récits font référence à une peste qui aurait frappé le camp assyrien et dévasté l'armée en deux occasions distinctes. Quoi qu'il arrive en dehors de Jérusalem, qu'il s'agisse de l'intervention de Dieu, d'une peste ou de l'intervention de Dieu sous forme de peste, la ville resta intacte et Sennachérib retourna à Ninive.

Projets de construction et invasion de l'Élam

De retour à Ninive, il se consacra à de nouveaux projets de construction. Il avait déjà commandé la rénovation de la ville et s'occupa désormais personnellement de la construction de parcs, de jardins et de vergers. Il aimait particulièrement les fleurs et les plantes et importait des spécimens de tout l'empire pour ses jardins publics. Il accorda une attention particulière à son palais qu'il appela "le palais sans rival", la même expression que son père avait utilisée pour décrire le palais de Dur-Sharrukin. L'érudit Christopher Scarre écrit:

Le palais de Sennachérib possédait tous les attributs habituels d'une grande résidence assyrienne: des statues de gardiens colossales et des reliefs de pierre sculptés impressionnants (plus de 2 000 dalles sculptées dans 71 pièces). Ses jardins étaient également exceptionnels. Des recherches récentes menées par l'assyriologue britannique Stephanie Dalley ont suggéré qu'il s'agissait des célèbres jardins suspendus, l'une des sept merveilles du monde antique. Des auteurs ultérieurs ont placé les jardins suspendus à Babylone, mais des recherches approfondies n'ont pas permis d'en retrouver la trace. Le récit de Sennachérib, fier des jardins du palais qu'il a créés à Ninive, correspond à celui des jardins suspendus par plusieurs détails significatifs. (231)

Pendant qu'il s'occupait de projets de rénovation et de construction à Ninive, des troubles éclataient dans le sud. Après avoir pris Babylone, Sennachérib plaça sur le trône un fonctionnaire de confiance nommé Bel-ibni pour gouverner à sa place. Bel-ibni avait été élevé aux côtés de Sennachérib à la cour assyrienne et était considéré comme digne de confiance.

Il s'avéra que, malgré sa loyauté, Bel-ibni était un dirigeant incompétent qui laissait les régions méridionales agir à leur guise. Merodach-Baladan était revenu de sa cachette et provoquait des troubles dans toute la région. Sennachérib marcha à nouveau vers le sud pour réprimer les révoltes. Il renvoya Bel-ibni à Ninive et nomma son propre fils et héritier désigné, Assur-nadin-shumi, à la tête de Babylone.

Il se lança ensuite à la poursuite de Merodach-Baladan, équipant une vaste armée pour trouver et tuer le chef rebelle mais, lorsqu'ils le localisèrent enfin, il était mort de causes naturelles. Sennachérib retourna à Ninive, mais il fut bientôt appelé à reprendre la campagne. Les Élamites avaient enlevé Assur-nadin-shumi vers 695 avant notre ère et revendiquaient Babylone. Sennachérib vainquit les Babyloniens, reprit la ville et exécuta les rebelles, mais il n'avait aucune nouvelle du sort de son fils et aucune demande de rançon n'avait été remise.

Cette action "provoqua une véritable guerre entre l'Assyrie, Babylone et l'Élam. Les combats durèrent quatre ans" (Bauer, 388). Sennachérib monta une gigantesque expédition pour envahir l'Élam, avec des navires phéniciens et toute la puissance de l'armée assyrienne. Le roi élamite rassembla ses forces et marcha à la rencontre des Assyriens sur les rives du Tigre. Les inscriptions de Sennachérib décrivent la première bataille:

La poussière de leurs pieds couvrait les vastes cieux comme une puissante tempête, et ils se rangèrent en bataille devant moi sur les rives du Tigre, Ils m'ont bloqué le passage et m'ont offert la bataille. J'ai revêtu ma cotte de mailles. J'ai mis sur ma tête mon casque, emblème de la victoire. Dans la colère de mon cœur, je suis monté à la hâte sur mon grand char de bataille, qui abaisse l'ennemi. J'ai saisi dans mes mains l'arc puissant que m'avait donné Assur, j'ai saisi le javelot qui transperce la vie. J'ai arrêté leur marche et je les ai encerclés. J'ai décimé l'armée ennemie à coups de flèches et de lances. J'ai transpercé tous leurs corps. Je les ai égorgés comme des agneaux, j'ai coupé leurs précieuses vies comme on coupe une ficelle. Comme les eaux d'une tempête, j'ai fait couler le contenu de leurs gorges et de leurs entrailles sur la terre. Mes chevaux de course, attelés pour ma chevauchée, ont plongé dans les vapeurs de leur sang comme dans une rivière. Les roues de mon char de guerre, qui abat les méchants et les malfaiteurs, étaient couvertes de crasse et de sang. J'ai rempli la plaine des corps de leurs guerriers, comme de l'herbe. Je leur ai coupé les testicules et j'ai déchiré leurs parties intimes comme les graines des concombres en juin. Puis ils m'ont fui. Ils ont retenu leur urine, mais ils ont laissé leurs excréments s'écouler dans leurs chars. J'ai tué par l'épée 150 000 de leurs guerriers.

Bien que la bataille ait été couronnée de succès, la guerre fut perdue et Sennachérib retourna à Ninive. Aucune inscription ne mentionne le sort de son fils, mais on pense qu'il aurait été exécuté vers 694 avant notre ère. Babylone et les régions méridionales restèrent sous contrôle élamite. Sennachérib retourna à ses projets de construction et semble avoir décidé de laisser Babylone tranquille.

Stele of King Sennacherib
Stèle du roi Sennachérib
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Sac de Babylone et mort de Sennachérib

À la mort du roi élamite l'année suivante, Sennachérib mobilisa ses forces et frappa Babylone à l'improviste. La ville tomba et il renvoya le prétendant au trône à Ninive, enchaîné. Ayant passé plus de temps durant son règne à s'occuper de Babylone et des Élamites, et ayant dépensé plus d'hommes et de ressources pour soumettre la ville que pour n'importe quelle autre campagne, il ordonna de raser la ville. Ses inscriptions décrivent la destruction:

J'ai détruit, j'ai dévasté, j'ai incendié. J'ai rasé la muraille et l'enceinte, les temples et les dieux, les tours de briques et de terre, aussi nombreuses qu'elles étaient, et je les ai jetées dans le canal d'Arahtu. J'ai creusé des canaux au milieu de la ville, je l'ai inondée... Afin que, dans les jours à venir, on ne se souvienne plus de l'emplacement de cette ville, de ses temples et de ses dieux, je l'ai complètement effacée par des inondations d'eau et je l'ai rendue semblable à une prairie. J'ai enlevé la poussière de Babylone pour en faire des cadeaux aux peuples les plus éloignés.

Babylone fut détruite et la statue de leur dieu Marduk fut ramenée à Ninive. Sennachérib n'aurait plus à se préoccuper de savoir qui régnait à Babylone et quels étaient les problèmes qu'ils causaient; la ville n'existait plus. Sennachérib pensait peut-être que Babylone ne lui causerait plus de problèmes, mais il se trompait. Comme sous le règne de Tukulti-Ninurta Ier, le peuple fut indigné par la destruction de la grande ville par Sennachérib et, de plus, par le sacrilège qu'il avait commis en pillant les temples et en emportant la statue de Marduk. Bauer commente :

Transformer Babylone en lac - recouvrir d'eau la terre civilisée, ramener la cité de Marduk au chaos primordial - était une insulte au dieu. Sennachérib aggrava la situation en ordonnant que la statue de Marduk soit ramenée en Assyrie. (389)

Les Assyriens et les Babyloniens vénéraient un grand nombre de dieux identiques - même s'ils portaient souvent des noms différents - et cette insulte à Marduk, le dieu qui avait fait sortir l'ordre du chaos, était intolérable et conduisit à l'assassinat du roi.

Le livre biblique II Rois 19:37 relate la mort de Sennachérib:

Un jour, alors que [Sennachérib] se prosternait dans le temple de son dieu Nisrok, ses fils Adrammelek et Sharezer le tuèrent par l'épée et s'enfuirent au pays d'Ararat. Assarhaddon, son fils, lui succéda comme roi.

Les inscriptions assyriennes affirment également qu'il fut tué par ses fils, mais divergent sur la question de savoir s'il fut poignardé ou écrasé. L'érudit Stephen Bertman écrit:

Sennachérib a été poignardé à mort par un assassin (peut-être l'un de ses fils) ou, selon un autre récit, a été écrasé par le poids monumental d'un taureau ailé sous lequel il se tenait par hasard. (102)

Quelle que soit la manière dont il perdit la vie, on pense qu'il fut tué à cause de la façon dont il avait traité Babylone, bien que le choix de son héritier ait pu également jouer un rôle dans sa mort. On sait que l'assassinat de Tukulti-Ninurta Ier, également par ses fils, fut une conséquence directe du sac de Babylone, et il est donc possible que les scribes ultérieurs aient confondu le motif de l'assassinat de Sennachérib avec celui de Tukulti-Ninurta Ier, mais il est tout aussi possible que le roi ait été tué parce qu'il avait écarté les fils de sa reine pour la succession et avait choisi le plus jeune, Assarhaddon, fils de Zakutu (c. 728 - c. 668 av. J.-C.), l'une de ses épouses secondaires.

Après l'enlèvement d'Assur-nadin-shumi, Sennachérib avait dû choisir un autre héritier et, en 683 avant notre ère, il avait choisi Assarhaddon qui était non seulement le plus jeune, mais qui n'était pas un fils de la reine de Sennachérib, Tashmetu-sharrat (d.c. 684/681 av. J.-C.). Les frères aînés auraient certainement pu être incités à tuer leur père suite à cette rebuffade afin de s'emparer du trône, mais ils auraient eu besoin d'une raison légitime pour le faire ; la destruction de Babylone leur aurait fourni cette justification.

Après l'assassinat de Sennachérib, Assarhaddon monta sur le trône et vainquit les factions de son frère au cours d'une guerre civile de six semaines. Il fit ensuite exécuter les familles et les associés de ses frères. Une fois son règne assuré, il promulgua de nouveaux décrets et de nouvelles proclamations, dont l'une des premières concernait la restauration de Babylone.

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Questions & Réponses

Qui était Sennachérib?

Sennachérib (r. de 705 à 681 av. J.-C.) était le roi de l'empire néo-assyrien surtout connu grâce la Bible et pour son siège de Jérusalem. Il est également le roi néo-assyrien qui détruisit Babylone.

Pourquoi Sennachérib est-il célèbre?

Sennachérib est célèbre dans la Bible (II Rois, II Chroniques, Isaïe) et est surtout connu pour le récit de II Rois 19 dans lequel son armée est vaincue par une intervention divine.

Pourquoi Sennachérib a-t-il détruit la ville de Babylone?

Sennachérib a détruit Babylone parce que la ville était trop indépendante et suscitait constamment la rébellion contre son règne.

Comment est mort Sennachérib?

Sennachérib fut assassiné par ses fils - peut-être parce qu'il les avait écartés et avait choisi comme successeur son plus jeune fils, né d'une seconde épouse - mais la raison officielle donnée est qu'il aurait été tué pour venger sa destruction de Babylone.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2014, juillet 15). Sennachérib [Sennacherib]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-499/sennacherib/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Sennachérib." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 15, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-499/sennacherib/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Sennachérib." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 15 juil. 2014. Web. 07 oct. 2024.

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