Jacques-Pierre Brissot

Définition

Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 19 décembre 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Jacques-Pierre Brissot de Warville (by Jean-Baptiste Fouquet, Public Domain)
Jacques-Pierre Brissot de Warville
Jean-Baptiste Fouquet (Public Domain)

Jacques-Pierre Brissot de Warville (1754-1793) était un journaliste, abolitionniste et homme politique français qui joua un rôle de premier plan dans la Révolution française (1789-1799). Chef de file des Girondins, une faction politique modérée, Brissot contribua à impliquer la France dans les guerres révolutionnaires françaises (1792-1802). Il est également connu pour avoir fondé les Amis des Noirs, une société abolitionniste française.

Fils d'aubergiste, Brissot se fit connaître pendant la Révolution avec son journal Le Patriote Français et fut élu à l'Assemblée législative en 1791. Alors que la Révolution semblait terminée, il fit plus que tout autre individu pour conduire la France à la guerre contre le reste de l'Europe, convaincu que la France ne pouvait consolider ses acquis révolutionnaires que par la conquête militaire. Il devint la figure de proue des Girondins modérés, travaillant avec eux pour épargner la vie du roi Louis XVI (r. de 1774 à 1792) et pour décentraliser le pouvoir de Paris; ces deux projets finirent par échouer. Après que l'insurrection du 2 juin 1793 eut conduit à la chute des Girondins, Brissot fut arrêté. Il fut exécuté avec 20 de ses collègues le 31 octobre 1793, victimes du règne de la Terreur.

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Jeunesse

Brissot vit le jour le 15 janvier 1754 à Chartres, en France, et fut baptisé sous le nom de Jacques-Pierre le jour suivant; son nom est parfois enregistré par erreur comme Jean-Pierre, une erreur qui peut être retracée dans un pamphlet d'attaque de 1793 écrit par Camille Desmoulins. Il était le 13e enfant d'une famille de 17 personnes, fils d'un aubergiste. Dès son plus jeune âge, Brissot fit preuve d'une mémoire extraordinaire et d'un goût prononcé pour l'apprentissage, ce qui conduisit ses parents à l'envoyer s'instruire au collège de Chartres. Au cours de ses études, il se familiarisa avec les œuvres des philosophes du siècle des Lumières tels que Voltaire et Jean-Jacques Rousseau et se désillusionna du christianisme et de l'état de la France sous l'Ancien Régime.

Son admission au barreau de Paris lui fut refusée en raison de ses pamphlets radicaux et contestataires.

Finalement, il décida d'étudier le droit. En 1774, il quitta Chartres pour Paris afin de poursuivre une carrière juridique et trouva un emploi de clerc d'avocat. À son arrivée à Paris, il ajouta "de Warville" à son nom, du nom d'un petit village où son père possédait des terres; il sera plus tard critiqué pour cela, car cela laissait entendre un désir de distinctions aristocratiques. Brissot ne tarda pas à se lasser du monde juridique, offensé par les injustices dont il était témoin au sein du système judiciaire français. Il abandonna ses ambitions de devenir avocat au profit d'une carrière de journaliste; ses premiers pamphlets, qui critiquaient le système judiciaire, ne rapportèrent pas grand-chose et il fut obligé de demander à sa mère de lui envoyer de l'argent. Plus tard, son manque incessant d'argent l'obligerait à demander à contrecœur son admission au barreau de Paris, mais celle-ci lui serait refusée en raison de ses pamphlets radicaux et contestataires.

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Le journalisme pré-révolutionnaire

Le 17 septembre 1782, Brissot épousa, en toute discrétion, Félicité Dupont, une gouvernante de la maison du duc d'Orléans. Ils gardèrent leur mariage secret pour éviter que Félicité ne soit associée au radicalisme de Brissot. Peu de temps après, le couple s'installa à Londres. Pendant qu'il y vivait, Brissot fit la connaissance de philosophes et d'écrivains tels que Joseph Priestley et Jeremey Bentham. C'est peut-être cette association avec des penseurs célèbres qui l'amena à cofonder le journal Journal du Lycée de Londres, qui était une collaboration planifiée des intellectuels européens pour s'élever contre le despotisme partout dans le monde. Le projet finit par échouer et endetta Brissot profondément.

Portrait of Jacques-Pierre Brissot de Warville
Portrait de Jacques-Pierre Brissot de Warville
François Bonneville (Public Domain)

À Londres, Brissot continua à écrire des pamphlets sur les questions du jour, dont beaucoup étaient des attaques contre le système juridique français. L'un de ces ouvrages, Théorie des lois criminelles, était un plaidoyer pour une réforme pénale qui critiquait l'utilisation de la peine de mort. Publié en 1781, Brissot en avait apparemment soumis une ébauche à Voltaire en 1778. Le pamphlet était extrêmement polémique et fut considéré comme une attaque contre le gouvernement à proprement parler. En conséquence, Brissot fut arrêté à son retour à Paris en 1784 et emprisonné à la Bastille. Il y croupit pendant quatre mois jusqu'à sa libération, en partie grâce aux efforts de sa femme qui fit appel à ses relations dans la maison du duc d'Orléans. Brissot ne semble pas avoir retenu la leçon, puisqu'en 1785, il publia une lettre ouverte à Joseph II, empereur du Saint Empire romain germanique, dans laquelle il soutenait le droit des sujets à se révolter contre un monarque injuste. Cette lettre suscita à nouveau des troubles, obligeant Brissot à s'enfuir à Londres.

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Abolitionnisme

Lors de son second séjour à Londres, Brissot fit la connaissance de Thomas Clarkson, un éminent abolitionniste anglais qui cherchait à mettre fin au commerce des esclaves dans l'Empire britannique. Clarkson invita Brissot à assister à une réunion de la Société abolitionniste anglaise, ce qui amena Brissot à réfléchir à l'impact du colonialisme et de l'esclavage sur sa France natale.

Le club de Brissot exigeait l'abolition complète de l'esclavage plutôt que la fin du commerce des esclaves.

À la fin des années 1780, l'économie française était encore fortement tributaire de ses colonies, en particulier des revenus lucratifs des plantations de sucre de Saint-Domingue (Haïti), de la Guadeloupe et de la Martinique. Situées dans les Caraïbes, ces colonies avaient besoin d'un flux constant d'esclaves africains pour répondre aux besoins de la production; les conditions de vie épouvantables dans ces plantations entraînaient des taux de mortalité extrêmement élevés parmi les esclaves. Les esclaves étaient également très demandés dans la colonie française de Louisiane. Par conséquent, le commerce d'esclaves français était une affaire monumentalement rentable, certains marchands d'esclaves voyant des pourcentages de profit dépassant les 100 %.

Brissot, qui s'était consacré aux valeurs de liberté et d'égalitarisme du siècle des Lumières, était dégoûté par l'existence de la traite des esclaves dans son pays. Suivant l'exemple de Clarkson, il fonda son propre club d'abolition en février 1788, qui prit le nom de Société des amis des Noirs. Le club de Brissot était plus radical que son homologue anglais, car il demandait l'abolition complète de l'esclavage plutôt que la fin de la traite des esclaves. Le club comptait parmi ses membres des personnalités éminentes comme le marquis de Condorcet, le comte de Mirabeau et Étienne Clavière, qui aidaient tous Brissot à rédiger et à distribuer des ouvrages antiesclavagistes.

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French Anti-slavery Pamphlet
Brochure anti-esclavage française
Society of the Friends of the Blacks (Public Domain)

Après le déclenchement de la Révolution, les membres de la Société portèrent leur message devant l'Assemblée nationale constituante, mais ils furent souvent rabroués par les députés qui avaient des intérêts financiers dans le commerce des esclaves. Antoine Barnave, président du Comité des colonies, publia un rapport prônant le maintien de la traite négrière, ce qui amena Brissot à le dénoncer publiquement. La Société trouverait un soutien dans le Club radical des Jacobins, dont l'influence ne cessait de croître ; les Jacobins finiraient par abolir l'esclavage en février 1794, mais Brissot ne vivrait pas assez longtemps pour le voir.

Voyages en Amérique et Patriote Français

En juin 1788, après s'être forgé une réputation de lobbyiste anti-esclavagiste, Brissot se rendit aux États-Unis. Débarquant à Boston, il s'émerveilla de la "simplicité, de la bonté et de la dignité des hommes qui est la possession de ceux qui réalisent leur liberté" (Schama, 583). Brissot rendit visite aux abolitionnistes américains mais chercha également à rencontrer les membres éminents de la convention constitutionnelle américaine afin de mieux comprendre la jeune république. Au début de l'année 1789, il fut élu membre honoraire étranger de l'Académie américaine des arts et des sciences, et il envisagea même de s'installer définitivement aux États-Unis avec sa famille, qui comptait désormais trois enfants.

Il se trouvait à Philadelphie en mai 1789 lorsque la Révolution française commença. Rentrant très vite à Paris, Brissot fonda un journal révolutionnaire intitulé Le Patriote Français, qu'il dirigea de 1789 à 1793. Ce journal fut l'un des plus populaires à être imprimé à Paris pendant la Révolution, malgré sa prose relativement sèche. Grâce à son journal, Brissot devint une autorité révolutionnaire respectée et exerçait une énorme influence. Dans un numéro d'octobre 1790, Le Patriote Français publia une longue lettre soutenant que les cheveux des patriotes devaient être courts, droits et non poudrés: "Cette coiffure est la seule qui convienne aux républicains: simple, économique, demandant peu de temps, elle est insouciante et assure ainsi l'indépendance de la personne; elle témoigne d'un esprit réfléchi, assez courageux pour défier la mode" (Schama, 525). L'influence du journal fut telle que cette coiffure patriotique fut très vite en vogue.

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Brissot avait toujours eu un penchant pour le républicanisme et il annonça son soutien à l'établissement d'une République française en juillet 1791, après que le roi Louis XVI eut tenté, sans succès, de fuir la France et de fomenter une contre-révolution lors de la fuite de Varennes. Brissot se présenta devant le Club des Jacobins, où il s'était fait connaître pour son éloquence, et attaqua l'idée que le roi était inviolable et au-dessus de toute poursuite. Brissot travailla avec son collègue journaliste Camille Desmoulins (1760-1794) et le leader révolutionnaire Georges Danton (1759-1794) pour rédiger une pétition demandant la déposition du roi et l'organisation d'un référendum public sur le maintien de la monarchie. Lorsque 50 000 manifestants se réunirent pour signer la pétition le 17 juillet, ils furent pris pour cible par les gardes nationaux lors de la fusillade du Champ-de-Mars.

Champ de Mars Massacre
Fusillade du Champ-de-Mars
Unknown Artist (Public Domain)

Le chef du "parti de la guerre".

Deux mois après le massacre, l'Assemblée nationale constituante adopta enfin une constitution et la France devint une monarchie constitutionnelle. Brissot fut l'un des 745 hommes élus au nouveau gouvernement, l'Assemblée législative. Il était désormais une personnalité connue et populaire, et devint rapidement l'une des voix les plus influentes de cette nouvelle assemblée. Au départ, il se rangea du côté des Jacobins radicaux qui partageaient nombre de ses convictions en matière de démocratie et d'abolition. Cependant, il ne fallut pas longtemps pour que lui et ses partisans rompent avec les autres Jacobins sur la question de la guerre.

Depuis le début de la Révolution, des tensions s'étaient développées avec les voisins de la France, dont beaucoup se sentaient menacés par la rhétorique de plus en plus extrême des révolutionnaires. En août 1791, l'Autriche et la Prusse publièrent la déclaration de Pillnitz, une déclaration commune qui menaçait la France révolutionnaire d'une invasion militaire si le roi et la reine de France venaient à être blessés. Bien que la déclaration ait été remplie de menaces en l'air, Brissot la prit comme un défi et commença à faire pression en faveur d'une guerre préventive.

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Le 14 octobre 1791, Brissot prononça un discours devant l'Assemblée dans lequel il esquissa une vaste conspiration européenne visant à détruire à jamais la puissance française. Le vieil ennemi de la France, l'Autriche, était à la tête de ce complot et devait être détruit avant qu'il ne parvienne à ses fins. Il proclama que les nations d'Europe, asservies par des tyrans, ne permettraient jamais à une nation libérée comme la France d'exister; pour garantir les acquis de la Révolution, les Français devaient se lancer dans une "croisade universelle" pour porter la Révolution au-delà de ses frontières et dans tous les coins de l'Europe. Ce n'est que par la victoire militaire et la conquête que les despotes seraient contraints d'accepter ce nouvel ordre de liberté, d'égalité et de fraternité. "Je vous dis, conclut Brissot, que vous devez venger votre gloire ou vous condamner à un éternel déshonneur" (Schama, 593).

Le discours de Brissot fut bien accueilli et applaudi par les députés de tout le spectre politique. Au cours des mois suivants, son appel aux armes serait repris par des députés partageant les mêmes idées, que l'on appellerait au départ les Brissotins, puis plus communément les Girondins, car beaucoup d'entre eux étaient originaires du département de la Gironde, dans le sud-ouest de la France. Sans être un parti politique au sens moderne du terme, les Girondins étaient une coalition souple de députés idéologiquement similaires, dont beaucoup étaient des orateurs dynamiques qui gagnaient les votes des députés indécis grâce à leur rhétorique enflammée. Parmi les Girondins éminents, on trouvait Pierre Vergniaud, Madame Roland et Jérôme Pétion, bien que Brissot ait été considéré comme leur figure de proue et leur chef officieux.

Pierre Vergniaud
Pierre Vergniaud
Adélaïde Labille-Guiard (Public Domain)

À la fin de l'année 1791 et au début de l'année 1792, les Girondins, qui étaient devenus le parti pro-guerre, reçurent suffisamment de soutien pour dominer l'Assemblée législative, Brissot étant lui-même responsable du Comité diplomatique, d'importance capitale. Cependant, tout le monde n'était pas d'accord avec eux. Maximilien Robespierre (1758-1794), l'étoile montante du Club des Jacobins, pensait que la guerre mettrait fin à la Révolution. Robespierre affirmait que la guerre pouvait facilement conduire à la destruction de la France aux mains de ses ennemis ou à la montée d'une dictature militaire depuis l'intérieur.

Robespierre et Brissot s'opposaient fréquemment au sein du Club des Jacobins, leur désaccord se transformant rapidement en une haine personnelle et amère. Cette haine se refléta dans leurs factions respectives; les Jacobins qui s'opposaient aux Girondins formèrent leur propre faction, appelée la Montagne. Cependant, la Montagne n'était pas assez puissante pour arrêter les Girondins, animés par la ferveur de la guerre. La France déclara la guerre à l'Autriche le 20 avril 1792, marquant le début de 23 années de guerre quasi ininterrompue.

La Gironde contre la Montagne

La déclaration de guerre ne fit qu'exacerber la haine entre les Girondins et la Montagne, une rivalité qui mènerait aux jours sombres de la Terreur. Les premières défaites françaises dans la guerre de la Première Coalition (1792-1797) virent une armée prussienne commencer à avancer vers Paris; la peur d'une attaque radicalisa de nombreux Parisiens, conduisant à des massacres hystériques tels que les massacres de septembre 1792. Brissot fut rendu responsable de la situation, et sa vie fut sauvée de justesse par Georges Danton qui résista aux appels à son emprisonnement.

Brissot et ses amis avaient l'intention d'endiguer le radicalisme croissant de la Révolution, mais après l'été 1792, ils constatèrent qu'il était trop tard. La monarchie fut renversée et une République fut déclarée, tandis que la faction extrémiste de la Montagne prenait toujours plus de pouvoir. En octobre 1792, Brissot et d'autres Girondins furent expulsés du Club des Jacobins. Cela n'avait guère d'importance car Brissot avait créé sa propre base de pouvoir et bénéficiait toujours d'un soutien important au sein du nouveau gouvernement provisoire, la Convention nationale. Alors que les armées françaises conquirent la Belgique à la fin de l'année 1792, Brissot prônait l'extension de la guerre et réussit à convaincre la Convention de déclarer la guerre à la Grande-Bretagne et à la République néerlandaise en février 1793. Il prédit à tort que les sans-culottes britanniques étaient sur le point de se rebeller, transformant ainsi la Révolution française en une révolution mondiale. "Nous ne serons pas calmés, déclara-t-il, tant que l'Europe, toute l'Europe, ne sera pas en flammes !" (Doyle, 201)

Paris National Guard Goes to War, September 1792
La Garde nationale de Paris entre en guerre, septembre 1792
Léon Cogniet (Public Domain)

Alors que Brissot prédisait de grands triomphes militaires, à l'intérieur, les Girondins perdaient du terrain face à la Montagne. À la fin de l'année 1792, les Girondins s'étaient disputés âprement avec la Montagne au sujet du sort du roi déchu. Alors que la Montagne voulait l'exécuter sans procès, les Girondins espéraient épargner sa vie. Brissot fit valoir que le tuer priverait la France d'une précieuse monnaie d'échange avec ses ennemis. Il proposa plutôt d'organiser un référendum afin que toute la France puisse décider du sort de Louis. Finalement, un procès fut organisé et le roi fut guillotiné; le procès et l'exécution de Louis XVI témoignent de la diminution de l'influence des Girondins.

Le conflit amer suivant entre la Gironde et la Montagne porta sur le concept de "fédéralisme", qui faisait référence à la centralisation du pouvoir à Paris par rapport à la dispersion du pouvoir dans tout le pays. La Montagne, dont la base du pouvoir reposait sur les sans-culottes de Paris, estimait que ce qui était bon pour la capitale était bon pour la nation. Les Girondins, qui venaient pour la plupart de la province, pensaient que les foules de Paris empêchaient le reste de la nation d'avoir son mot à dire dans la politique nationale. Au printemps 1793, ce débat s'envenima, les Girondins accusant la Montagne de dictature, et la Montagne accusant les Girondins de vouloir fragmenter la nation.

Chute et exécution

À cette époque, la guerre tourna de nouveau contre la France. La bataille de Neerwinden, le 18 mars 1793, avait vu une défaite française décisive, conduisant les Autrichiens à reconquérir la Belgique. Quelques semaines plus tard, le général français Charles-François Dumouriez, allié des Girondins, passa du côté autrichien. En avril et mai, les attaques contre les Girondins par des journalistes radicaux montagnards se multiplièrent. Les Girondins furent accusés d'être des agents étrangers qui avaient déclenché la guerre pour détruire la France et qui prônaient le fédéralisme pour diviser la république. Desmoulins publia une condamnation particulièrement brutale contre Brissot en personne, intitulée Brissot démasqué, dans laquelle il affirmait que Brissot avait été autrefois un espion de la police pour l'Ancien Régime. Brissot nia ces allégations, mais elles entachèrent sa réputation de façon permanente.

Ce n'était qu'une question de temps avant que les foules de Paris ne s'en mêlent. De nombreux Parisiens croyaient vraiment que les Girondins étaient contre eux et se rendirent en grand nombre à la Convention nationale le 2 juin 1793, exigeant l'arrestation de 22 Girondins de premier plan. 80 000 Parisiens et gardes nationaux encerclèrent le palais des Tuileries; lorsque François Hanriot, commandant de la garde nationale, menaça de faire sauter la porte avec ses canons, la Convention céda et ordonna l'arrestation des Girondins. La chute des Girondins de la Convention conduisit à la domination de la Montagne et à la période de la Terreur.

Execution of Brissot
Exécution de Brissot
Bibliothèque nationale de France (Public Domain)

Brissot et ses alliés furent placés en résidence surveillée. Beaucoup s'échappèrent de Paris, se rendant dans le département pro-girondin de Normandie, d'où ils commencèrent à inciter les révoltes fédéralistes contre la domination jacobine. Brissot lui-même fut l'un des premiers Girondins à échapper à son emprisonnement à Paris. Il partit pour Caen, en Normandie, mais fut retenu à Chartres, sa ville natale, où il fut pris en train de voyager avec de faux papiers. Renvoyé à Paris, Brissot fut jugé avec 21 de ses compagnons Girondins en octobre 1793 devant le Tribunal révolutionnaire.

La Terreur battait son plein et le procès des Girondins ne fut que pure façade: aucun document ne fut présenté comme preuve, aucun avocat ne fut commis d'office et les accusés n'eurent même pas le droit de parler pour leur propre défense. Le 30 octobre 1793, les Girondins furent reconnus coupables et condamnés à mort. Le lendemain, ils furent entassés dans une charrette et conduits à la guillotine, en chantant la Marseillaise. Brissot fut exécuté avec ses amis, à l'âge de 39 ans. Ils furent enterrés côte à côte dans le cimetière de la Madeleine.

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Questions & Réponses

Qui était Jacques-Pierre Brissot ?

Jacques-Pierre Brissot était un journaliste, abolitionniste et homme politique français qui joua un rôle important dans la Révolution française. Il joua un rôle déterminant dans l'engagement de la France dans les guerres révolutionnaires françaises (1792-1802) et fut l'un des leaders des Girondins modérés pendant la Révolution.

Qu'est-ce que la Société des Amis des Noirs ?

La Société des Amis des Noirs était une société abolitionniste française fondée par Jacques-Pierre Brissot en 1788. La société prônait non seulement la fin de la traite des esclaves, mais aussi l'abolition complète de l'esclavage et l'égalité des droits pour les personnes de couleur.

Qui étaient les Brissotins dans la Révolution française ?

Pendant la Révolution française, les Brissotins (également connus sous le nom de Girondins) étaient un groupe politique modéré qui préconisait que la France déclare la guerre à l'Autriche, marquant ainsi le début des guerres révolutionnaires françaises. Plus tard, ils tentèrent en vain de sauver le roi Louis XVI de l'exécution et de décentraliser le pouvoir de Paris.

Pourquoi Jacques-Pierre Brissot fut-il exécuté ?

Jacques-Pierre Brissot et les Girondins furent chassés du pouvoir le 2 juin 1793 après avoir été déposés par une insurrection populaire à Paris. Accusés d'être des agents étrangers, ils furent jugés devant le Tribunal révolutionnaire et guillotinés le 31 octobre 1793.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2022, décembre 19). Jacques-Pierre Brissot [Jacques-Pierre Brissot]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21388/jacques-pierre-brissot/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Jacques-Pierre Brissot." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 19, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21388/jacques-pierre-brissot/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Jacques-Pierre Brissot." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 19 déc. 2022. Web. 14 oct. 2024.

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