L'architecture de l'Empire byzantin (IVe - XVe siècle de notre ère) s'inscrit dans la continuité des premières traditions romaines, mais les architectes ajoutèrent également de nouvelles structures à leur répertoire déjà formidable, notamment des murs de fortification améliorés et des églises à coupole. Les architectes s'intéressaient également davantage à l'intérieur des bâtiments qu'à leur extérieur. Le christianisme influença des développements tels que la conversion de la basilique séculaire en une magnifique église dotée d'un impressionnant plafond en dôme. Les bâtiments byzantins, en général, continuèrent à utiliser les ordres classiques mais devinrent plus éclectiques et irréguliers, peut-être à l'origine parce que les anciens bâtiments païens étaient utilisés comme carrières pour fournir des pièces de pierre éclectiques pour les nouvelles structures. L'accent mis sur la fonction plutôt que sur la forme est un aspect particulier de l'architecture byzantine, qui mêle les influences du Proche-Orient au riche patrimoine architectural romain et grec. L'architecture byzantine influença ensuite l'architecture chrétienne orthodoxe, ce qui explique qu'on la retrouve encore aujourd'hui dans les églises du monde entier.
Architecture romaine
Byzance étant la moitié orientale de l'Empire romain à ses débuts, il n'est pas surprenant que les traditions romaines se soient perpétuées dans l'architecture ainsi que dans d'autres aspects de la culture. Les zones urbaines byzantines se caractérisent par de fortes traces d'urbanisme, de grands espaces ouverts à usage commercial et public, de larges rues régulières - dont la plupart étaient pavées et les plus importantes dotées de portiques - et l'utilisation de monuments publics tels que les statues de personnages importants, les arcs monumentaux et les portes de la ville. Les services publics de base que sont l'hippodrome, l'amphithéâtre et les bains publics sont toujours présents, mais certains bâtiments de l'époque romaine sont tombés en désuétude, notamment le gymnase et le stade d'athlétisme et, finalement, le théâtre, car les pantomimes paillardes qui y étaient jouées suscitaient la désapprobation de l'Église. Au fur et à mesure que ces bâtiments, et en particulier les temples païens, tombaient en désuétude, leurs matériaux étaient réutilisés, donnant naissance à de nouvelles structures avec un mélange éclectique de colonnes et de chapiteaux au sein d'une même structure, ce qui devint finalement un trait caractéristique des bâtiments byzantins, et la stricte uniformité des bâtiments classiques fut abandonnée.
Les villas romaines dotées de cours intérieures privées restaient réservées aux riches, tandis que les membres les plus pauvres de la société vivaient dans des immeubles de base à plusieurs étages (insulae) dont les rez-de-chaussée étaient souvent utilisés comme boutiques et tavernes. La majeure partie de la population bénéficiait cependant de l'accès à l'eau courante, à des fontaines et à des systèmes de drainage, grâce à un réseau bien conçu de canalisations, d'aqueducs et de citernes.
Architectes et matériaux
La construction des bâtiments byzantins était supervisée par deux spécialistes: le mechanikos (ou mechanopoios), sorte d'ingénieur mathématicien, et l'architekton, le maître d'œuvre. L'un ou l'autre de ces personnages supervisait un large groupe d'artisans spécialisés dans la maçonnerie, la charpenterie, la peinture murale et la réalisation de mosaïques. Tout comme les artistes byzantins, les architectes étaient généralement anonymes et très peu étaient nommés après le VIe siècle. Si le projet de construction concernait un bâtiment impérial ou une église, l'empereur ou l'évêque était impliqué. Dans le cas de commanditaires privés, ils avaient également leur mot à dire sur l'aspect du bâtiment une fois terminé. Les dessins de conception semblent avoir suivi des conventions établies et avoir été sommaires, ce qui indique une grande part d'improvisation sur place.
Tout comme les architectes romains, les Byzantins utilisaient la brique pour de nombreux bâtiments, et elle devint l'élément de base de la construction. Un peu plus grandes que les briques romaines, celles utilisées à Constantinople, par exemple, étaient carrées et mesuraient jusqu'à 38 cm de côté et 6,5 cm de haut. Les briques étaient utilisées pour créer des murs en posant deux faces et en versant des gravats et du mortier entre elles. Le mortier était composé de chaux, de sable et de briques ou de galets concassés. De temps à autre, une couche de renforcement entièrement constituée de briques traversait l'ensemble du mur. Contrairement aux murs romains, la version byzantine n'utilisait pas de noyau en béton (pouzzolane), de sorte que si le parement était endommagé, le noyau finissait par l'être aussi. Une autre différence résidait dans le fait que les constructeurs byzantins utilisaient une couche de mortier beaucoup plus épaisse entre les briques, probablement par souci d'économie, car moins de briques étaient alors nécessaires. Une conséquence malheureuse de cette pratique est qu'en séchant, le mortier se déforme, ce qui explique que de nombreux édifices byzantins souffrent de distorsions, voire d'effondrements partiels. Les briques étaient également utilisées pour les dômes, les arcs et les voûtes, ce qui nécessitait souvent des briques deux fois plus grandes que la taille standard.
Les blocs de pierre de taille, plus populaires dans la moitié orientale de l'Empire byzantin, constituaient une alternative à la brique. Certains bâtiments, en particulier au VIe siècle de notre ère, combinaient les deux et comportaient une partie inférieure en briques et une partie supérieure en blocs de pierre taillée. Ces matériaux et leur utilisation dans les bâtiments byzantins restèrent pratiquement inchangés jusqu'au 14e siècle. Le marbre, matériau coûteux, était généralement réservé aux colonnes, aux chapiteaux, aux corniches, aux architraves et aux éléments décoratifs tels que les encadrements de portes, les grilles de fenêtres et les dallages.
L'extérieur de certains bâtiments était parfois recouvert d'un enduit, mais ce n'était pas courant. L'intérieur des bâtiments faisait l'objet d'une attention beaucoup plus grande, tous les murs étant généralement recouverts de plâtre, de stuc, de fines plaques de marbre, de peintures et de mosaïques. Les bâtiments impériaux et les basiliques importantes recevaient plus de marbre que n'importe où ailleurs, le marbre du Proconnèse provenant de l'île de Proconnèse (alias île de Marmara) dans la mer de Marmara étant le plus courant. Le prestige du marbre coloré s'inscrivait dans la tradition romaine occidentale, et il était donc importé d'Égypte et de Phrygie. Les toitures des églises et des maisons étaient le plus souvent en bois.
Églises
À partir de Constantin Ier (r. de 306 à 337), au IVe siècle de notre ère, des églises furent construites partout pour promouvoir la nouvelle religion chrétienne et imposer l'autorité impériale dans des lieux très éloignés, de la capitale à Jérusalem. La construction d'églises et de sanctuaires (martyria) était également motivée par la volonté de marquer les lieux importants pour l'histoire chrétienne et ses saints, les tombes des saints et des martyrs ou leurs reliques, ainsi que le site où un ascète célèbre avait pu résider. Ainsi, de Thessalonique à Antioche, les églises devinrent des centres de pèlerinage à part entière. De nombreuses petites églises et chapelles modestes furent construites pour desservir des communautés plus petites. D'autres bâtiments étroitement associés à l'église, en particulier les basiliques, comprenaient un baptistère, généralement octogonal, et parfois un mausolée pour le fondateur de l'église et ses descendants, une résidence pour l'évêque, des entrepôts, des bureaux administratifs, peut-être un sanctuaire contenant la tombe d'un saint, et des thermes.
Si la brique, la pierre ou un mélange des deux pour créer des motifs décoratifs étaient les matériaux les plus souvent utilisés pour les églises byzantines, nombre d'entre elles étaient simplement des temples païens convertis ou d'autres bâtiments séculiers. L'église de la Rotonde de Thessalonique en est un bon exemple. Probablement destinée à l'origine à servir de mausolée à l'empereur Galère et construite sous son règne de 305 à 311 de notre ère, elle fut convertie en église au cours des IVe et VIe siècles. De nombreux autres bâtiments réutilisèrent les blocs de pierre de haute qualité et les fûts de colonnes des structures de l'époque romaine. Les anciens chapiteaux furent également réutilisés, bien que les Byzantins aient ajouté des décorations sculptées plus complexes et plus profondes à leurs propres chapiteaux corinthiens, et qu'ils aient souvent ajouté une imposte (à partir du 4e siècle de notre ère) au-dessus du chapiteau à proprement parler. Il s'agissait d'une pierre unie qui permettait d'obtenir la base plus large nécessaire pour soutenir de lourds arcs. Les impostes sont généralement de forme trapézoïdale et portent un monogramme ou une croix.
La plupart des premières églises suivaient le plan de la basilique romaine, un bâtiment utilisé pour les rassemblements publics, en particulier les tribunaux et les marchés. La longue salle de la basilique et son toit en bois étaient soutenus par des colonnes et des piliers sur tous les côtés. Les colonnes créaient une nef centrale flanquée de tous les côtés d'une allée. Une galerie faisait le tour du premier étage et, plus tard, une abside fut aménagée à l'une des extrémités ou aux deux. À partir du Ve siècle, l'église basilicale se répandit dans tout l'Empire byzantin. Au VIe siècle, le toit de bois standard céda la place à une voûte en dôme dans les basiliques les plus importantes. Il existe de nombreuses variantes dans la conception des basiliques: elles peuvent avoir trois, quatre ou cinq nefs, certaines ont des intérieurs beaucoup plus sombres, comme celles d'Arménie, tandis que d'autres, en Syrie, sont beaucoup plus monumentales et utilisent des blocs de pierre massifs. Plusieurs centaines de basiliques furent construites dans tout l'empire, l'une des plus grandes étant celle de Lechaion, près de Corinthe. La basilique de Saint-Léonidas y mesurait 110 mètres de long et 30 mètres de large. L'une des plus belles basiliques conservées est l'église Sainte Irène à Istanbul (milieu du VIe siècle et remodelée au VIIIe siècle).
Au IXe siècle, les églises continuaient d'être construites en grand nombre, mais à plus petite échelle, car les populations urbaines diminuaient et la grande basilique n'était plus nécessaire. Désormais, une église ne devait plus accueillir qu'une centaine de fidèles. Il n'y avait pas de plan officiel imposé par la hiérarchie ecclésiastique, mais le plan en croix carrée devint le plus courant avec une coupole construite sur quatre arcs de soutien utilisant des pendentifs - des formes triangulaires courbées pour combler l'écart entre les arcs adjacents et convertir une base carrée en une base circulaire. La base carrée de l'édifice se ramifie ensuite en travées qui peuvent elles-mêmes avoir un plafond en demi-coupole ou en coupole. Une autre caractéristique commune est une abside centrale avec deux absides latérales à l'extrémité est de l'église.
Au fil du temps, la coupole centrale s'éleva de plus en plus haut sur un tambour polygonal qui, dans certaines églises, est si haut qu'il prend l'apparence d'une tour. L'église des Apôtres de Thessalonique, au début du XIVe siècle, est un bel exemple de ce style, ainsi que de la maçonnerie à motifs. La coupole devint une représentation impressionnante du ciel et était décorée en tant que telle, une représentation de Jésus-Christ y étant très souvent peinte. En outre, la nécessité structurelle des quatre arcs soutenant la coupole créa un plan en forme de croix, autre symbole fort de la fonction de l'édifice. Ce type d'église fut construit dans tout l'Empire byzantin et la Grèce, en particulier, en possède encore de beaux exemples à Athènes, Thessalonique, Mistra et dans de nombreuses îles.
Sainte-Sophie
La plus grande, la plus importante et la plus célèbre des églises byzantines, voire de tout autre édifice, est Sainte-Sophie de Constantinople, dédiée à la sainte sagesse (hagia sophia) de Dieu. Elle fut construite en 532-537, sous le règne de Justinien Ier (r. de 527 à 565), sur le site de deux versions plus modestes datant du IVe siècle de notre ère. L'édifice est unique et n'a jamais été égalé, ni en taille ni en conception, par aucun bâtiment byzantin ultérieur (bien qu'il soit devenu un modèle pour les mosquées ottomanes à partir du XVIe siècle). Sa forme rectangulaire de base mesure 74,6 x 69,7 mètres (245 x 229 pieds). Son immense plafond en forme de dôme s'élève à 55 mètres au-dessus du sol et repose sur quatre arcs massifs avec quatre pendentifs de soutien. Il s'agissait d'une réalisation spectaculaire, et Justinien se vantait d'avoir réussi à surpasser Salomon, mais c'était trop beau pour être vrai, et le dôme s'effondra en 558, ses fissures ayant été aggravées de manière catastrophique par deux tremblements de terre. Un dôme de remplacement, structurellement plus solide, plus nervuré et plus pentu, mesurant 31,8 mètres de diamètre, fut construit et subsiste encore aujourd'hui (malgré des effondrements partiels en 989 et 1346). La basilique Sainte-Sophie était la plus grande église du monde jusqu'au XVIe siècle et l'une des plus décorées, ses mosaïques et ses peintures murales scintillantes séduisant toujours les visiteurs.
Monastères
Les lieux spécifiquement dédiés aux communautés monastiques apparurent à partir du 4e siècle de notre ère. Ils formaient généralement de petits villages entourés d'un haut mur d'enceinte et comprenant une église indépendante, un réfectoire pour les repas en commun, des bains, une bibliothèque, des ateliers, des logements et parfois une auberge pour les pèlerins. Des monastères pouvaient également être construits dans les villes; Constantinople en comptait 30 au milieu du VIe siècle. De nombreux monastères byzantins sont encore en activité aujourd'hui. Le Mont Athos (à partir du IXe siècle), en Grèce, en est un exemple spectaculaire. Un autre excellent exemple est le monastère bien préservé de Sainte-Catherine, au mont Sinaï, en Égypte, datant du milieu du VIe siècle.
Ponts
Les ponts étaient, comme à l'époque romaine, d'importants éléments de liaison dans le système byzantin de routes et d'aqueducs. Un bel exemple du VIe siècle subsiste au-dessus de la rivière Sangarius (Sakarya) en Turquie. Construit à l'aide de gros blocs de pierre de taille, il s'étend sur 428 mètres et comprend sept arches, chacune d'une portée d'environ 23 mètres. Le pont possédait autrefois une porte monumentale de 10 mètres de haut. Un exemple de pont à arche unique se trouve près d'Elazig, dans l'est de la Turquie. Datant lui aussi du VIe siècle, il s'élève à 10 mètres au-dessus de la rivière et s'étend sur 17 mètres.
Fortifications
Au IVe siècle de notre ère, les cultures voisines des deux moitiés de l'Empire romain représentaient une menace croissante. L'empereur Constantin Ier entreprit de mieux défendre Constantinople en prolongeant les digues et en construisant un nouveau mur d'enceinte sur la péninsule où se trouvait la capitale. Pour augmenter l'espace à l'intérieur des fortifications de la ville, Théodose II (r. de 408 à 450 de notre ère) construisit un second mur, plus grand, qui fut connu sous le nom de "murs de Théodose". Constituée de trois murs et d'un fossé de protection, la troisième muraille était la plus massive, avec une épaisseur de 5 mètres, une hauteur de 12 mètres et 96 tours en saillie. Chaque tour était distante d'environ 70 mètres et atteignait une hauteur de 20 mètres. Construites en briques et en pierre calcaire, ces murailles protégeraient la plus grande ville du Moyen Âge pendant plus de 800 ans.
Le 6e siècle fut marqué par un projet de construction massive de forts, de murs et de tours afin de mieux protéger les sections les plus vulnérables des frontières de l'empire (qui s'étendaient à peu près partout, de la Mésopotamie aux Balkans). De nombreuses fortifications romaines étaient régulièrement entretenues, comme celles de Nicée, dans le nord-ouest de l'Anatolie, où les murs de la ville furent réparés aux 8e, 9e et 13e siècles. Quelques-unes de ces fortifications sont encore en bon état aujourd'hui, par exemple à Zénobie (Halabiye) sur l'Euphrate.
Habitations
Très peu de vestiges subsistent de l'architecture domestique byzantine. La plupart des habitations étaient construites en bois et en briques de terre, mais la pierre était utilisée pour les propriétaires les plus riches. Les villas continuèrent à suivre le modèle romain jusqu'au VIe siècle, puis la tendance passa aux maisons plus petites, même si certaines grandes maisons irrégulières continuaient à être construites, parfois avec des balcons au deuxième étage. La plupart des maisons n'avaient pas l'eau courante, mais les meilleures maisons dans les villes avaient généralement leurs propres toilettes qui se vidaient dans une fosse d'aisance. Les Byzantins avaient l'habitude d'embellir les bâtiments les plus ternes avec des soieries fines et des tentures murales. Les peintures, en particulier les icônes, constituaient une autre source de décoration.
Les villes étaient toujours alimentées en eau par des aqueducs (les aqueducs romains étaient encore utilisés et régulièrement réparés) et des citernes. Les citernes souterraines d'Istanbul, avec leurs centaines de colonnes soutenant des plafonds en arc et en dôme, constituent l'une des réalisations architecturales byzantines les plus impressionnantes que l'on puisse encore voir aujourd'hui. Les meilleurs exemples sont les citernes Jere-batan Serai et Bin-bir-derek, datant des Ve et VIe siècles.
Héritage
L'influence de l'architecture byzantine se répandit par la conquête et l'imitation. Constantinople fut, pendant des siècles, la capitale de la chrétienté, et les souverains chrétiens du monde entier cherchèrent à s'approprier le prestige de ses glorieux édifices dans leurs propres villes. Ainsi, la basilique Saint-Marc de Venise, datant du XIe siècle, copia un modèle byzantin déjà vieux de 500 ans. Les princes russes furent également impressionnés et construisirent des églises orthodoxes de style byzantin. Même les pays ayant une forte tradition architecturale, comme l'Arménie et la Géorgie, reprirent des éléments de l'architecture byzantine. Enfin, le clergé lui-même copia les plans des églises et des monastères byzantins et assura leur survie, même lorsque l'Empire byzantin s'était effondré depuis longtemps. Des centaines d'églises furent détruites lors de la conquête de l'Empire, beaucoup furent converties en mosquées, mais il en reste suffisamment pour révéler l'ambition des architectes byzantins et de leurs commanditaires. En outre, dans les endroits où le christianisme est revenu, des restaurations ont été effectuées et de nombreux bâtiments byzantins sont encore utilisés aujourd'hui, de Corfou au Sinaï.