Odoacre

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Yves Palisse
publié le 20 septembre 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Odoacer Solidus (Coin) (by Saperaud, CC BY-SA)
Solidus d'Odoacre
Saperaud (CC BY-SA)

Odoacre (433-493, r. 476-493), également connu sous le nom d'Odovacer, Flavius Odoacre et Flavius Odovacer, fut le premier roi d'Italie. Son règne devait marquer la fin de l'Empire romain. C'est lui en effet qui déposa le dernier empereur, Romulus Augustulus, le 4 septembre 476. À l'origine simple soldat dans l'armée romaine, il gravit un à un les échelons de la hiérarchie militaire jusqu'à devenir général. Il fut ensuite choisi pour régner après que le général mercenaire Oreste eut refusé d'accorder des terres en Italie à ses soldats. C'est alors qu'ils proclamèrent Odoacre comme leur chef. Le sénat romain approuva la nomination d'Odoacre et lui accorda le statut honorifique de patricien. Il fournit à ses soldats les terres qui leur avait été promises, gouverna conformément aux préceptes de l'Empire romain et administra l'Italie avec discernement jusqu'à ce qu'il ne soit vaincu, puis assassiné par Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths (475-526). Bien que certains historiens considèrent le règne d'Odoacre comme peu digne d'intérêt et affirment qu'il n'aurait introduit aucune réforme, il sut néanmoins préserver l'ordre, la culture et les derniers vestiges de la civilisation de l'Empire romain, ce qui, au vu des circonstances dans lesquelles il régna, ne constitue pas un mince exploit.

Jeunesse et ascension au pouvoir

On ne sait rien de précis sur la jeunesse d'Odoacre. On considère généralement qu'il est d'origine germanique, mais l'identité de ses parents, la façon dont il fut élevé et même le lieu où il grandit font l'objet d'un âpre débat entre historiens. Ils s'accordent cependant à dire qu'il était le fils d'Edecon le Hun, roi de la tribu germanique des Skires et proche collaborateur d'Attila. C'est du reste Edecon, alors embassadeur d'Attila à Rome, qui révéla à ce dernier un complot romain visant à l'assassiner et le fit ainsi échouer. Après la mort d'Attila et la dissolution de l'empire hunnique, Odoacre aurait combattu pour son père avant de rejoindre l'armée romaine, d'en gravir les échelons pour finalement s'emparer du pouvoir. S'il semble évident qu'Odoacre ait bien été le fils d'Edecon, le problème que se posent les historiens est le suivant: 'de quel Edecon s'agit-il?'. L'auteur du VIe siècle, Jordanès, affirme que le père d'Odoacre était un dénommé Edika, de la tribu des Skires, mais ne l'associe nullement à Edecon le Hun. Une grande partie du travail de Jordanès est cependant contestée par les chercheurs modernes, et la plupart des historiens s'accordent à dire qu'Edecon le Huns était bien le père d'Odoacre. L'historien Hyun Jin Kim décrit Odoacre comme 'le fils célèbre d'Edecon' et note que ses compétences militaires étaient comparables à celles des Huns (96). L'historien Peter Heather abonde dans le même sens:

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Ce qui est passionnant avec Edecon, c'est qu'il est devenu roi des Skires après la mort d'Attila alors qu'il n'en était pas un lui-même. Il doit probablement ses droits au trône au fait qu'il avait épousé une noble Skire de haute naissance, puisque ses enfants, Odoacre et Onoulphous, auraient eu une mère skire. Mais Edecon lui-même est qualifié de Hun ou de Thuringien (228).

Cependant, d'autres historiens contestent ces affirmations. Ils suggèrent qu'Edecon le Hun n'était pas le père d'Odoacre. Pour eux en effet, le nom de son père était Edika, un ressortissant de la tribu des Skires qui n'avait rien à voir avec Edecon. Cependant, comme la majorité des études se range du côté des historiens tels que Hyun et Heather, Edecon a été identifié comme le père d'Odoacre, qui était effectivement marié à une femme noble de la tribu des Skires.

Odoacre intervient pour la première fois dans l'histoire dans un rôle mineur, celui d'un soldat appelé Odovacrius, qui combat les Wisigoths en 463. Il est également mentionné dans la Vie de Saint Séverin d'Eugippius (Ve siècle), où il est dit qu'avec une poignée de compagnons, il s'arrêta chez le saint pour lui demander sa bénédiction, et que Séverin aurait prophétisé à Odoacre: 'Rend-toi en Italie, et bien que tu sois maintenant vêtu de peaux de mauvaise qualité, tu pourras bientôt offrir de riches présents à de nombreuses personnes'. Bien que cette prophétie se soit avérée exacte, il n'est pas certain qu'Eugippius ait écrit cette anecdote avant ou après l'arrivée au pouvoir d'Odoacre. Cette histoire pourrait être une insertion ultérieure dans la vie du saint, écrite pour lui prêter le don de prophétie.

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LES RELATIONS D'ODOACRE AVEC SES TROUPES ÉTAIENT EMPREINTES DE RESPECT MUTUEL. MALGRÉ CELA, SON PREMIER ACTE EN TANT QUE ROI FUT DE RÉDUIRE À NÉANT TOUTE OPPOSITION ET DE S'IMPOSER COMME UN MONARQUE À CRAINDRE ET À QUI IL VALAIT MIEUX OBÉIR.

En tout état de cause, en l'an 470, Odoacre était un officier d'une armée romaine d'Italie sur le déclin. Jules Népos (430-480) avait été nommé empereur d'Occident par l'empereur byzantin d'Orient Léon Ier (401-474). Népos avait désigné un général du nom d'Oreste à la tête de l'armée, en dépit des souhaits et de l'avis du sénat romain. Le sénat ne faisait pas confiance à Oreste parce qu'il n'était pas de souche patricienne et qu'il avait combattu pour les armées d'Attila contre Rome. Il était aussi, selon eux, beaucoup trop populaire auprès des troupes dont il avait pris le commandement. L'historien Gibbon écrit:

Ces troupes étaient depuis longtemps habituées à révérer le caractère et l'autorité d'Oreste, qui affectait leurs manières, conversait avec elles dans leur propre langue et était intimement lié à leurs chefs nationaux par de longues habitudes de familiarité et d'amitié (547).

À peine Oreste avait-il été élevé au rang de commandant en chef de l'armée, en 475, qu'il la fit marcher contre Népos, qui prit le chemin de l'exil. Les soldats encouragèrent alors Oreste à se déclarer empereur, mais il refusa et décida plutôt de faire couronner son fils adolescent, Romulus Augustule (c. 460-500 de notre ère). En récompense des services rendus à Oreste lors de la déposition de Népos, et pour augmenter les arriérés de salaire qu'ils estimaient mériter, les soldats exigèrent que leur soit accordé un droit de propriété sur le tiers des terres d'Italie. Cependant, cette requête soulevait un grave problème: ces terres étaient déjà occupées. Il aurait donc fallu procéder à des expulsions, or bon nombre des occupants étaient des citoyens romains. Gibbon écrit:

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Oreste, avec un courage digne d'éloges en toute autre circonstance, préféra affronter la rancoeur d'une foule en armes plutôt que de contribuer à la ruine d'un peuple innocent. Il repoussa donc la présomptueuse demande. Son refus fit cependant les affaires d'Odoacre, un barbare audacieux, qui assura à ses compagnons d'armes que, s'ils avaient le courage de s'unir sous son commandement, ils seraient bientôt en mesure d'obtenir par la force la justice qui avait été refusée à leurs légitimes requêtes (547).

Les soldats passèrent dans le camp d'Odoacre, et Oreste s'enfuit dans la ville de Pavie où il se mit en devoir de préparer sa défense. Odoacre marcha sur la ville et, alors qu'elle semblait sur le point de succomber, Oreste s'échappa et forma une autre armée à Plaisance. Odoacre le poursuivit, le vainquit en bataille et le fit exécuter. Il fut ensuite déclaré roi d'Italie le 23 août 476. Les membres restants de l'armée romaine refusèrent cependant de l'accepter et un dernier combat, connu sous le nom de bataille de Ravenne, eut lieu le 2 septembre 476; Odoacre en sortit victorieux. Deux jours plus tard, le 4 septembre 476, Romulus Augustule était déposé. L'Empire romain d'Occident avait vécu. L'empereur déposé fut envoyé en Campanie dans une sorte de résidence surveillée assortie d'une pension annuelle fixe. Il devait bientôt disparaître de l'histoire. Le sénat romain, qui fonctionnait encore, approuva le couronnement d'Odoacre et écrit à l'empereur d'Orient (Zénon) qu'il ne jugeait plus nécessaire d'avoir un empereur occidental à Rome dans la mesure où l'empire pouvait facilement être gouverné depuis Constantinople à l'est et par un roi à l'ouest. À propos de cette situation, l'historien Guy Halsall écrit:

La réponse de Zénon fut cinglante. Il réprimanda le sénat romain pour avoir tué un empereur envoyé par l'Orient (Anthemius) et exilé un autre (Julius Népos). Il l'exhorta à accepter le retour de Julius. En outre, si Julius souhaitait accorder le patriciat à Odoacre, c'était à lui seul d'en décider. Ainsi, après avoir été réprimandé par la cour impériale et ne disposant d'aucun autre moyen de légitimation, Odoacre fit ce que bien d'autres commandants militaires dans la même situation avaient fait avant lui: il s'autoproclama roi (281).

Comme il avait déjà été proclamé roi par ses propres troupes et que sa position avait été approuvée par le sénat romain, Odoacre tourna sa déclaration personnelle comme une acceptation de l'honneur qui lui était fait. Il voulait peut-être aussi faire comprendre qu'il se sentait digne d'être roi au même titre que n'importe quel autre monarque. Il se peut que cette déclaration ait été spécialement adressée à Zénon afin d'indiquer clairement qu'Odoacre avait l'intention de régner à sa guise conformément aux préceptes de l'Empire d'Occident et qu'il ne cherchait pas à obtenir l'approbation explicite de Zénon. Bien qu'initialement mécontent de ce qui lui apparaissait comme une usurpation, Zénon reconnut que le fait d'avoir un roi barbare à l'ouest, au lieu d'un co-empereur, augmenterait considérablement son prestige en tant que seul dirigeant de l'Empire romain. Il approuva donc le règne d'Odoacre (sans doute en pensant qu'il pourrait toujours trouver un moyen de se débarrasser de lui par la suite). Ainsi, à l'âge d'environ 42 ans, Odoacre devenait l'homme le plus puissant d'Italie.

Map of Odoacer's Italy in 480 CE
Carte de l'Italie d'Odoacre en 480 ap. J.-C.
Thomas Lessman (CC BY-SA)

Règne

Tout au long de son règne, Odoacre ne se serait qualifié de 'roi d'Italie' qu'une seule fois dans sa correspondance. Ses sujets l'appelaient simplement Dominus Noster ('notre seigneur') et les autres le considéraient comme le roi de la tribu ou de la région dont il était question à ce moment-là. Ses relations avec ses troupes, qu'il avait dotées de terres et de demeures dans tout le pays, restaient empreintes de respect et d'admiration mutuels. Il était par ailleurs réputé pour son humilité. Cependant, même ainsi, ses premiers actes en tant que roi furent de réduire à néant ceux qui étaient susceptibles de s'opposer à lui et de s'imposer comme un monarque à craindre et à qui il valait mieux obéir. En octobre 476, il fit l'acquisition de la Sicile par un traité avec les Vandales et, tout au long de l'année 477, il travailla à consolider son pouvoir et à renforcer les frontières du nouveau royaume d'Italie. Lorsque Jules Népos fut assassiné dans sa villa de Dalmatie en 480, Odoacre se mit en route afin de mettre la main sur ses assassins, les fit exécuter et en profita pour rattacher la Dalmatie (l'actuelle côte orientale de la mer Adriatique) à son royaume.

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Bien que les historiens modernes fassent preuve d'une méfiance parfois justifiée vis à vis de l'œuvre qu'Édouard Gibbon rédigea au XVIIIe siècle (car Gibbon a tendance à prendre pour argent comptant les sources qui correspondent à sa vision de l'histoire et à rejeter celles qui le contredisent, aussi sérieuses soient-elles), son évaluation du règne d'Odoacre est exacte. Gibbon décrit la façon dont Odoacre obtint son poste du sénat romain et comment il bénéficia de son soutien indéfectible tout au long de son règne. Au lieu de s'écarter du modèle romain, Odoacre l'adopta et se conduisit comme un dirigeant romain, adoptant même le prénom 'Flavius'. Voici ce qu'écrit Gibbon à ce sujet:

Les lois des empereurs étaient strictement appliquées, et l'administration civile de l'Italie était encore exercée par le préfet prétorien et ses subordonnés. Odoacre délégua aux magistrats romains l'impopulaire et oppressive tâche de collecter les impôts publics tout en s'attribuant le mérite de l'organisation des si populaires distractions saisonnières. Comme tous les barbares, il avait été élevé dans l'hérésie arienne; mais il vénérait les personnalités monastiques et épiscopales; le silence des catholiques à ce sujet atteste la tolérance dont ils jouissaient (549).

Le fait qu'Odoacre, qui avait été élevé en tant qu'arien, permette que le trinitarisme soit pratiqué dans tout son royaume sans que cela ne soulève de problèmes témoigne de la sagesse et de la tolérance de son règne. L'hérésie dite arienne consistait à croire que Jésus était un être créé par Dieu, et donc ne lui était pas égal. Par conséquent, les ariens ne croyaient pas en la trinité. Constantin le Grand avait tellement détesté l'hérésie arienne qu'il avait ordonné que tous les ouvrages ariens soient brûlés. Les conflits entre les chrétiens ariens et les chrétiens trinitaires (catholiques) avaient déjà provoqué des troubles de l'ordre public par le passé, et il en serait de même plus tard. La tolérance d'Odoacre à l'égard du trinitarisme et la poursuite d'autres pratiques et politiques de Rome témoignent de sa prudence dans la mesure où, en fin de compte, il ne gouvernait qu'avec l'approbation du sénat et grâce à son intercession en sa faveur auprès de Zénon à Constantinople.

Théodoric et la mort d'Odoacre

Nonobstant le consentement du sénat, c'était Zénon qui de loin détenait le plus grand pouvoir sur le règne et la destinée d'Odoacre. En 487, Odoacre envahit la vallée du Danube (qu'il contrôlait) pour contenir le pouvoir de la tribu des Ruges, qui gagnait de plus en plus d'influence dans cette région. Il vainquit les Ruges et conduisit leur roi Feletheus et sa femme Gisa à Ravenne, où ils furent exécutés. Frédéric, le fils de Feletheus, leva une armée pour reconquérir le royaume, mais fut vaincu au combat par Onoulphous, le frère d'Odoacre. Frédéric survécut à la bataille et se réfugia auprès du roi des Ostrogoths, Théodoric. Odoacre se sentit sans doute plus en sécurité dans son royaume après la guerre contre les Ruges, mais cette victoire allait fournir à Zénon le prétexte qu'il cherchait pour destituer le roi d'Italie. Puisque la seule excuse d'Odoacre pour son attaque contre les Ruges était une augmentation de leur zone d'influence (et non une rébellion), Zénon fut en mesure de déclarer qu'Odoacre se comportait comme un tyran qu'il fallait destituer, justifiant ainsi une action militaire contre lui.

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Zénon avait accédé à la demande du sénat romain à la seule condition qu'Odoacre serve plus ou moins de doublure à Julius Nepos et qu'il lui cède la place en cas de retour de ce dernier. Or, la mort de Népos rendait le règne d'Odoacre incontestable et ses campagnes en Dalmatie troublaient Zénon, qui y voyait la preuve du pouvoir croissant d'Odoacre ainsi que de son indépendance vis à vis de Rome. En outre, le soutien d'Odoacre au général Illus, qui s'était révolté contre le pouvoir de Zénon et lui avait causé de nombreux déboires, irritait encore plus Zénon. L'historien Herwig Wolfram commente ce fait de la façon suivante: 'Les relations précaires entre Constantinople et le royaume d'Italie se détériorèrent encore davantage lorsqu'Odoacre se prépara à une intervention en Orient aux côtés du parti anti-Zénon' (278). Après la guerre contre les Ruges, Zénon vit là l'occasion de se débarrasser d'Odoacre et conclut avec le roi des Goths Théodoric un traité qui stipulait que: 'après la défaite d'Odoacre, Théodoric, en échange de son soutien, devait gouverner l'Italie pour l'empereur jusqu'à ce qu'il arrive en personne' (Wolfram, p. 279). Il existe encore aujourd'hui un débat sur la question de savoir si c'est Zénon ou Théodoric qui avait suggéré d'envahir l'Italie et de déposer Odoacre, mais la majorité des historiens pensent qu'il s'agissait de Zénon, ce que les preuves en ce qui concerne les relations entre les deux hommes semblent confirmer.

Théodoric avait lui aussi causé beaucoup de soucis à Zénon. Élevé et éduqué à la cour de Constantinople, Théodoric comprenait parfaitement de quelle manière la puissance militaire se traduisait en pouvoir politique. Ainsi, une fois que Zénon l'eut employé, lui et ses Goths, pour vaincre Illus, Théodoric voulut davantage de pouvoir et, comme le rapporte Halsall, 'les Goths menacèrent Constantinople et ravagèrent les Balkans, mais ne purent prendre la capitale, tandis que Zénon, en sécurité derrière la célèbre triple enceinte de la ville, n'était pas en mesure de chasser complètement les Goths de ses territoires'. Il fallut donc trouver une solution acceptable pour les deux parties: les Ostrogoths de Théodoric devraient se rendre en Italie et en chasser le 'tyran Odoacre' (287). Théodoric rassembla alors ses forces et marcha sur l'Italie, tandis que Zénon réglait du même coup son problème Goth. La question de savoir si Odoacre allait tuer Théodoric ou si au contraire Théodoric allait déposer Odoacre ne semblait pas beaucoup inquiéter Zénon; il pourrait toujours s'occuper plus tard de celui des deux qui sortirait vainqueur de l'affrontement.

Théodoric ravagea la campagne et se heurta à une première action de résistance de la part des Gépides sur la Vuka, en 488. On ne sait pas s'ils étaient alliés à Odoacre ou s'ils protégeaient tout simplement leurs territoires d'une invasion étrangère, mais ils furent rapidement vaincus et massacrés par les forces de Théodoric. Celui-ci poursuivit son avance et affronta les troupes d'Odoacre au pont de l'Isonzo le 28 août 489. Vaincu, Odoacre se retira à Vérone, serré de près par Théodoric. Ils s'affrontèrent à nouveau le 29 Septembre 489, et Odoacre fut une nouvelle fois vaincu. Il se réfugia alors à Ravenne et s'employa à préparer les défenses de la ville, tandis que Théodoric poursuivait sa conquête du pays. Wolfram précise:

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La marche de Théodoric vers l'Italie semblait destinée à une victoire prompte et décisive. À Milan, dont Théodoric s'empara après Vérone, les dignitaires laïques et ecclésiastiques l'accueillirent en sa qualité de représentant de l'empereur. Même le commandant en chef d'Odoacre, Tufa, et une grande partie de l'armée défaite se joignirent au vainqueur (281).

Se fiant au geste de soumission et d'allégeance de Tufa, Théodoric envoya ce dernier à la tête de ses troupes d'élite à Ravenne afin de capturer Odoacre. Cependant, Tufa n'avait fait que simuler la loyauté envers le conquérant et livra les troupes de Theodoric à l'armée d'Odoacre; la force d'élite fut détruite et 'Theodoric subit sa première grave défaite sur le sol italien' (Wolfram, 281). Odoacre quitta Ravenne et porta le combat à l'ennemi qui le repoussa à plusieurs reprises. Tufa affronta le roi des Ruges Frédéric lors d'une bataille au cours de laquelle tous deux furent tués en août 491. Les hostilités se poursuivirent jusqu'au 25 février 493, date à laquelle Jean, l'évêque de Ravenne, conclut un traité par lequel Odoacre et Théodoric gouverneraient conjointement. Théodoric entra dans Ravenne le 5 mars 493 et, le 15 mars, lors d'un dîner officiel organisé pour célébrer le traité, Odoacre fut assassiné par Théodoric d'un coup d'épée. Les dernières paroles d'Odoacre furent: 'Où donc est Dieu?', ce à quoi Théodoric répondit: 'Voilà ce que tu as fait à mon peuple', en référence à la tyrannie supposée d'Odoacre et à sa destruction de la tribu des Ruges, un peuple apparenté aux Goths de Théodoric. Wolfram décrit les conséquences de la mort d'Odoacre:

La nature délibérée et méthodique de l'acte de Théodoric est clairement révélée par les événements ultérieurs: Odoacre ne fut pas autorisé à recevoir un enterrement chrétien et sa femme Sunigilda en fut réduite à mourir de faim. Hunulf, le frère d'Odoacre, se réfugia dans une église et servit de cible aux archers goths... Le jour de l'assassinat d'Odoacre, ses partisans et leurs familles furent attaqués. Partout où les Goths purent mettre la main sur eux, ils trouvèrent la mort. Au cours de l'année 493, Théodoric était devenu le maître incontesté de l'Italie (284).

Le règne d'Odoacre fut alors largement éclipsé par celui de Théodoric (qui serait connu sous le nom de Théodoric le Grand) et ses accomplissements sont aujourd'hui oubliés. Sous le règne d'Odoacre, cependant, le pays connut une période de sécurité relative au sein d'une époque extrêmement chaotique de son histoire. Il fit sortir le pays de la famine, le défendit contre les invasions étrangères et l'agrandit par des conquêtes militaires. Pendant des siècles, ses dernières paroles, 'Où donc est Dieu?', ont été interprétées par les historiens comme une remise en question de la justice de son assassinat après avoir mené une vie aussi illustre et pieuse. L'historien Will Durant a écrit: 'Il est plus facile d'expliquer la chute de Rome que la longueur de sa survie' (670). Or, c'est à Odoacre, qui a su préserver la civilisation et les valeurs romaines tout au long de son règne, que l'on doit en grande partie cette survie, dans la mesure où la culture que Rome a engendrée a pu être préservée.

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Traducteur

Yves Palisse
Linguiste passionné d'Histoire, Yves P Palisse est un traducteur indépendant possédant des années d’expérience dans les domaines de la traduction, de l’analyse des médias et du service à la clientèle. Après avoir beaucoup voyagé dans toute l'Europe, Il a fini par poser ses bagages à londres en 1999. Il a une passion pour les sciences humaines, le droit et la justice sociale.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2014, septembre 20). Odoacre [Odoacer]. (Y. Palisse, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13238/odoacre/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Odoacre." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. modifié le septembre 20, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13238/odoacre/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Odoacre." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 20 sept. 2014. Web. 08 oct. 2024.

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