Segesta

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 29 avril 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Doric Temple, Segesta (by Mark Cartwright, CC BY-NC-SA)
Temple dorique, Ségeste
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Segesta (ou Ségeste), située à l'angle nord-ouest de la Sicile, est une importante ville commerçante à partir du VIIe siècle EC. Située sur les pentes stratégiquement avantageuses du mont Barbaro, encore assez proche de la côte pour soutenir un port commercial, Segesta s'est imposée comme la ville régionale la plus importante pour les Élymes. En plein essor au Ve siècle AEC, Segesta conserva un statut important de centre commercial à l'époque hellénistique et romaine. Aujourd'hui, le site abrite deux des monuments classiques les mieux conservés au monde et sont un témoignage impressionnant de la prospérité unique de Segesta - un temple dorique du Ve siècle AEC, qui, du moins à l'extérieur, est raisonnablement intact et un théâtre tout aussi bien préservé du IIIe siècle AEC ayant une vue imprenable sur le golfe voisin de Castellamare.

Dans la mythologie

L'un des symboles souvent associés à Segesta est un chien, que l'on peut voir, par exemple, sur les pièces du IVe siècle AEC. L'animal peut se référer au mythe fondateur qui décrit un chien comme la personnification du dieu de la rivière Crinisos. C'est lui qui tomba amoureux d'une nymphe locale (Egesta), et leur descendance, Égeste, est réputé être le fondateur de la ville. Dans la mythologie romaine qui cherchait à relier Segesta à ses origines romaines anciennes, le héros de Troie Énée s'était arrêté sur la Sicile sur son chemin de retour de Troie en route pour sa destination finale, l'Italie et la fondation de Rome. Énée, puis, selon Virgile, fonde Acesta (qui deviendrait plus tard Segesta). Énée s'échappant de Troie est représenté sur des pièces de bronze de Segesta frappées sous le règne d'Auguste.

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Dans une autre version des événements mythiques entourant la fondation de la ville, le personnage principal est un certain Aceste (ou Aegesto), né en Sicile d'une mère Troyenne. Aceste retourna à Troie à l'âge adulte, mais après le saccage de la ville pendant la guerre de Troie, lui et un groupe de survivants retournèrent en Sicile. S'installant d'abord à Erice, Aceste déménagea plus tard, créant une nouvelle ville à Segesta.

Vue d'ensemble historique

Origines

Segesta était un important centre commercial de la période classique et possède l'un des temples doriques les mieux conservés de Méditerranée.

Selon Thucydides dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse (VI 2), Segesta et la voisine Eryx furent fondées par des colons Troyens qui sont venus au cours du 2ème millénaire AEC qui s'appelaient Élymes et qui parlaient leur propre langue - l'Élymien - et plus tard aussi le grec. Parmi les premiers colons possibles figurent des peuples de Ligurie dans le nord de l'Italie et des Pouilles dans le sud de la partie continentale italienne. A partir du VIIe siècle AEC, Segesta, pour utiliser son nom latin plus familier, devint une polis grecque (ou ville-État) à tous les effets et capitale politique régionale. Le commerce prospérait, l'architecture dorique de Grèce était assimilée, il y avait une armée indépendante et même un hôtel des monnaies. Un emporium sur la côte permettait le commerce et l'exportation de produits locaux tels que le vin, le maïs, la laine, les noix, le bois et les olives. Segesta n'avait pas tout ce dont elle pouvait rêver, cependant. La construction de murs de fortification suggère une menace importante de la part des ville-États ennemies et entre 580 et 576 AEC, la rivalité avec Selinunte (Selinonte) sur la côte sud de l'île se transforma en conflit ouvert.

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Apogée

Au milieu du Ve siècle avant notre ère, Segesta atteignit l'apogée de sa prospérité et de son importance. Cela mit fin aux relations amicales qui avaient finalement été établies avec Selinunte et, vers 458 AEC (date traditionnelle), et se traduisit en un traité de coopération mutuelle avec Athènes. En 416 AEC, la rivalité avec Selinus entraîna une autre guerre et Athènes fut appelée (et paya) pour fournir une aide militaire. En plus d'une incitation financière, la menace de domination de la Sicile par la polis Syracuse sur la côte est et qu'elle ne devienne un allié de Sparte encore plus puissant - l'ennemi de longue date d'Athènes - fut un autre argument utilisé pour encourager Athènes à accroître sa sphère d'influence. Au printemps 415 AEC, Athènes répondit à la requête de Segesta en envoyant le général Alcibiade et une flotte de 60 navires. Cependant, l'aide n'arriva jamais, car la flotte fut redirigée vers une guerre désastreuse directement contre Syracuse pour laquelle Segesta envoya même 300 cavaliers en soutien. Syracuse était la ville la plus puissante de Sicile et alliée de Selinunte, et c'est peut-être sa chute qui motivait vraiment l'intérêt athénien pour la Sicile. Après la défaite athénienne et comme stratégie alternative d'auto-protection, Segesta fit appel à Carthage, mais la réponse fut ambiguë - Selinunte fut saccagée en 409 AEC mais les Carthaginois, désireux de maintenir leur emprise sur le commerce méditerranéen, s'implantèrent fermement comme maîtres de la Sicile occidentale et établirent une garnison à Segesta. En 405 AEC, un traité fut signé entre Syracuse et Carthage pour diviser l'île entre ces deux partis dominants.

Temple of Segesta
Temple de Segesta
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Époques hellénistique et romaine

Les choses empirèrent pour Segesta lorsque le tyran de Syracuse Agathocle saccagea la ville en 307 AEC. Le changement de nom de la ville en Dicéopolis ne fut qu'une des vexations que la population locale dut supporter sous le joug de ce brutal leader. Le nouveau maître ne resta pas longtemps, car Carthage réaffirma rapidement le contrôle de la région. Avec la première guerre punique (264-241 AEC), Segesta se trouva mêlée une fois de plus à d'amères affaires régionales et le pouvoir changea de mains, de sorte que, dès 210 AEC, toute la Sicile devint une province des nouveaux maîtres de la Méditerranée : les Romains.

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Sous la domination romaine, Segesta jouit une fois de plus d'une période de prospérité. La ville élargit son territoire et reçut, en 225 AEC, le statut de civitas immunis et libera, ce qui entraîna une diminution des impôts et une augmentation de l'autonomie politique. Les indicateurs de ce retour aux bons temps sont le théâtre du IIe siècle AEC, l'agora, le bouleuterion (siège du conseil municipal), et les remparts de la ville. Cependant, à partir de la fin du Ier siècle AEC, la ville commença un lent déclin et se retira de la scène historique, pour être finalement abandonnée au IIe siècle EC en faveur de la voisine Segestana Aquaee.

Vestiges archéologiques

Le Temple

Situé sur une colline de 304 mètres de haut nichée entre le mont Barbaro et le massif de Pispisa, le temple du Ve siècle AEC offre une vue impressionnante sur la campagne environnante. Construit probablement vers 417 AEC sur un bâtiment culte antérieur, le temple de style dorique est presque complet dans son aspect extérieur, seul le toit en bois et en tuiles manque. Aucune structure intérieure ne survit, bien que, en fait, le temple n'ait jamais été achevé même dans les temps anciens, et les travaux intérieurs étaient encore en cours lorsque le projet fut mystérieusement abandonné. Le temple fut construit en travertin d'Alcamo et mesure environ 26 x 61 mètres. Il y a six colonnes sur chaque façade et 14 colonnes sur la longueur, toutes reposant sur une base de trois marches et demie (crepidome), et chaque colonne mesure 9,33 mètres de haut. La décoration est assurée par une alternance de triglyphes et de métopes lisses.

La raison pour laquelle un site élyme reproduisit si précisément l'architecture d'un temple dorique grec est souvent débattue parmi les experts. De même, pour savoir à quel dieu ou culte le temple était dédié. Le temple fut probablement abandonné en cours de construction lorsque Carthage prit le contrôle du territoire. Outre la cella intérieure manquante, les marches d'entrée extérieures, les cannelures de colonne et les blocs de base entre les colonnes sont également manquants. Une tombe punique du IVe siècle AEC, placée à l'intérieur du temple, indique également qu'il ne faisait plus office de lieu de culte.

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Le temple a subi une restauration moderne en utilisant des barres d'acier pour le support et des matériaux tels que des résines et du caoutchouc pour remplir les pièces manquantes. L'ensemble de la structure a également été traité avec une solution résistante à l'eau afin d'assurer sa conservation contre les éléments. Néanmoins, la structure est suffisamment intacte pour donner au visiteur une bonne idée de ce à quoi un ancien temple grec ressemblait dans son état d'origine, sans donner cependant le moindre indice quant aux coloris utilisés.

Theatre of Segesta
Théâtre de Ségeste
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Le Théâtre

Le théâtre, niché sur le versant du mont Barbaro, nous offre aujourd'hui une vue spectaculaire sur le golfe de Castellamare. Construit vers la fin du IVe au début du IIIe siècle AEC, le théâtre tel qu'on peut le voir aujourd'hui date du IIe siècle AEC. À l'origine, il avait 29 rangées de sièges (les 21 inférieurs survivent) divisés verticalement en sept sections par des marches d'accès. La capacité aurait donc été d'environ 4 000 spectateurs. Le théâtre est soutenu par une paroi de rétention construite en blocs de calcaire. L'orchestre, la scène (autrefois décorée de scènes liées au dieu pastoral Pan), et les entrées (paradoi) de chaque côté ont été perdus. Le théâtre continue d'accueillir des événements théâtraux et des pièces grecques tout au long des mois d'été.

Les fortifications

Le Mont Barbaro possédait également de vastes fortifications qui furent commencées au Ve siècle AEC et étendues au cours des siècles pour inclure onze tours carrées et jusqu'à cinq portes. Les découvertes archéologiques près des murs comprennent environ 120 missiles de catapultes en pierre. Utilisées à partir du IVe siècle AEC elles auraient été montées sur les remparts des murs. Au fil du temps, les fortifications se retirèrent plus haut sur la colline, les portes inférieures étant abandonnées, de sorte que seule la partie haute de la ville était défendable au Ier siècle EC. Ces nouvelles défenses comprenaient 13 tours (la plus haute étant de 6 mètres de haut) et deux barrières.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2014, avril 29). Segesta [Segesta]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11007/segesta/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Segesta." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 29, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11007/segesta/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Segesta." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 29 avril 2014. Web. 08 oct. 2024.

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