Nerva

Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 17 avril 2013
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Nerva (by Mary Harrsch (Photographed at the Capitoline Museum, Rome), CC BY-NC-SA)
Nerva
Mary Harrsch (Photographed at the Capitoline Museum, Rome) (CC BY-NC-SA)

Marcus Cocceius Nerva fut empereur de Rome de 96 à 98 de notre ère, et son règne apporta la stabilité après les successions turbulentes de ses prédécesseurs. En outre, Nerva contribua à jeter les bases d'un nouvel âge d'or pour Rome, que son successeur Trajan allait mener à bien.

La fin de la dynastie des Flaviens

L'assassinat de l'empereur romain Domitien (r. de 81 à 96 de notre ère) mit fin à l'éphémère dynastie des Flaviens, une dynastie commencée par son père Vespasien (r. de 69 à 79 de notre ère), durant l'année des quatre empereurs, en 69 de notre ère. Domitien n'ayant laissé aucun héritier survivant, le trône de l'empire resta vacant. Afin d'éviter d'éventuels troubles civils, la violence ou une guerre civile, une nomination temporaire ou rapide était nécessaire, au moins jusqu'à ce qu'un meilleur candidat puisse être trouvé. La réponse au problème se présenta sous la forme d'un homme déjà malade et âgé même selon les normes romaines, Nerva.

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Nerva était un candidat idéal qui présentait un contraste frappant avec son prédécesseur. Domitien n'avait pas été préparé à devenir empereur, comme l'avait été son frère aîné Titus (r. de 79 à 81 de notre ère). Cependant, la mort soudaine de Titus amena Domitien sur le trône. Bien qu'il se soit révélé un administrateur compétent, il considérait que le rôle de l'empereur était investi d'un pouvoir absolu et le Sénat fut pratiquement dépouillé de son autorité. S'il ne négligeait pas le bien-être de l'empire, il exécutait ou exilait ceux qui s'opposaient à lui. Vers la fin de son règne, après l'échec d'un complot d'assassinat, la paranoïa s'empara de l'empereur, l'amenant à s'appuyer fortement sur des informateurs. Ce comportement paranoïaque conduisit à la cruauté et aux exécutions, un véritable "règne de la terreur". Il conduisit également à sa perdition.

La nomination soudaine d'une personne sans lien avec le trône amena beaucoup de gens à se demander pourquoi le relativement obscur Nerva avait été choisi. Selon l'historien Suétone, Nerva avait "débauché" Domitien dans sa jeunesse, mais il ne s'agissait que de ragots de palais impériaux. Il y avait eu des spéculations selon lesquelles il aurait été approché par les conspirateurs de la mort de Domitien, bien qu'il y ait peu de preuves à l'appui de ces affirmations. Il est possible qu'il ait accepté le trône pour sauver sa propre vie car il risquait d'être accusé de trahison par l'ancien empereur et risquait l'exil.

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Nerva accède au pouvoir

Le nouvel empereur était né le 8 novembre 35 de notre ère dans la petite ville de Narnia en Ombrie, à 80 km au nord de Rome. Il était issu d'une famille romaine distinguée : son père était un riche avocat, son grand-père avait fait partie de l'entourage impérial au moment de la naissance de Nerva, son arrière-grand-père avait été consul en 36 av. J.-C. et sa tante était l'arrière-petite-fille de l'empereur Tibère. Il occupa un certain nombre de postes officiels sous différents empereurs des dynasties julio-claudienne et flavienne, aidant l'empereur Néron à réprimer la conspiration de Pison en 65 de notre ère (recevant des honneurs spéciaux, les ornamenta triumphalia) et servant de co-consul sous Vespasien et Domitien. En raison des pièces lyriques qu'il avait écrites, Néron le reconnut même comme le Tibulle de son époque. Sans lien de parenté avec ses prédécesseurs, ni par le mariage ni par le sang, son ascension inaugura une ère que l'historien anglais Edward Gibbons appelle "les cinq bons empereurs" : Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux et Marc Aurèle. Ce fut une période de paix et de stabilité relatives ; malheureusement, elle fut suivie d'une période d'empereurs moins forts et d'insécurité.

N'ayant aucun lien de parenté avec ses prédécesseurs, que ce soit par le mariage ou par le sang, l'ascension de Nerva marqua le début d'une ère appelée "les cinq bons empereurs".

Bien que l'armée ait été la seule à pleurer la mort de Domitien, le Sénat romain, qui s'était lassé de la tyrannie de Domitien, accueillit Nerva et le reconnut très vite comme empereur le 18 septembre 96 de notre ère ; il lui accorda même le titre de pater patriaeou "père du pays". La population sembla également lui fair bon accueil, sentant qu'elle était libérée de la dureté du règne de Domitien. Cependant, les premiers mois de son règne furent troublés : des statues de Domitien furent détruites et des arcs cérémoniels renversés. Nerva exécuta de nombreux informateurs de Domitien et accorda l'amnistie (en restituant également les biens saisis) à ceux qui avaient été exilés. Selon Dion Cassius, il "mit à mort tous les esclaves et les affranchis qui avaient conspiré contre leurs maîtres". Et, comme c'était la pratique de tous les empereurs nouvellement nommés, il promit de n'exécuter aucun sénateur. Finalement, "un sentiment d'euphorie" revint dans l'empire ; la justice avait été restaurée.

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Opposition

Si les citoyens et le Sénat accueillirent le nouvel empereur à bras ouverts, nombreux furent ceux qui choisirent de passer outre la cruauté de Domitien et qui cherchèrent à venger sa mort, en particulier l'armée (plus précisément la garde prétorienne). Il leur avait accordé la seule augmentation de salaire qu'ils avaient reçue depuis l'empereur Auguste. En 97 de notre ère, une mutinerie de la garde prétorienne se produisit sous la direction de leur commandant, Casperius Aelianus. Ils emprisonnèrent Nerva dans le palais impérial, exigeant la libération de Petronius et Parthenius, deux des hommes responsables de la mort de Domitien. Nerva résista, offrant son propre cou à trancher, mais ce geste fut ignoré, et les conspirateurs furent saisis et exécutés - Petronius fut tué d'un seul coup d'épée tandis que Parthenius eut la gorge tranchée après que ses organes génitaux aient été coupés et mis dans sa bouche. Bien qu'indemne, l'incident non seulement porta atteinte à l'autorité de Nerva - on ne peut gouverner sans le soutien de l'armée - mais le laissa visiblement ébranlé (il aurait même songé à abdiquer), l'amenant à s'interroger non seulement sur sa propre mort éventuelle mais aussi sur le choix de son successeur.

Roman Emperor Nerva
Empereur romain Nerva
Carole Raddato (CC BY-SA)

Sans héritier (il n'y a aucune preuve qu'il se soit marié), il réalisa que sa seule option était l'adoption, et il choisit comme "fils" Marcus Ulpius Traianus, Trajan (r. de 98 à 117 de notre ère), le gouverneur de la Germanie supérieure. L'adoption eut lieu lors d'une cérémonie publique en octobre 97 de notre ère (Trajan n'était pas présent). Il faut noter que c'est Nerva qui l'avait nommé gouverneur de la Germanie supérieure. Comme Nerva connaissait mal les affaires étrangères et manquait d'expérience militaire, la nomination de Trajan fut faite non seulement pour lui donner un héritier mais aussi pour sécuriser les provinces du nord.

Héritage

L'expérience politique limitée de Nerva démontra à son entourage qu'il manquait d'esprit de décision et d'originalité. Pourtant, malgré son règne relativement court de seize mois seulement et sa tendance à consulter le Sénat pour toutes les décisions politiques, il fit beaucoup pour stabiliser l'empire. Il consacra un nouveau forum qui avait été commencé par Domitien - nommé en son honneur, Forum Nervae. Bien que certains prétendent que ses réformes ne visaient qu'à gagner en popularité, il répara les routes et les aqueducs, construisit des greniers, répara le Colisée après la crue du Tibre, attribua des terres aux pauvres, assouplit l'impôt juif promulgué par Vespasien, ordonna une réduction du nombre de jeux publics et resserra les cordons de la bourse - ce dernier point étant une tentative d'équilibrer le budget.

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Nerva est loin d'avoir été un empereur typique. Il délaissa le palais impérial et choisit de vivre dans l'ancienne résidence de Vespasien. Son adoption de Trajan lui permit de vivre le reste de sa vie en paix. Il aurait déclaré : "Je n'ai rien fait qui puisse m'empêcher de déposer la charge impériale et de retourner à la vie privée en toute sécurité." Le 28 janvier 98 de notre ère, Nerva mourut et, sur ordre de Trajan, fut enterré dans le mausolée d'Auguste ; une éclipse de soleil apparut le jour de ses funérailles. Son ascension au trône et l'adoption de Trajan initièrent toute une série de successeurs adoptifs et Trajan ferait régner un âge d'or dans tout l'empire.

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Bibliographie

  • Cassius Dio. Roman History.
  • Cook, S. A. ed. The Cambridge Ancient History. Cambridge University Press, 1969
  • Grainger, J.D. Nerva and the Roman Succession Crisis of AD 96 - 99. Rutledge, 2003
  • Hill, D. Ancient Rome: From the Republic to the Empire. Parragon Books, 2007
  • Suetonius. The Twelve Caesars.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant d’histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2013, avril 17). Nerva [Nerva]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10438/nerva/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Nerva." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 17, 2013. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10438/nerva/.

Style MLA

Wasson, Donald L.. "Nerva." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 17 avril 2013. Web. 14 oct. 2024.

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